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Fusion Renault-FCA - Jean-Dominique Senard : docteur sympa et mister stratège

Dans Economie / Politique / Personnalités

Michel Holtz

En négociant en secret une fusion possible avec FCA (Fiat-Chrysler Automobiles), le nouveau P.-D.G. de Renault a changé son image. Le patron social réputé, et qui a transformé la maison Michelin en une entreprise où il fait (enfin) bon travailler, s’est révélé rusé et stratège.

Fusion Renault-FCA - Jean-Dominique Senard : docteur sympa et mister stratège

Voilà plus d’une semaine que le feuilleton Renault-FCA tient en haleine le landerneau économico-automobilistique. Impossible de spoiler la fin de la série, puisqu’on en ignore le dénouement, mais on dispose néanmoins de plusieurs éléments de scénario qui présagent de quelques intenses rebondissements et relèguent Game Of Throne au rayon des aimables comédies de boulevard. Car ce qui se trame ces temps-ci entre Detroit, Turin, Boulogne-Billancourt et Tokyo est une énorme partie de poker dont Caradisiac vous narre chaque épisode.

Comme tous les feuilletons, celui-ci a ses héros, gentils ou méchants (en n’excluant jamais que les premiers se transforment rapidement en seconds). Ils s’appellent Carlos Ghosn, mis à l’écart dès le premier épisode, Hiroto Saikawa, qui tient le rôle difficile du vizir devenu calife de Nissan, John Elkann, successeur de Sergio Marchionne à la tête de FCA et surtout, le héros du jour, Jean-Dominique Senard, patron de Renault à la place du patron depuis sa retraite forcée.

L’image d’un patron sympa

Tout le monde s'est penché sur le CV de l’homme lors de sa nomination au mois de janvier dernier. Et tout le monde de se demander, à ce moment–là, si l’ex-boss de Michelin avait la carrure de puncheur pour s’opposer à l’hostilité de la direction de Nissan envers tout ce qui a un accent français en général, et tout ce qui réclame la fusion des deux constructeurs en un seul groupe en particulier.

Les analystes de tout poil, y compris nous-mêmes, ont donc perçu la nomination de Senard comme une volonté du conseil d’administration du losange de vouloir apaiser les troupes, de rétablir une paix sociale éprouvée par les frasques de son ex-PDG, pas vraiment l’homme le plus aimé en interne. Le patron de Michelin a su transformer le Bibendum en une entreprise où il fait plutôt bon vivre et travailler, ce qui, chez le géant de Clermont-Ferrand, a constitué une petite révolution. Il a donc été accueilli par les personnels de Renault et leurs syndicats avec des couronnes de fleurs.

Docteur Jean-Dominique et Mister Senard

Mais on ne le voyait pas vraiment en négociateur capable d’abattre ses cartes au dernier moment devant des adversaires médusés. C’est pourtant ce que Jean-Dominique Senard a fait devant le conseil d’administration de Nissan la semaine passée. Ce qui a valu ce énième détournement d’une photo mille fois utilisée sur tous les réseaux sociaux mondiaux en pleine page du New York Times.

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Fusion Renault-FCA - Jean-Dominique Senard : docteur sympa et mister stratège

Ainsi donc, si l’on suit le quotidien américain et son illustration, l’homme n’aurait plus d’yeux que pour FCA au détriment de Nissan. Et l'on imagine aisément, et fictivement, le scénario dialogué et croustillant du déroulement de la fameuse réunion tokyoïte.

Hiroto Saikawa : nous vous le répétons, Monsieur Senard : la fusion ne nous intéresse pas et nous souhaitons une alliance allégée privilégiant nos propres intérêts.

Jean-Dominique Senard : Une alliance allégée ? Comme vous y allez. Moi je vous propose au contraire une alliance renforcée ou, au choix, une fusion. Je connais vos difficultés et votre mauvais bilan 2018 et c’est la seule manière de vous en sortir. C’est à prendre ou à laisser. Et si vous laissez, je me marie avec FCA et deviens, de facto, le troisième constructeur mondial, sans vous. Advienne que pourra.

Hiroto Saikawa : gloups.

Évidemment, le communiqué livré à la fin de cette rencontre au sommet est un poil plus circonspect et évoque une « discussion franche et transparente », des termes diplomatiques que l’on pourrait traduire par ceux, plus sportifs, de « discussion virile mais correcte » et si des coups ont été échangés, ils n’ont été que psychologiques, pendant qu’un ange affichant la baisse de 57 % du bénéfice de Nissan pour l’exercice 2018 survolait la salle de réunion.

John Elkann, P.-D.G. de FCA (Fiat Chrysler Automobiles).
John Elkann, P.-D.G. de FCA (Fiat Chrysler Automobiles).

En fait, il semblerait que les cadres du siège de Renault tout comme la direction de Nissan ont été avertis très tard de ce qui se tramait entre Jean-Dominique Senard et John Elkann. Ils ont peut-être négligé, comme nous l’avons fait, la roublardise de l’ex-patron de Michelin qui aurait rencontré, de manière fort discrète, le président de FCA à plusieurs reprises, et même avant sa prise de poste officielle. Des rencontres qui se seraient déroulées le week-end au nez et à la barbe de l’allié de l’Alliance et dont seul le gouvernement français (premier actionnaire de Renault) était au parfum. Voilà donc que le gentil patron social se révèle aussi un fin bretteur.

Un gigantesque coup de bluff ?

Reste que cette volte-face, qui pousse le puissant Japonais à prendre une décision rapide sur le futur de l’Alliance, n’est peut-être qu’un énorme coup de bluff. Car pour le moment, le deal que propose FCA (une fusion 50/50) semble totalement disproportionné en raison de la pauvreté de la dot apportée par la future mariée italo-américaine. Autant de problèmes évoqués par Florent Ferrière. Mais quel que soit l’avenir de ce mariage qui n’en est encore qu’au premier flirt, le nouveau P.-D.G. de Renault a frappé un grand coup en abattant une première carte à Tokyo. Une manière de montrer qu’il était le véritable boss de Renault, et pas seulement le patron sympa du losange.

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