Bien avant la Panamera, Porsche s’est essayé avec la 928 à la grosse GT, à V8 avant. La 928, c’est l’autre Porsche culte, bien que toujours restée dans l’ombre de la mythique 911. Pourtant, outre une ligne d’une incroyable modernité qui date de… 1977, cette 2+2 était bien supérieure en efficacité et en confort. Un concentré high-tech qui a pour aboutissement la GTS, commercialisée durant 5 petites années seulement…


Repères

Production :

1991 – 1996

Puissance : 350 ch

Cote 2012 : à partir de 11 000 €

Autres temps, autres mœurs : en 1977, date de son lancement, la Porsche 928 fut élue « voiture de l’année » ! Cela peut paraître incroyable à notre époque où les rejets de CO2 sont devenus le seul critère déterminant. Pourtant, imaginez en 1977 le choc que devait provoquer l’apparition d’une 928. Avant-gardiste avec ses boucliers peints couleur carrosserie (une première mondiale qui a fait depuis largement école !), la 928 ne ressemble à rien de connu. L’inclassable 928 innove aussi en adoptant un ensemble moteur-boîte/pont Transaxale, ou encore un pont arrière à cinématique active Weissach, gage d’équilibre et d’une tenue de route sans faille. Avec cette ambitieuse GT à moteur avant, Porsche tente d’éclipser une certaine 911, de plus en plus encombrante (et vieillissante !). Bien plus élitiste et inspirée que les « petites » 924 (puis 944 et 968), la 928 reçoit un inédit V8 4.5 tout alu développant initialement… 240 ch. Une puissance paraissant modeste aujourd’hui, mais qui posait son homme à l’époque. Mais la 928 va, comme les grands crus, se bonifier au fil des ans, avec pour aboutissement le lancement de la GTS fin 1991. Cette fois, le V8 32 soupapes est porté à 5.4 litres pour 350 ch. Le design intemporel de la 928 retrouve un coup de jeune grâce à quelques améliorations esthétiques. Ainsi, l’adoption de roues en alliage de 17 pouces oblige Porsche à muscler les passages de roues. Un bandeau translucide fait aussi son apparition entre des feux arrière plus imposants, surmontés d’un aileron peint couleur carrosserie, tandis que les rétroviseurs sont profilés, façon 911 Turbo. La 928 GTS terminera sa carrière sous cette forme, en 1996. Il est grand temps de réhabiliter cette auto encore boudée par les puristes !


Sur la route

Pour être honnête, c’est avec une certaine déception que l’on se glisse à bord de cette GT de rêve. Si la position de conduite et la dotation de série, très complète (même si les options étaient déjà nombreuses !), restent d’actualité, force est de constater que cet ensemble a mal vieilli. Les matériaux employés, essentiellement des plastiques rigides, sont de qualité médiocre, et les assemblages restent perfectibles (bruits parasites). Quant à l’ambiance à bord, elle est franchement austère… Autre grief : ce V8, bien que performant, distille une sonorité quelconque, presque effacée. Dommage pour les mélomanes… Pourtant, sur route, la GTS reste une formidable machine à voyager… vite (275 km/h !).


Porsche 928 GTS : Porsche Airlines

Outre un confort toujours appréciable, elle bénéficie d’une position de conduite parfaite, en tout cas bien meilleure qu’à bord d’une 911 de l’époque. Impériale sur la file de gauche d’une voie rapide, la 928 continue de forcer le respect lorsque la route se fait plus difficile. Efficace et équilibrée, cette propulsion bénéficie d’une direction précise et directe, et d’un freinage endurant, plein de mordant. Des qualités routières indéniables, encore très flatteuses, donnant l’envie légitime de posséder cette Porsche « différente ». Il faudra juste veiller à éviter les (nombreux !) exemplaires équipés d’une boîte automatique (à 4 rapports), celle-ci étant dépassée au niveau de sa gestion. Pour sublimer l’agrément de conduite, une 928 GTS doit s’envisager avec la boîte mécanique, bien plus convaincante !


A vérifier avant d’acheter


Bien que réputé fiable (certaines GTS affichent plus de 300 000 km !), le V8 réclame un entretien suivi (vidange tous les 20 000 km) chez des spécialistes. Fuyez les modèles sans carnet d’entretien (et dépourvus de factures !), et assurez-vous que la maintenance préconisée par Porsche est bien à jour. La distribution, assurée par courroie, doit être faite tous les 100 000 km ou 3 ans maximum (et procédez à un contrôle de la tension au bout de 3/4 000 km). A l’approche des 200 000 km, le remplacement de la pompe à eau, mais aussi des pignons d’arbres à cames et de vilebrequin, sans oublier le galet tendeur, devient incontournable (gros frais à prévoir !). Aussi, ce moteur a tendance à « boire de l’huile » (bloc-cylindres en Nikasil), en particulier au-delà de 200 km/h (consommation de l’ordre de 1,5 litre/1 000 km). Un phénomène pouvant représenter jusqu’à 10 % de la consommation d’essence lorsque le moteur est en pleine charge (conso de 27 l/100 km dans ces conditions extrêmes !). Le boîtier d’injection électronique rend généralement l’âme au bout d’une dizaine d’années. Autre point à vérifier : les trains roulants (l’auto est lourde !), en particuliers les amortisseurs, les cardans, les silentblocs (avant notamment), pièces assez chères à remplacer. La direction assistée souffre aussi en cas de conduite sportive répétée (nombreux cas de fuite d’huile signalés : vérifiez le niveau !). Enfin, les modèles exposés à l’humidité peuvent connaître des soucis d’ordre électrique : il y a 45 fusibles à bord et plus d’une vingtaine de relais !


Porsche 928 GTS : Porsche Airlines


Notre version préférée


Durant sa brève carrière (5 ans), la 928 GTS a connu peu de changements. Mais plus le modèle est récent, plus il est fiable et bien équipé. Déjà, en 1992, la GTS adopte de série un double airbag, ce qui a pour effet de modifier l’emplacement de la boîte à gants. La dotation de série, pléthorique, comprend un siège conducteur électrique en cuir à mémoires, l’ABS, une clim auto avec boîte à gants réfrigérée, un ordinateur de bord ou un contrôle de la pression des pneus. Mais des options, déjà fort nombreuses au catalogue, peuvent faire la différence entre deux exemplaires similaires (toit ouvrant, intérieur tout cuir, pont autobloquant à 40 %...), ce qui peut faire varier les prix. A noter : sur la demande de Sonauto (l’importateur français à l’époque), une série spéciale « P.Morabito » avait été créée en 1994 (avec sellerie cuir spécifique et une ligne de bagages).

Quoi qu’il en soit, visez si possible une GTS équipée de la rare boîte mécanique (moins de 300 exemplaires sur une production totale de 2 710 !), plus agréable et sportive à l’usage que la boîte automatique. Après, seul l’état général et l’historique du modèle doivent primer. Plus il est « propre » et frais, mieux c’est, car la 928 GTS est une incroyable usine à gaz qui ne supporte pas la moindre négligence.



Porsche 928 GTS : Porsche Airlines

Fiche technique : Porsche 928 GTS


Moteur

8 cylindres en V, 32 soupapes

Cylindrée (cm3)

5397

Couple maxi (Nm à tr/mn)

51,0 mkg à 4250 tr/mn

Puissance maxi (ch à tr/mn)

350ch à 5700 tr/mn

Alimentation

Injection électronique

Alésage x course (mm)

100 x 85,9

Transmission

Aux roues arrière, boîte de vitesses automatique à 4 rapports ou bvm5

Freinage AV/AR

4 disques ventilés, ABS

Dimensions (L x l x h en m)

4,52 x 1,89 x 1,28

Poids à vide (kg)

1640

Pneumatiques (AV-AR)

225/45 ZR 17 (AV) – 225/40 ZR 17 (AR)

Réservoir

86 litres

Vitesse maxi (km/h)

275



On aime


  • Ligne intemporelle
  • Comportement rigoureux
  • Confort de haut niveau
  • Dotation riche
  • Performances


On aime moins


  • Entretien scrupuleux et onéreux
  • Consommation décourageante
  • Rare en parfait état
  • Image encore floue
  • V8 peu démonstratif


Avant-gardiste, la GTS représente l’aboutissement en beauté de la lignée 928. Nul doute qu’avec les tout premiers millésimes déjà recherchés par les puristes (1977 à 1979), la GTS figure également en bonne place sur la liste des collectionneurs avertis. D’ailleurs, un signe ne trompe pas : les beaux exemplaires, équipés en particulier de la boîte mécanique, connaissent un regain d’intérêt, au point de prétendre à plus de 25 000 €. Certes, c’est une somme, mais ce monstre de technologie est encore largement sous-coté… donc, c’est le moment d’acheter !






Vous pouvez lire les articles des précédents collector



Aston Martin DB9

La DB9 creuse le sillon tracé par la DB7, née sous la tutelle de Ford. Elle reste fidèle à ce style élégant et vintage qui évoque la DB5, avec ces phares carénés sous des bulles et ces ouïes caractéristiques creusées dans les flancs. Dessinée de main de maître par Henrik Fisker, la belle anglaise fait tout dans la nuance.






Renault Avantime

Il n’y a pas si longtemps, Renault était un « créateur d’automobiles » qui se risquait à défricher de nouveaux segments. Le singulier « coupé-space » Avantime, concept toujours unique à ce jour, en est le meilleur exemple. Dommage que la clientèle l’ait boudé : l’Avantime a disparu avant l’heure…








Mercedes SLK

Le Mercedes SLK (c’est un garçon !), a remis au goût du jour le système du toit en dur rétractable. En passant en un clic de coupé à cabriolet, ce premier SLK sait ainsi jouer au transformiste, mais aussi en passant des sages 4 cylindres aux suaves V6, ce qui change radicalement la conduite...