Bagarre de couple


Le V6 3.0 diesel est celui de l’Alliance mais assaisonné à la sauce Infiniti. Le bloc moteur, le vilebrequin, le collecteur d’admission, le système d’injection de carburant, la recirculation des gaz d’échappement, le turbocompresseur, le carter d’huile et le collecteur de catalyseur sont spécifiques à la marque. Avec 238 ch à 3750 tr/mn et surtout 550 Nm de couple à 1750 tr/mn, ce V6 3.0l V9X se situe dans le haut du panier des leaders. BMW 530d (245 ch et 540 Nm), Mercedes E300 CDI (231 ch et 540 Nm), Jaguar XF 3.0d (240 à 275 ch et 500 Nm) ou Audi A6 3.0 TDi (240 ch et 450 Nm), aucune ne fait plier la japonaise qui dispose d’une valeur de couple qui va dicter son caractère.


Essai - Infiniti M30d : grandeur et cohérence

Par rapport à une M37S de 320 ch, la M30d qui pèse tout de même 130 kg de plus (1845 contre 1715 kg) parvient à accélérer de 0 à 100 km/h en 6.9s, ça n’en fait pas la reine du segment mais ça lui permet de garder la tête haute face aux 6.2s de la M37. Au volant, l’impression fait mentir les chiffres et la vigueur de la mise en vitesse que l’on doit au couple important dépasse largement celle de la M37S qui s’exprime de façon linéaire plus haut dans les tours. Un tel vaisseau réclame par nature de la force à bas régime pour être capable de se mouvoir avec facilité, c’est ce que lui offre ce V6 qui va vous faire aimer la vie en couple. Sur route, sans être ahurissante, la façon de s’exprimer de la M30d  se révèle plus cohérente avec ce que l’on imagine être une utilisation classique d’une berline de luxe spacieuse. Une M37S ne peut rivaliser sur le plan de l'onctuosité.


Notez que si la consommation extra-urbaine théorique de 5.9l /100km (7.5l en conso mixte) vous autorise 1300 km d’autonomie grâce au réservoir de 80l, dans la réalité, en utilisant tout le potentiel de ce moteur vigoureux, votre consommation tournera plus facilement autour de 12l/100 km.



M en route


Essai - Infiniti M30d : grandeur et cohérence

La M30d possède les mêmes spécifications suspensions que la 37 et seules les versions ‘S’ disposent d’amortisseurs à double piston contenant un peu mieux encore la prise de roulis. De plus, les jantes et pneus 20’’ (contre 18’’ pour les autres) apportent un guidage plus réactif que l’on paye légèrement en confort de roulage. Dans l’ensemble, la M est bien équilibrée avec son moteur central avant et même si ses plus de 1800 kg et sa répartition des masses modifiée (de 54/46 sur la M37 à 56/44 sur la M30d) se font ressentir en faisant intervenir l’ESP à la moindre inscription un peu brutale lorsqu’on cherche à hausser le rythme, la rigueur du comportement est réelle. L’auto est tenue, le train avant ne s’évanouit pas dans un sous-virage castrateur et il est possible de maintenir un rythme soutenu pour peu qu’il reste coulé mais on se gardera d’employer le qualificatif sportif que le marketing utilise abondamment. C’est dynamique, rigoureux mais pas vraiment aiguisé à l’image de la transmission automatique ASC dont le plus grand mérite est d’arriver à se faire oublier en conduite normale. Par contre, ne cherchez pas la sportivité en elle à moins d'estimer que la présence de palettes derrière le volant (au toucher très GT-R !) suffit à la qualifier de sportive …

L’apport des 4 roues directrices 4WAS sur les versions S ajoute à la maniabilité et au grip en courbe mais là aussi, efficacité ne rime pas vraiment avec sport. Et ce d’autant plus que le toucher de direction n’est pas optimum. Au volant, en conduite dynamique, le ressenti filtré manque de naturel et on perçoit les modifications d’assistance de la direction assistée progressive, à moins que ce soit l’intervention de l’ESP à assistance dynamique en virage qui cherche à optimiser la stabilité de l’auto en courbe en agissant sur les freins et même sur le couple délivré aux roues arrière. Difficile de rester naturel avec autant d’assistance, c’est pourtant là que se joue le sentiment de sportivité d’une auto.


Essai - Infiniti M30d : grandeur et cohérence


Pour une conduite sereine, apprenez tout de suite à désactiver l'Eco Pedal

L’Infiniti Drive propose au conducteur de choisir entre 4 modes de conduite : Standard, Eco, Sport et Neige. L’écart entre Standard et Sport n’est pas énorme, le système semble éviter de choisir et on arrive au bout du compte à trouver le premier un peu trop ferme sur  routes dégradées (fréquentes autour de Rome) et le second, guère différent du mode de base. Précisons que le compromis des réglages de suspensions n’est pas critiquable tant on sent qu’il est pensé pour l’Europe. La M offre un confort très honnête tout en sachant rester digne et efficace lorsque le rythme s’accélère, mais quitte à proposer plusieurs modes adaptés au type de conduite ou aux conditions de route, il serait préférable de marquer un peu plus la différence entre Standard et Sport afin de réellement personnaliser sa voiture : mieux vaudrait proposer un mode « papy aux lombaires fragiles » et un autre « jeune dynamique ayant emprunté la voiture à papa » bien distincts. Autre parenthèse, pour une conduite sereine, oubliez le mode Eco et surtout apprenez dès le départ à désactiver l’Eco Pedal intrusive plus démagogique que pédagogique. Je veux bien que pour certains, avoir un écologiste sous le pied droit donne des envies malsaines d'écraser encore plus fort, mais d'un point de vue purement pratique, avoir l'impression que sa balle de golf a roulé sous la pédale d'accélérateur peut engendrer des réactions inopportunes voire dangereuses …


En ce qui concerne le silence de fonctionnement de ce V6 de la famille V9X, certains confrères le trouvent plus bruyant et moins mélodieux que ceux de la concurrence, pour ma part, la qualité de la sono est telle (tout comme le système de contrôle actif du bruit) que dans l’habitacle, vous vous laissez bercer dans une atmosphère ouatée et luxueuse extrêmement agréable. La berline M n’incite pas à l’attaque, c’est un constat et ça n’est pas forcément péjoratif. D’ailleurs, les ingénieurs nippons en étaient vraisemblablement conscients tant ils ont bardé leur auto d’une quantité impressionnante d’assistances à la conduite et de sécurités en tout genre. Si, dans une M, tout pousse à laisser son esprit vagabonder, les béquilles électroniques sont là pour vous remettre sur le droit chemin. Littéralement !


Anges gardiens


Les assistances veillent sur vous … et vous surveillent

Ce qui caractérise la conduite de l’Infiniti M, et probablement ce qui explique aussi le manque de naturel de son comportement, ce sont les assistances innombrables qui veillent sur vous (et qui vous surveillent). Un bouton sur le volant vous permet d’activer ce qu’Infiniti appelle le « Bouclier de sécurité dynamique ». Ce « pack » comprend un système de surveillance de l’angle mort avec intervention de l’ESP qui peut vous remettre sur votre voie si vous n’avez pas réagi aux alarmes visuelles et sonores, une assistance au contrôle de distance plus une alerte anticollision qui freine la voiture si vous vous rapprochez trop de l’auto devant vous, un système d’alerte et de prévention de dépassement de voie à direction active (l’auto revient toute seule sur sa voie), l’assistance intelligente du freinage, bref, une batterie d’anges gardiens qu’il faudra subir longtemps en attendant le moment  qui peut ne jamais venir où ils seront utiles. C’est bluffant d’efficacité mais ça vous renvoie une image de votre conduite pas forcément valorisante. Suis-je si mauvais ?


Reste que l’on apprécie la possibilité de désactiver les alarmes sonores, ce qui tend à prouver que de vrais essayeurs ont mis au point l’auto (dans les bouchons, on a droit à un concert d’alarmes pénibles). Sans pour autant renier ces aides toujours utiles, on remarque qu’elles laissent encore au conducteur, et donc à l’homme, le choix de les utiliser mais également d’avoir le dernier mot sur l’attitude à avoir. Ainsi, dès qu’un mouvement au volant ou sur les pédales est détecté, les systèmes redonnent la main au conducteur qui est libre alors de s’entêter dans sa bêtise s’il le souhaite. En laissant la responsabilité de ses actes au conducteur, l’Infiniti M ne bascule pas dans le trop assisté, c’est une bonne chose.


Essai - Infiniti M30d : grandeur et cohérence


Pour l’avoir utilisé, le système multimédia Connectivi+ qui comprend un GPS très complet (points d’intérêt Guide Michelin vert et rouge inclus) à reconnaissance vocale offre toutes les connexions possibles mais on notera surtout une propension du système de navigation à annoncer les directions à prendre avec un peu de retard, forçant le conducteur à quelques changements brutaux de direction. Pas zen pour une auto par ailleurs totalement zenifiante !