Épisodes précédents :

Lotus Elise S au quotidien : jour 1, la découverte

Lotus Elise S au quotidien : jour 2, dans le trafic urbain

Lotus Elise S au quotidien : jour 3, avec 536 km d'autoroute A6 à avaler sous la pluie

Lotus Elise S au quotidien : jour 4, sur le circuit de Pouilly-en-Auxois

A quelques heures de devoir rendre à contre-cœur les clés de la Lotus, j'avais un dernier profil de route à essayer en guise de baroud d'honneur : la départementale. Nous avons vu cette semaine que l'Elise s'affranchissait avec les félicitations du jury des épreuves que nous lui soumettions et aurait même été proche du sans-faute si ses sièges avaient été à la fois un peu plus confortables et avec un maintien supérieur. Sans surprise, c'est hier, au circuit de Pouilly-en-Auxois qu'elle semblait le plus à l'aise. Mais faut-il absolument l'emmener sur piste pour pouvoir vraiment l'apprécier ? C'est ce que je vais déterminer aujourd'hui en me dégotant une petite route toute en lacet à travers la forêt au fin fond de la Seine-et-Marne.

Lotus Elise S au quotidien : jour 5, la départementale, son vrai territoire

Lotus Elise S au quotidien : jour 5, la départementale, son vrai territoire

 

Mais avant d'y parvenir, enfer et damnation, c'est l'incident ! Ils m'avaient bien prévenu chez Marcassus Sport que la plaque d'immatriculation à l'avant avait été fixée trop bas et, je le jure, pendant ces quelques jours j'ai toujours pris soin d'aborder de biais pans inclinés et autres ralentisseurs. Mais je me suis laissé surprendre par celui-ci. Crac, le rectangle de plexiglas teinte sur le bitume et une goutte de sueur glisse déjà le long de ma tempe. Heureusement, les rivets ont fait office de fusible et le support comme le pare-chocs sont indemnes, je peux à nouveau respirer. Cependant, à des dizaines de kilomètres du premier garage et avec une vidéo à tourner, cela signifie que je vais devoir rouler une bonne partie de la journée sans plaque avant. L'expérience Lotus Elise S est décidément pleine de surprises.

Lotus Elise S au quotidien : jour 5, la départementale, son vrai territoire

Cette péripétie est oubliée à la première épingle. C'est sans aucun doute ici, sur une départementale, que la Lotus prend tout son sens et que l'ensemble de ses spécificités et réglages tombe dans les bonnes cases. La souplesse des suspensions, pourtant les Bilstein du Sport Pack, qui pouvait paraître excessive hier sur la piste de Pouilly, est en fait parfaitement calibrée pour digérer sans même sourciller les changements de tarmac, les bas-côtés affaissés et les nids de poule sans perturber l'équilibre de la voiture et permettent de sentir la route sans la subir. La direction, probablement la meilleure que j'aie pu avoir entre les mains, permet de garder un rythme soutenu tout en se maintenant sans peine sur sa propre voie par sa précision au dessus de tout soupçon. Le couple du moteur à bas régime permet d'arriver à vitesse optimale dans les virages aux sorties en aveugle et d'accélérer progressivement au fur et à mesure que la visibilité augmente sans avoir à tomber un rapport en pleine courbe. En cas de danger, les freins agissent comme le bouton pause d'une vidéo, sans déhanchement scabreux même en appui. Les aides à la conduite sur routes ouvertes, bouton Sport enclenché ou non, ont le bon goût de rester discrètes et de ne pas venir perturber la pureté des sensations de pilotage que l'Elise délivre, aussi organique qu'une Nissan GT-R est numérique. Toutes les commandes, pédales, volant et changement de vitesses, ont le poids parfait pour être manipulées avec précision sans céder à une dureté excessive.

Toutes les preuves sont là : nous sommes vraiment sur le territoire de la Lotus Elise S, perdus dans la nature à des kilomètres des premières habitations. Et des radars. C'est une sportive à l'ancienne, développée sur les B-roads britanniques et non au Nürburgring, épidémie touchant la majorité de ses consœurs dont le symptôme principal est une fermeté sans compromis.

Lotus Elise S au quotidien : jour 5, la départementale, son vrai territoire

A près de 50 000 €, la Lotus Elise S est un jouet très cher mais qui peut s’accommoder de la vie quotidienne pour peu qu'on ne coche pas la case du Pack Sport et ses sièges inconfortables, et peut-être en optant aussi pour une teinte un peu moins flashy afin de ne pas heurter la sensibilité exacerbée de nos concitoyens (Motorsport Black pour moi, s'il vous plaît). Certes, à ce tarif, on est proche d'une BMW Z4 35i (51 300 €) ou d'une Porsche Boxster (50 374 €), toutes les deux plus puissantes et plus confortables, mais si c'est le plaisir de conduite dans sa forme la plus pure que vous recherchez, l'anglaise l'emporte haut la main.

Et en restant sur le sujet du tarif, son poids plume et sa puissance somme toute raisonnable font qu'elle est économe en consommables (freins et pneus notamment) ainsi qu'en carburant. Après 758 km à son volant, ma consommation moyenne s'est ainsi établie à 9,4 l/100 km, circuit compris. Et avec seulement 200€ de malus, elle est probablement l'engin thermique à quatre roues le plus propre pour abattre le 0 à 100 km/h en moins de 5 secondes.

Un grand remerciement à Marcassus Sport, distributeur officiel Morgan, Lotus, Caterham, AC et Mastretta pour le prêt de cette Lotus Elise S

Et aussi au Speedy situé Rue de l'Abreuvoir à Meaux pour avoir gentiment refixé la plaque d'immatriculation.

Twitter : @ PierreDdeG