Un châssis en aluminium, une carrosserie en fibre et un moteur à compresseur en position centrale arrière, la Lotus Elise S a tout d'une supercar miniature. Mais peut-elle affronter la vie quotidienne constituée de bouchons et d'autoroute avec la même maestria que les petites routes et le circuit ? C'est ce que nous avons voulu savoir en l'essayant pendant une semaine.

Épisode précédent :
Lotus Elise S au quotidien : jour 1, la découverte
Commençons tout de suite par l'épreuve qui, j'imagine, sera probablement la plus difficile de la semaine : la Lotus Elise S face à la ville. Pourtant, pour l'instant et contre toute attente, l'expérience est des plus agréables : la chance veut que cette journée soit bénie du temps le moins automnal de ce mois de juin 2013, la température est douce, une brise balaie ce qui me reste de cheveux et je roule le coude à la portière, à 50 km/h en sixième, au couple, le long des grandes avenues parisiennes.
Évidemment, à la lecture de la fiche technique, l'absence de direction assistée même en option associée à un diamètre de braquage (pas si mauvais) de 10,9 mètres et un petit volant pourra faire frémir les conducteurs « vingtenaires » n'ayant pas fait leurs armes (et leurs bras) sur une Renault Clio 1 1,9d. Mais dans la réalité, avec aucun poids sur l'avant et des pneus en 175, on les oublie très vite en manœuvres même à l'arrêt, ce qui n'est pas le cas dans une Smart ForTwo par exemple.
Pour continuer sur le sujet du créneau, l'épaisseur des pontons donne l'illusion que l'Elise est beaucoup plus large qu'elle ne l'est (1m72), une impression confortée par les tout petits rétroviseurs extérieurs et l'intérieur ne laissant aucun point de vue sur ce qu'il se passe immédiatement derrière la voiture. Mais en n'hésitant pas à tordre un peu le cou (surtout pour combler l'immense angle mort à droite) et une fois le gabarit compact dans l’œil, ce n'est plus qu'un vilain souvenir. Et croyez-moi, le tournage d'une vidéo en plein Paris est un cours accéléré de manœuvres. Une fois familiarisé donc, on se faufile sans peine dans la jungle urbaine, même s'il ne faut pas oublier que le toit se trouve au niveau du rétroviseur du premier monospace venu et qu'il faut toujours s'assurer qu'on a remarqué votre présence. La peinture jaune aide bien, dans ce domaine.
Et dans les bouchons ? L'embrayage est certes plus ferme que la normale mais sans pour autant tomber dans le dur, pas de crampes de mollet à prévoir, et il y a même un repose-pied dont l'absence était un vrai calvaire dans la Caterham, tout comme le changement de vitesse qui nécessitait une poigne de fer. Ici c'est un vrai régal de jouer de la boîte, surtout avec ce délicieux bruit métallique saluant chaque nouveau rapport.
La mécanique volontaire à bas régimes et l'adhérence totale au démarrage en font en tout cas une arme de destruction massive au feu vert, laissant sur place même les scooters. Histoire de chipoter tout de même un peu, j'ai pu observer une certaine saturation des suspensions sur les pavés saluée par les vibrations sonores de la carrosserie en fibre.
Pas de contre-indication à la pratique de la Lotus Elise S en ville. En tout cas d'un point de vue mécanique. Par contre, il faut l'assumer, la petite anglaise. Est-ce le modèle, la couleur, la conjoncture économique ou une certaine montée de l'autophobie en France, je n'en sais rien, mais elle attire énormément l'attention et bien souvent pas la meilleure. Il y a bien sûr tous ces plus ou moins jeunes enfants à la mâchoire pendante dont les yeux s'illuminent quand on leur propose d'être pris en photo à son volant, cette quarantenaire distinguée qui quémande avec force clins d’œil un tour en passager et les pouces en l'air des motards, mais ce sont surtout les interpellations désagréables de certains piétons qui laissent un goût amer, du « elle est moche ta caisse ! » haineux au « Eh bé, c'est pas la crise pour tout le monde » goguenard, même si j'imagine que devoir faire 10 tours de la place de la Contrescarpe bondée pour la vidéo n'a rien fait pour arranger mon sort.

Heureusement, on s'échappe de la grisaille parisienne demain, direction Pouilly-en-Auxois, en Côte d'Or. Malheureusement, entre le circuit bourguignon et la capitale, il y a 260 km d'autoroute A6 aller, puis retour, et la météo semble indiquer un début de mousson.
Épisode suivant :
Lotus Elise S au quotidien : jour 3, avec 536 km d'autoroute A6 à avaler sous la pluie
Twitter : @ PierreDdeG
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Par Anonyme
" les interpellations désagréables de certains piétons qui laissent un goût amer, du « elle est moche ta caisse ! » haineux au « Eh bé, c'est pas la crise pour tout le monde » goguenard"
Mais quel pays de cons !
Par Anonyme
En réponse à Anonyme
" les interpellations désagréables de certains piétons qui laissent un goût amer, du « elle est moche ta caisse ! » haineux au « Eh bé, c'est pas la crise pour tout le monde » goguenard"
Mais quel pays de cons !
C'est désolant
Par Anonyme
Bizzarement, je n'ai jamais eu d'interpéllation haineuses en Lotus... Par contre je ne compte plus les pouces levés et autres signes positifs!
Par §mx1501OS
J'en suis à ma deuxième Elise et je ne peux que confirmer :
En ville, en étant décapoté, il faut invariablement faire face aux insultes gratuites, surtout en France.
Par ciana
A croire que les habitants du pays qui a inventé l'automobile ont oubliés qu'ils sont en quelque sorte l'origine de cette haine.
Parfois les français (j'en suis un) ne sont pas très malins.
Par Jacky_F40
On peut ajouter les pleins phares, les doigts levés (autre que le pouce), les coups de klaxons... Les Français vous juges sur votre apparence, la voiture en fait partie. Une Elise d'occasion vaut moins chère qu'un coupé type RCZ ou Scirocco, et encore bien moins chère qu'un monospace ou une berline. Mais les gens pensent que ça vaut des millions
Par Anonyme
Résultat des comptes, il ne faut pas rouler en ville avec ce type d'auto, elles ne peuvent pas s'exprimer et en plus le nombre de cons au mètre carré est bien trop importante
Par hugh6
Les réflexions c'est triste mais ça peut se comprendre en ces temps de crise quand certains achètent des voitures de sports juste pour faire les malins,provoquer et taper des aller retour sur les grandes avenues pour se montrer. Après, en générale les proprio de lotus sont plus dans la réelle passion automobile et récoltent moins de réflexions que les copains en Ferrari, Lamborghini ou Aston. Dans tous les cas c'est sûr que c'est pas glorieux...
Par §mx1501OS
En réponse à Anonyme
Résultat des comptes, il ne faut pas rouler en ville avec ce type d'auto, elles ne peuvent pas s'exprimer et en plus le nombre de cons au mètre carré est bien trop importante
Il est anormal de se faire insulter.
Que ce soit une 2CV, une Lotus ou une Veyron.
Ce comportement devrait même être puni, c'est scandaleux.
Par §mx1501OS
En réponse à hugh6
Les réflexions c'est triste mais ça peut se comprendre en ces temps de crise quand certains achètent des voitures de sports juste pour faire les malins,provoquer et taper des aller retour sur les grandes avenues pour se montrer. Après, en générale les proprio de lotus sont plus dans la réelle passion automobile et récoltent moins de réflexions que les copains en Ferrari, Lamborghini ou Aston. Dans tous les cas c'est sûr que c'est pas glorieux...
Et tu proposes quoi?
Qu'on roule tous en Scenic?
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