Retour timide des Mirage

Si la GT 40 vient de prouver l'étendu de son potentiel, Wyer sait bien que ses perspectives d'évolution sont désormais limitées à court terme. Avisé et prévoyant, il décida donc dans les premières semaines de 1968 de lancer l'étude d'un prototype à moteur 3 litres. Pour concevoir cette nouvelle Mirage baptisée M2, il fait appel après bien des péripéties et des embrouilles de Ford GB, à Len Terry, auteur entre autres de la Lotus 38 victorieuse à Indianapolis en 1965. Le choix du moteur sera tout aussi difficile. Wyer pense naturellement au nouveau V8 Ford Cosworth mais Ford GB encore une fois ne veut rien entendre. Le projet "maison" - un superbe prototype dessiné par Len Bailey pour Alan Mann le représentant de Ford Angleterre-est prioritaire. Wyer doit alors se rabattre sur le V12 BRM qui a laissé entrevoir quelques belles promesses en début de saison. Brimé par un réglement qui imposait encore en 1968 des normes désuètes, Wyer et Terry optent logiquement pour une voiture à carrosserie fermée. Il leur était alors bien difficile de prévoir la nouvelle volte-face de la CSI qui allait soudain totalement libérer les prototypes de leurs différents carcans-hauteur de pare-brise imposée, roue de seours et... coffre à bagages!

Ainsi, c'est une voiture bien pataude, un peu trop lourde et déjà presque démodée qui va apparaître à Daytona en janvier 69 pour y subir une série de tests. Si le poussif moteur BRM (375 ch... marseillais!) tient près de huit heures avant de finir par exploser, les performances générales de la Mirage sont largement inférieures à celles de la GT 40. Cette dernière bien que surclassée par les nouvelles Porsche 908 spider aux essais, se montre cependant toujours vaillante sans les épreuves de longue haleine. Ainsi à Sebring, Ickx désormais associé à Jackie Oliver profite de la déroute des 908 spider et des ennuis de jeunesse de la nouvelle Ferrari 312 P pour s'imposer après un sprint échevelé. C'est à Brands Hatch que va enfin débuter la Mirage M2. Plus rapide tout de même que la GT 40 de Hobbs-Hailwood engagée en soutien, la Mirage est en revanche totalement éclipsée par les toutes les autres 3 litres. Sa course sera tout aussi anonyme et décevante avant qu'une suspension ne lâche. Avec un V12 BRM tonifié et surtout un Jacky Ickx maître de son art sur ses terres, la M2 réussissait à s'emparer d'une place en première ligne lors des 1000 km de Spa. Nouvel abandon mais Wyer reste étrangement serein.

La livraison sans cesse ajournée d'un nouveau V12 BRM de 420 ch-puissance toujours très optimiste-appartient déjà au passé. Ford enfin reconnaissant du titre mondial 68 se décide enfin à livrer des V8 Cosworth à l'équipe de Slough. Un coupé rapidement adapté aux cotes du Cosworth débute aux 1000 km du Nürbburgring. En dépit des 410 ch du DFV et du talent de Ickx, la Mirage est tout de même relèguée à près de 24 secondes de la meilleure des Porsche 908 ! Convaincu qu'il ne tirerait jamais rien de bon de ce coupé, Wyer décide alors de se concentrer totalement sur la préparation de ses bonnes vieilles GT 40 pour les 24 heures du Mans.

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