L'Allemagne lance un programme national de 1 milliard d'euros pour le développement et l'application des technologies de piles à combustible et de l'hydrogène dans le domaine des transports, du bâtiment et de la fourniture d'énergie (voir article). Mais concernant les biocarburants, ce pays reste prudent. La Commission européenne a pris la décision que les biocarburants (biodiesel, éthanol) devront représenter 10% du carburant total consommé par les véhicules des Européens en 2020. Berlin souhaite imposer un carburant mélangé avec 10% de biocarburant dès janvier 2009, mais le ministre allemand de l'Environnement Sigmar Gabriel a indiqué sur la chaîne de télévision ARD que l'Allemagne allait modérer ses ardeurs en matière de biocarburants, le temps de vérifier que la production de certains d'entre eux répond bien à des critères écologiques. Aux Etats-Unis, des experts américains affirment que l'implantation de cultures visant à fabriquer des biocarburants menacent les écosystèmes naturels et qu'elle contribue au réchauffement planétaire en engendrant davantage de CO2 (principal gaz à effet de serre) durant plusieurs décennies.

Sigmar Gabriel a expliqué son point de vue : "Nous devons d'abord calculer combien de CO2 est dégagé lors de la production de biocarburants pour être sûr que cela contribue à la protection de l'environnement. Nous n'autoriserons que les biocarburants qui sont au moins 30% meilleurs en matière de protection climatique que les carburants classiques. Après la parution de quatre ou cinq grandes études internationales, nous allons devoir débattre de l'ensemble de notre stratégie sur les biocarburants et voir si elle est compatible avec les nouveaux résultats scientifiques. L'Allemagne ne fait pas marche arrière, certainement pas. Mais tout doit être rééxaminé. Cela ne sert à rien de dire, juste parce qu'on a eu une bonne idée, allons-y, fonçons. Les critères que nous posons, au niveau national et de l'Union européenne, doivent être débattus. Ceci devra être fait d'ici l'été. L'Allemagne veut importer uniquement des biocarburants produits de manière écologique, dans des conditions sociales correctes et pas au détriment des forêts tropicales. Berlin n'importera par exemple pas d'huile de palme tant que des accords n'auront pas été conclus avec les pays qui la produisent pour certifier les critères de production. Et tout ce que la biomasse n'apporte pas en matière de réduction de CO2, nous devrons l'obtenir d'autres manières."

Une précision : en Allemagne, les avis divergent concernant le nouveau mélange biocarburant/carburant : l'ADAC (Allgemeiner Deutscher Automobil-Club, l'association automobile d'Allemagne) estime que plusieurs millions de véhicules ne supporteront pas le dosage comprenant 10% de matière bio contre 5% aujourd'hui mais le ministère allemand met en avant qu'uniquement 1% des véhicules en circulation ne le supportera pas. Une chose est sûre : les biocarburants n'ont pas fini de faire parler d'eux !

(Source : AFP Photo : cash.be)