Le président américain Barack Obama a du souci à se faire ; alors qu'il interdisait le 27 mai dernier toute nouvelle installation d'une plate-forme offshore et suspendait l'exploitation de 33 plates-formes déjà existantes dans le Golfe du Mexique, l'industrie pétrolière organise aujourd'hui sa contre-attaque. Tiraillé entre sa conscience écologique et une industrie extrêmement puissante en matière de lobbying, Obama semble désormais contraint de composer avec ses opposants.


L'industrie pétrolière est, aux Etats-Unis, omniprésente. Grâce à un lobbying très organisé et à une puissance financière hors du commun, elle a su infiltrer toutes les couches de la société et toucher à ses intérêts s'avère plutôt risqué. La révolte d'Obama contre BP est ainsi plutôt culottée et l'audace du président pourrait bien lui coûter sa réélection. Et alors que des millions de litres de pétrole se déversent dans le Golfe du Mexique chaque jour, que les dispersants utilisés par BP font plus que polémique et que l'écosystème est désormais mis en danger avec une gravité jamais vue dans l'histoire de l'humanité, les grands groupes pétroliers se sont réunis mercredi à Londres pour un congrès mondial dans le but de réaffirmer leur suprématie.


Et pas question de s'apitoyer sur le sort des oiseaux mazoutés et des océans souillés ; les représentants des plus grands groupes ont au contraire profité de l'occasion pour insister sur l'importance de la poursuite des explorations offshore, qualifiant la décision d'Obama de « retour en arrière en matière de sécurité énergétique ». Et ce n'est pas l'intervention d'Emma Gibson, militante de Greenpeace parvenue à infiltrer les lieux, qui fera évoluer la situation : elle a en effet été rapidement reconduite vers la sortie.


Une industrie pétrolière forte donc, qui conserve soigneusement dans sa sphère d'influence la justice américaine. Martin Feldman, juge fédéral de la Nouvelle Orléans, a dénoncé dans la foulée le moratoire d'Obama et levé l'interdiction prononcée par le Président. Dans un rapport de 22 pages, il remet en question une décision sans fondement : « Le moratoire semble partir du principe que parce qu'une plate-forme était défectueuse et bien que personne ne sache vraiment pourquoi, toutes les compagnies et les plate-forme de forage offshore en eau profonde présentent un danger imminent », écrivait-il.


L'administration Obama devrait prochainement faire appel de cette décision mais les experts sont sceptiques quant à l'aboutissement de cette procédure.