L'influence de la Canam

Tandis que Toyota développe un prototype à moteur 3 litres, avec sans doute l'arrière pensée de courir en groupe 6 sur d'autres terrains, Nissan joue résolument la carte de la puissance. Dévoilée en mars 1968, la R 381 se présente sous la forme d'une grosse berlinette s'inspirant des lignes de la Lola T70. Ayant renoncé, faute de temps à développer son moteur V12, Nissan a fait préparé un V8 Chevrolet de 5461 cm3 dans les ateliers de Dan Moon (un spécialiste de la Canam). Accouplé à une boîte Hewland, le V8, donné pour 450 ch, est installé en position centrale sur châssis nid d'abeille renforcé en son centre par un bâti tubulaire en acier. Enfin, la Nissan se distingue par deux ailerons stabilisateurs montés sur le capot arrière. Fixés sur les porte-moyeux et actionnés par des vérins hydrauliques, leur inclinaison est dictée d'une part par la charge imposée sur chaque suspension et d'autre part par l'intensité du freinage. Bien trop lourde, la version fermée de la R 381 est bientôt abandonnée au profit d'un modèle spider, aux lignes fortement inspirées de celles des barquettes de la Canam. Pas vraiment léger (930 kg), le spider R 381, dont trois exemplaires furent construits, se joua néanmoins facilement des nouvelles Toyota 7 au GP du Japon, en faisant simplement parler la puissance de son gros V8. Un succès obtenu cependant avec un certain panache devant une Porsche 910 très bien conduite par Ikusawa puisqu'elle se complète d'un record du tour et de la pole position.

Pendant l'hiver 1968-69, le nouveau moteur V12 apparaît enfin. Dans un premier temps, le conditionnel s'impose quant à ses caractéristiques et en particulier sa cylindrée. A l'origine, il serait constitué de deux blocs six cylindres de la R 380 dont la cylindrée serait passée de 2 litres à 2,4 ou 2,7 litres. Donné généralement pour un "5 litres", le V12 est d'abord monté dans deux châssis R 381 profondément retouchés: museau avant allongé, capot arrière plus bas et effilé, passages de roues élargis, prises d'air latérales redessinées, volet aérodynamique sur toute la largeur du capot arrière en place du double aileron. Modèles intérimaires, les R 381 à moteur V12 ne firent que deux apparitions en course, à Fuji, en avril et mai 1969. Trop lourd, le châssis de la R 381 s'efface devant une nouvelle structure qui marque un retour à un bâti multitubulaire en alliage léger renforcé par des panneaux en aluminium constituant une "fausse coque". Baptisée R 382, la nouvelle barquette , fine compacte, légère (780 kg) et habillée d'une carrosserie assez anguleuse entame ses essais dans le plus grand secret dans la seconde quinzaine du mois d'août 1969. Cinq exemplaires sont construits mais trois seulement sont engagés au GP du Japon en octobre face aux cinq Toyota 7. Très sûr de son bon coup, Nissan révèle alors que la cylindrée de son V12 s'élève à 5964 cm3 et que la puissance dépasse les 600 ch. Toyota avec ses nouvelles 5 litres est encore le "dindon de la farce". Aux essais, comme en course, les R 382 font l'étalage de leur puissance, réussissent le doublé reléguant la première Toyota à un tour... Officiellement, Nissan décida de renoncer à la compétition après cet ultime succès pour se consacrer à l'étude de nouveaux modèles de série répondant à de nouvelle normes anti-pollution. Ce n'est que bien plus tard, qu'il ne révéla le projet d'une mystérieuse R 383 à moteur V12 turbo destinée à donner la réplique à la Toyota suralimentée...

Palmarès :

1968 : 4e 1000 km Fuji (K. Takahashi - Y. Sunako) R 380

A2 1969 : 2e 1000 km Fuji (H. Kitano - M. Kurosawa) R 380-A3.

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