Vainqueur en février du Vendée Globe, Michel Desjoyeaux est entré dans l'histoire de la voile. Le skipper a bouclé le tour du monde en solitaire dans le temps record de 93 jours. Rencontre avec un homme “overbooké”, mais passionné de technologie et de voitures.

Caradisiac : Quelle était votre première voiture ?

Michel Desjoyeaux : Ma première voiture, c'était une Citroën ZX, que j'avais gagnée à la Course du Figaro en 1991. Je l'ai encore aujourd'hui, mais elle commence à avoir quelques problèmes. Avant, je n'avais pas de voiture, et cette vieille Citroën m'a rendu de nombreux services.

Caradisiac : À part cette ZX, avez-vous d'autres voitures ?

Michel Desjoyeaux : On a également un Renault Espace et actuellement, je roule avec une Mercedes de série C, une 250 TD qu'un concessionnaire vendéen met à ma disposition. C'est une voiture très agréable et confortable, ce qui tombe bien car je roule énormément en ce moment. L'Espace, en revanche, c'est bien pratique car j'ai trois enfants, et partir avec toute la famille et les bagages dans une petite voiture, ce n'est franchement pas amusant.

Caradisiac : En mer, vous vous servez tout le temps du GPS, en avez-vous un sur votre voiture ?

Michel Desjoyeaux : Justement, je vais laisser ma voiture la semaine prochaine à mon concessionnaire pour me le faire installer. C'est très pratique pour moi, car j'ai tendance à me perdre régulièrement.

Caradisiac : Un navigateur qui se perd sur la route, c'est original.

Michel Desjoyeaux : "respecter les   distances de sécurité plutôt   que les limitations de vitesse!"

Michel Desjoyeaux : En mer, on a des instruments que l'on n'a pas en voiture. Je me sers énormément du compas, par exemple. À défaut de compas, j'utilise également le soleil, mais en ville, ce n'est pas toujours évident…

Caradisiac : Quel type de conducteur êtes-vous ?

Michel Desjoyeaux : S'il n'y avait pas de “barbecues” sur le bord des routes, je roulerais plus vite. J'ai l'avantage d'avoir une voiture qui peut me permettre de rouler vite en toute sécurité, alors parfois, je m'énerve devant les limitations de vitesse. Rouler sur autoroute, la nuit à 110 ou 130 km/h, c'est stupide. J'estime que le respect des distances de sécurité est plus important. Par exemple, le lundi de Pâques, j'étais sur la route, et tout le monde devait respecter les limitations car l'autoroute était très chargée. Les radars, dans ce cas-là, n'ont pas dû rapporter grand-chose. J'estime qu'il vaut mieux respecter les distances de sécurité, que les limitations de vitesse !

Caradisiac : Quels sont vos rapports avec les forces de l'ordre ?

Michel Desjoyeaux : J'ai déjà eu quelques problèmes avec elles, notamment pour des excès de vitesse sur autoroute. Depuis, je leur répète cette phrase : “Vous êtes gonflés car sur l'eau, je suis payé pour aller vite, et là, je vais payer pour être allé trop vite !” Je prends un malin plaisir à payer une amende car c'est un geste civique que peu de politiques font.

Caradisiac : La célébrité, ça aide ?

Michel Desjoyeaux : "respecter les   distances de sécurité plutôt   que les limitations de vitesse!"

Michel Desjoyeaux : Justement, le jour où je me suis fait arrêter en excès de vitesse, je descendais sur le site de construction de mon bateau et, sur la Mercedes, mon nom est écrit de chaque côté. Les gendarmes ont donc su tout de suite qui j'étais. Par conséquent, ils ne m'ont pas demandé mon permis. Heureusement, car je ne l'avais pas sur moi ce jour-là. Comme le sponsor est vendéen, je suis sûr que l'un des gendarmes a dit à l'autre de ne pas me mettre d'amende car j'allais la faire sauter. Donc, c'est vrai que cela aide.

Caradisiac : En cas de panne, vous vous débrouillez ?

Michel Desjoyeaux : Si j'avais le temps, je pense que je m'en sortirais, mais je préfère laisser cela à des spécialistes. En revanche, quand j'amène la voiture à mon garagiste, je lui dis ce qu'il y a à faire car je suis à l'écoute de la voiture. Je pense que c'est d'ailleurs une déformation professionnelle, car en mer, on doit toujours être vigilant.

Caradisiac : Votre meilleur souvenir ?

Michel Desjoyeaux : Étant un ancien “Skipper Elf”, je suis allé, il y a trois ou quatre ans, sur le circuit de la Filière Elf, au Mans. Le Skipper Elf est une épreuve de promotion identique au volant du même nom. Le vainqueur se voit attribuer pendant un an un navire et un budget pour participer à des épreuves comme la Solitaire du Figaro et j'ai été “Skipper Elf” pendant deux ans. Lors de cette visite, j'ai fait deux tours de circuit dans un Espace avec un instructeur et je peux vous dire que cela allait vite. Au déjeuner, je leur ai dit qu'ils étaient fous et eux m'ont répondu que c'était moi le plus dingue. L'après-midi, ils m'ont laissé le volant d'une monoplace et au premier virage, je me suis retrouvé dans le bac à sable…

Caradisiac : Y a-t-il une voiture qui vous fait rêver ?

Michel Desjoyeaux : Pas vraiment. Étant enfant, on rentrait à sept dans une 2 CV, mais à cette époque, les ceintures de sécurité n'étaient pas obligatoires et la circulation était beaucoup moins importante que maintenant. Après, on a eu une DS break, celle qui avait les phares qui s'orientaient. À l'époque, j'aimais beaucoup la SM. Je pense que je serais plus tenté par une voiture de collection, que par une Ferrari par exemple.

Caradisiac : Une course comme The Race (NDLR: tour du monde en équipage, en multicoque) vous plairait-elle ?

Michel Desjoyeaux : "respecter les   distances de sécurité plutôt   que les limitations de vitesse!"

Michel Desjoyeaux : Pourquoi pas ?, mais le Vendée Globe et The Race sont deux épreuves totalement différentes. J'aime davantage la compétition que la navigation et les concurrents de The Race ont dû s'ennuyer ferme cette année car ils n'étaient pas nombreux. En revanche, sur le plan technologique, c'est très intéressant car il y a une part d'empirisme, et c'est ce qui est passionnant.

Caradisiac : Si vous n'aviez pas été navigateur, auriez-vous aimé travailler dans le domaine de l'automobile ?

Michel Desjoyeaux : Quand je vois la fourmilière de la F1, je me dis que cela doit être passionnant de travailler dans ce domaine. Je regarde aussi comment ils travaillent sur l'aérodynamisme, car la navigation s'intéresse également de près à cet aspect.

Caradisiac : Si vous aviez un coup de gueule à pousser ?

Michel Desjoyeaux : Plus le temps passe, plus je remarque que les gens ont tendance à rouler sur la file de gauche des autoroutes, même quand ils ne doublent pas. Cela me force donc à les dépasser par la droite, même si je sais que cela ne se fait pas. Après, en général, ils comprennent leur erreur et se rabattent, mais c'est quand même gênant.

Caradisiac : Quels sont vos projets ?

Michel Desjoyeaux : "respecter les   distances de sécurité plutôt   que les limitations de vitesse!"

Michel Desjoyeaux : Cette année, je vais naviguer, en tant que coéquipier, sur le circuit multicoque aux côtés de Jean-Luc Nelias, avec en fin d'année, notamment, la Transat Jacques Vabre. Je vais également faire un petit bout du Tour de France à la voile. Bref, je vais continuer à naviguer, même si cela peut paraître surprenant de voir un skipper vedette redevenir équipier. Mais c'est une démarche très courante dans le monde de la voile, car cela nous permet de rester en contact avec tous les types de bateaux.

Retrouvez Michel Desjoyeaux sur son site :

www.michel-desjoyeaux.com

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