Audacieuse et originale pour les uns, fragile ou trop complexe pour les autres, une Citroën ne laisse personne indifférent. Avec le temps, les passions se sont apaisées et certains modèles sont même devenus mythiques.

A défaut d’être un pionnier de l’automobile, André Citroën fut le plus grand constructeur d’Europe et surtout le plus inspiré. C’est la Première Guerre Mondiale qui va propulser ce jeune polytechnicien au rang des plus grands capitaines d’industrie. Dans son usine ultra-moderne du quai de javel, il va réussir à produire quotidiennement des munitions à des cadences inédites pour l’époque. Bien avant l’Armistice, Citroën envisage déjà la reconversion. Pressentant le formidable essor des transports, la manufacture d’armement est reconvertie en quatre mois en usine automobile.

Fasciné par le modèle américain, André Citroën choisit de produire en grande série un modèle unique, standardisé et robuste. Une première en Europe et une idée de génie! En effet, Citroën s’installe au sommet de la production française en sortant 20 000 voitures dès 1920. Davantage que Peugeot et Renault réunis! Toutefois pour Citroën, l’histoire d’un véhicule ne s’arrête pas à la sortie des chaînes. Pour lui, le “savoir-faire” n’est rien sans le “faire-savoir”. Ainsi, non content de lui donner une dimension industrielle, il va inventer tout l’environnement moderne de l’automobile: la publicité, le crédit, l’après-vente... Cet homme de défis attiré par tout ce que les autres ne font pas, fait souffler un vent d’enthousiasme parmi ses collaborateurs et ceux-ci bénéficieront d’une liberté de création rarement atteinte chez un grand constructeur. En dépit de son succès-la firme se hissera même au second rang mondial en 1929-, Citroën ne cessera de se débattre avec de monstrueux problèmes de trésorerie. Multipliant les acrobaties de gestion pour assumer ses choix dispendieux tant dans le domaine promotionnel que technologique, il perd peu à peu la confiance des banques. Pourtant, en pleine tempête, il lance un nouveau défi: la Traction.

Citroën Longtemps audacieux et original

En 1934, elle a vingt ans d’avance mais sa production lourde et coûteuse porte le coup de grâce à la société. Michelin assure alors le sauvetage financier et ce qui est tout aussi crucial, préserve l’esprit de la société. Ainsi, plus tard, la populaire 2 CV et la révolutionnaire DS seront de dignes héritières et feront briller de manière éclatante le nom de Citroën. Désireux de recentrer ses activités sur le pneumatique, Michelin tente de se désengager de Citroën dès le milieu des années 60. Des choix maladroits, de nouvelles difficultés financières aggravées par le crise pétrolière transformeront le rapprochement avec Peugeot en intégration pure et simple. La marque Citroën tentera de conserver jalousement son identité en adoptant des solutions techniques audacieuses et des lignes originales pour ses modèles, mais sa liberté d’action se verra constamment réduite au fil des années.

Depuis le changement de direction au sein du groupe PSA en 1998, le bureau d’études de Citroën a retrouvé une plus grande autonomie qui lui permet d’exploiter pleinement son fabuleux héritage.

Histoire du logo: double chevron

C’est au cours de son voyage de noce en Pologne qu’André Citroën retrouve l’un de ses parents qui a conçu des engrenages à double chevrons pour ses minoteries (transformations de grains en farine). De retour en France, Citroën dépose le brevet et ouvre peu après un atelier dans le faubourg Saint-Denis à Paris. Lorsqu’il aborde la production automobile en 1919, André Citroën choisit comme emblème un double chevron, en rappel de sa première aventure industrielle. En dépit de la reprise de la société par Michelin en 1935, puis par Peugeot en 1975, les doubles chevrons, modernisés mais quasiment inchangés, ont toujours figuré sur chaque modèle de la marque.

Les hommes qui ont fait Citroën

Citroën Longtemps audacieux et original

André Citroën : né le 5 février 1878 à Paris, il est le fils d’un diamantaire d’origine néerlandaise. Polytechnicien, il fonde ensuite la société des engrenages Citroën, puis prend la direction des usines automobiles Mors en 1908. En moins de 5 ans, il en décuplera la production. Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, il fonde la Société des automobiles Citroën. Aussi adulé que détesté, il connaîtra une réussite tout aussi fulgurante que le sera sa chute. Son génie sera de prévoir, avant tout le monde, le formidable essor de l’automobile et toutes ses implications dans la société. Autant d’innovations, qui sont aujourd’hui des pratiques courantes mais qui ont bousculée toutes les habitudes de l’époque. Quinze années seulement, pendant lesquelles, il déploiera une intense activité et fera entrer l’automobile dans son ère moderne.

Pierre Michelin : second fils d’Edouard (le co-fondateur de la marque de pneus) est envoyé chez Citroën pour en améliorer la gestion financière. Devenu président en juillet 1935, il se prend au jeu et il s’attache avec succès à corriger les défauts de la Traction. Il trouvera la mort en 1937 dans un accident de la route.

Pierre Boulanger : il accompagne Pierre Michelin comme vice-président, puis lui succède après sa mort. C’est lui qui lancera le projet TPV (Tout Petit Véhicule) qui donnera naissance à la 2 CV. Il dirigera la société jusqu’à sa mort en 1950.

André Lefèbvre : diplômé de l’école supérieure d’aéronautique, il débute chez Voisin avant de rejoindre le bureau d’études de Renault. "Viré" par Louis Renault pour son audace et son insolence, il rejoint ensuite Citroën. Ingénieur exceptionnel, il sera responsable à lui seul de la naissance de la Traction, de la 2 CV et de la DS 19 !

Flaminio Bertoni : né en Lombardie, cet artiste (sculpteur, dessinateur) entre chez Citroën en 1932. Styliste inspiré, il inventera les lignes de la Traction, de la 2 CV et de la DS, tout en continuant à produire des œuvres originales qu’il exposera notamment au salon d’automne et au salon des Indépendants.

Les grandes dates

1878: naissance d’André Citroën le 5 février à Paris 1919: fondation de la Société des Automobiles Citroën.

1920: Citroën invente les échanges standards d’organes mécaniques

1921: fondation de la première société de locations de voitures en France

1922: des avions tracent dans le ciel le nom de Citroën; lancement de la vente à crédit à des conditions très avantageuses; commercialisation des premiers jouets Citroën et implantation des premiers panneaux de signalisation routière marqués du double chevron. 1923: création d’un catalogue de pièces de rechange avec leurs tarifs et d’un dictionnaire des réparations

1924: lancement de la Compagnie des Taxis Citroën

1925: illumination de la Tour Eiffel au nom de Citroën; développement en France du premier réseau commercial digne de ce nom. Il regroupe alors 5000 agents.

1929: lancement de la garantie d’un an et de la révision gratuite après rodage. La production annuelle dépasse pour la première fois les 100 000 exemplaires.

1931: fondation de la Société des Transports Citroën, un réseau d’autocars de la marque couvrant toute la France

1933: inauguration de la nouvelle usine de Javel

1934: dépôt de bilan de la Société André Citroën, prise de contrôle par Michelin

1935: André Citroën se démet de ses fonctions d’administrateur délégué en janvier. Il meurt le 3 juillet.

1965: Fusion Citroën-Panhard.

1967: Citroën prend une participation majoritaire dans le capital de Berliet

1968: réorganisation du groupe, avec la création de Citroën SA regroupant: Citroën, Panhard et Berliet. Accord de coopération technique et financière entre Citroën et Fiat. 1969: Citroën rachète Maserati.

1973: fin des accords Fiat/Citroën; mise en service de l’usine d’Aulnay-sous-Bois.

1974: fermeture de l’usine du Quai de Javel; Berliet quitte le groupe et Maserati est revendu.

1976: Peugeot prend 90 134514880u capital de Citroën et constitue la holding PSA (Peugeot SA)

Tous les modèles

1919: sortie le 4 juin de la première Citroën: la Type A à moteur 4 cylindres 1327 cm3 développant 18 ch.

Citroën Longtemps audacieux et original

1921: présentation au salon de Paris de la 5 CV. produite d’abord dans une unique version peinte en jaune vif, elle deviendra populaire sous le nom de “ petite citron ”. Elle sera ensuite baptisée “Trèfle” après l’aménagement d’une troisième place centrale arrière.

1924: lancement de la berline B10, première Citroën à carrosserie “tout acier”. Elle sera rapidement remplacée par la B12, identique mais plus au point.

1926: lancement de la berline B14. 1928: présentation au salon de Paris des modèles C4 et C6.

1932: sortie de la 8 CV qui passera à la postérité sous le nom de “Rosalie”.

1934: lancement de la 7A, premier modèle de la lignée des Traction.

1935: sortie de la Traction 11 CV.

1938: commercialisation de la Traction 15-6 (moteur 6 cylindres).

1948: présentation au salon de Paris de la 2 CV; lancement du Type H, à la célèbre carrosserie en tôle ondulée grise.

1955: présentation au salon de Paris de la DS.

1957: arrêt de la production de la Traction; sortie de l’ID 19, une DS plus économique. 1960: présentation de la DS cabriolet carrossée par Chapron.

1961: lancement de la 3 CV, plus connue sous le nom d’AMI 6.

1965: lancement de la DS 21.

1967: présentation de la Dyane.

1968: sortie de la Méhari.

1969: l’AMI 8 succède à l’AMI 6. Commercialisation restreinte (150 exemplaires) d’un prototype à moteur rotatif, la M35.

1970: présentation au Salon de Genève de la SM à moteur 6 cylindres Maserati; lancement en octobre de la GS.

1972: sortie de la DS 23.

1973: présentation de la GS birotor.

1974: lancement au salon de Paris de la CX.

1975: arrêt de la production de la DS.

1976: lancement de la LN.

1978: présentation au Salon de Paris de la Visa.

1981: lancement de la Visa 2.

1982: présentation de la BX au salon de Paris.

1984: sortie de l’Axel, produite en Roumanie.

1986: lancement de l’AX.

1987: présentation de la BX 19 GTI 16 soupapes, première voiture française à moteur multisoupapes.

1989: sortie en mai de la XM.

1990: arrêt de la production de la 2 CV.

1991: présentation au salon de Genève de la ZX.

1992: commercialisation de la Xantia.

1994: lancement du monospace Evasion.

1996: sortie de la Saxo; commercialisation du ludospace Berlingo.

1997: la Xsara succède à la ZX.

1999: commercialisation du monospace compact Xsara Picasso.

2000: présentation au Mondial de Paris de la C5.

- Arrêt de la production de la XM

- Arrêt de la production de la Xantia (remplacée par la C5)

- C5 (4 cyl.-1.8-117 ch/2.0-138 et 143 ch/ 2.0 HDI-90 et 110 ch/2.2 HDI-136 ch/V6-3.0-210 ch)

2002: C3 (4 cyl.-1.1-70 ch/1.4-75 et 90 ch/1.6-110 ch/1.4 HDI-70 et 92 ch)

- Restylage Berlingo (4 cyl.-1.4-75 ch/1.6-110 ch/1.9 D-71 ch/2.0 HDI-90 ch

2003: Arrêt de la production de la Saxo

- C3 Pluriel (4 cyl-1.4-75 ch/1.6-110 ch/1.4 HDI-70 ch)

- Arrêt de la production du monospace Evasion (remplacé par le C8)

- C8 (4 cyl-2.0-138 ch/2.2-158 ch/ 2.0 HDI-110 ch/2.2 HDI-130 ch/V6-3.0-208 ch)

- C2 (4 cyl.-1.1-61 ch/1.4-75 ch/1.6-110 et 125 ch/1.4 HDI-70 ch)

2004: C3 X-TR "Tout-chemin" (4 cyl.-1.4-90 ch/1.6-110 ch/1.4 HDI-92 ch)

- Arrêt de la production de la Xsara (remplacée par la C4)

- C4 (4 cyl.-1.4-90 ch/1.6-110 ch/2.0-137 ch/2.2-180 ch/1.6 HDI-92 et 110 ch/2.0 HDI-138 ch)

- Restylage Picasso (4 cyl-1.6-95 ch/1.8-117 ch/2.0-137 ch/1.6 HDI-110 ch/2.0 HDI-90 ch)

- Restylage C5 (4 cyl.-1.8-117 ch/2.0-143 ch/1.HDI-110 ch/2.0 HDI-138 ch/2.2 HDI-136 ch/V6-3.0-210 ch)

2005: - C6 (4 cyl.-2.0-136 ch/2.2-180 ch/2.0 HDI 136 ch/2.2 HDI/160 ch/V6-3.0-230 ch/V6-2.7 HDI-208 ch)

- C1 (1.0i 68ch / 1.4 HDi 55ch)

- Restylage C3

- Nouvelle C3 Pluriel

- C3 GNV (68 ch en mode GNV et 75 ch en mode essence)

2006

- C4 Picasso (1.6i 16v VTi 120ch / 1.8 L 16v 127 ch / 2.0i 16v 143ch / 1.6 THP 150 ch / 1.6 HDI 110ch FAP / 2.0 HDI 138ch FAP / 2.0 HDI 150ch FAP)

- Nouveau Citroën Jumper

2007

- C-Crosser (4 cyl. 2.4 L / 4 cyl. 2.2 L HDi)

- Nouveau Citroën Jumpy

2008

- Restylage de la C2 (HDI FAP 110ch)

- Restylage C3 Pluriel

- C3 Picasso (4 cyl. 1.4 L VTi95 / 4 cyl. 1.6 L VTi120 / 4 cyl. 1.6 L HDi)

- Nouveau Citroën Berlingo (1.6i 16V 90ch / 1.6i 16V 110ch / 1.6 HDi 75ch / 1.6 HDi 92ch / 1.6 HDi 110ch FAP)

- Restylage C4

- C5 II (1.8i 16V 127ch / 2.0i 16V 143ch / 1.6THP 155ch / 3.0i V6 215ch / 1.6 HDI 110ch FAP / 2.0 HDI 138ch FAP / 2.2 HDI 173ch FAP / 2.7 V6 HDi 208ch FAP / 3.0 V6 HDi 240ch FAP)

- Restylage C8

- Citroën Nemo (1.4i 75ch / 1.4 HDI 70ch)

2009

- C3 II (1.1 i BV5 / 1.4 i BV5 / VTi 95 BV5 / VTi 120 BV5 / VTi 120 BVA / HDi 70 BV5 / HDi 90 BV5 / HDi 110 FAP BV6)

A venir :

2010

- Restylage de la C1

- C4 II

L’aventure c’est l’aventure: Croisière Noire, Croisière Jaune

Citroën Longtemps audacieux et original

Après avoir réussi la première traversée automobile de l’Afrique en 1922, Citroën engage ses autochenilles dans un projet plus ambitieux: la Croisière Noire. D’octobre 1924 à juillet 1925, les huit autochenilles rallient l’Algérie à Madagascar, soit 20 000 km de désert et de brousse. Six ans plus tard, d’avril 1931 à février 1932, quatorze autochenilles établissent la première liaison entre la Méditerranée et la Mer de Chine. La Croisière Jaune, longue de 12 000 km, fut particulièrement éprouvante pour les hommes et les machines qui durent franchir les cols de l’Himalaya, le désert de Gobi et la Chine en plein chaos révolutionnaire.

Citroën et le sport

Aucune implication officielle aux 24 Heures du Mans et encore moins en Formule 1 de la part de Citroën. En revanche, la marque aux chevrons, se tailla un joli palmarès en rallyes, à une époque où l’endurance primait sur la vitesse pure. Ainsi les DS s’imposèrent à deux reprises au Rallye de Monte Carlo (1959 et 66), ainsi qu’au Tour de Corse (1961 et 63). En plus de nombreux succès nationaux, elle triompha encore dans deux autres épreuves “mondiales”: les 1000 Lacs en 1962 et le Rallye du Portugal en 1969. La SM, quant à elle s’imposa au Rallye du Maroc en 1971. Enfin, prenant le relais de Peugeot, Citroën aligne une solide équipe en Rallyes-Raids à partir de 1991. En six saisons, une ZX très spéciale va enlever quatre succès au Paris-Dakar (1991/94/95/96) et d’innombrables victoires dans la Coupe du Monde de la spécialité.

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