Issu d'une grande lignée d'industriels sérieux, rigoureux et parfois conservateurs, Armand Peugeot sera le premier du "clan" à pressentir l'avenir de l'automobile. Seul contre tous, "l'aventurier" tiendra bon, entraînera toutes les bonnes volontés et gagnera son pari, donnant ainsi naissance à l'une des plus belles marques automobiles.

La saga Peugeot

Installée depuis le XVe siècle au pays de Montbéliard, la famille Peugeot est profondément attachée à cette province discrète et travailleuse. Une région de traditions, mais aussi une région d'échanges. Un carrefour entre la France, la Suisse et l'Allemagne ouvert naturellement aux idées neuves et aux nouveaux produits manufacturés. C'est ainsi, qu'en 1810, constatant que la révolution industrielle serait irréversible, deux des héritiers décident de transformer le moulin familial en fonderie. C'est le début de la formidable aventure Peugeot. Acier, outillage et articles ménagers sont rapidement produits à grande échelle établissant la réputation de la firme par leur qualité et leur robustesse.

Premières bicyclettes Peugeot

Petit-neveu des fondateurs, Armand, curieux de tout, passe pour un homme que rien n'arrête. C'est presque un "aventurier" aux yeux des paisibles Francs-comtois. Jeune ingénieur diplômé des Arts et Manufactures de Paris, il n'a pas hésité à s'embarquer pour l'Angleterre, la terre de la révolution industrielle.

Au cours d'un stage dans une société de Leeds, il prend toute la dimension des futurs bouleversements industriels et économiques. Il en revient conquis par la bicyclette. Contre l'avis d'Eugène, son cousin avec lequel il préside la société familiale, il finit par imposer la production de deux-roues dans l'une des usines du Doubs.

Armand voit plus loin et songe déjà à produire des véhicules à moteur. Après une tentative peu fructueuse avec un engin à vapeur, il produit sa première automobile à moteur à explosion en 1891. Les conflits avec la famille qui ne croit absolument pas à ce nouveau mode de locomotion deviennent si aigus, qu'Armand prend son indépendance en 1896.

Naissance de la marque "Lion Peugeot"

La société des Automobiles Peugeot est née, mais en quinze ans, la production ne dépassera pas quelques centaines d'exemplaires. Dans le même temps, Eugène, le cousin incrédule d'hier, s'est lancé à son tour dans l'automobile sous la marque " Lion Peugeot ". Conscient que cette rivalité ne peut être que stérile, Armand amorce un rapprochement avec les "hommes du Lion". Le décès d'Eugène en 1907 facilitera la réconciliation et dès 1910, les automobiles Peugeot seront produites sous le même emblème.

Les succès en compétition avant la Première Guerre mondiale, puis la reprise économique des années vingt donneront une dimension internationale à l'entreprise. Cette période mettra en avant les qualités du nouveau chef de famille: Robert Peugeot. Il sait concilier l'audace et la mesure, jouer la prudence mais exploiter sans tapage toutes les opportunités. Un "esprit Peugeot" qui va peu à peu déborder des usines pour imprégner une clientèle qui partage des valeurs semblables, goûte modérément les innovations "clinquantes" et apprécie une sobre robustesse.

A la pointe du modernisme

Toutefois, si Peugeot n'aime pas bousculer "sa" clientèle, pas plus que suivre les modes, l'entreprise sera toujours à la pointe du modernisme. Les modèles à carrosserie aérodynamique des années 30 en témoignent tout comme les premiers travaux sur les moteurs diesels entrepris à la même époque. Chez Peugeot, innovation rimera longtemps avec discrétion.

Un état d'esprit qui se perpétua au fil des générations et même bien après que l'entreprise se soit constituée en société anonyme. La reprise des filiales européennes de Chrysler et la malheureuse aventure Talbot écorneront quelque peu la belle image et la solidité de la société à l'aube des années 80. Mais l'immense succès de la 205 et la profonde restructuration du groupe entreprise par le très charismatique et controversé Jacques Calvet remettront Peugeot sur les rails du succès. Probablement pour de longues décennies, avec l'arrivée aux commandes de Jean-Martin Folz qui après les lancements réussis des 607 et 206 CC, imposera plus encore sa marque aux futurs modèles.

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