La semaine dernière, Lionel Lucas émettait déjà des réserves quant à la viabilité de Heuliez laborieusement soutenue par BKC et ce n’est visiblement pas le seul : Christian Estrosi, le ministre de l’Industrie, a confié hier sur l’antenne de RTL qu’il allait reprendre personnellement le dossier en main avec la quasi assurance de parvenir à trouver une solution alternative. A la clé, la sauvegarde de 600 emplois. Lors de la reprise d’Heuliez l’été dernier, le fonds français Bernard Krief Consulting (BKC) avait promis de verser 16 millions d’euros pour remettre à flots l’équipementier et constructeur de voitures électriques, condition incontournable pour que le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI) mette à son tour la main à la poche ave 10 millions d’euros supplémentaires à la clé. Mais ne voyant rien venir de mois en mois à part un titre de créance, l’espoir et la confiance dans BKC ont fini par s’évanouir, que ce soit du côté d’Heuliez, du FSI ou même du gouvernement.

A tel point qu’aujourd’hui BKC n’est plus du tout considéré comme un paramètre de l’équation par Christian Estrosi lui-même, comme il l’a annoncé sur l’antenne de RTL hier dimanche : . « Nous voyons qu'hélas Heuliez risque la liquidation et je ne resterai pas les bras croisés. Voilà pourquoi j'ai engagé avec une demi-douzaine d'investisseurs potentiels qui montrent un réel intérêt une négociation de substitution. […] Je ne veux pas, dans l'instant, nourrir de faux espoirs chez les salariés, mais à 95%, je suis à peu près certain de trouver une solution de substitution ».

De quoi redonner le sourire aux salariés d’Heuliez mais qui soulève quand même quelques questions sur un regain d’intérêt si soudain de la part du gouvernement. Hasard ou pas du calendrier, nous sommes à quatre semaines des élections régionales et Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat aux Transports, est chef de file de l’UMP dans la région Poitou-Charentes. Une région qui, comme chacun sait est présidée par Ségolène Royale et qui est entrée sous l’impulsion de cette dernière en décembre 2009 au capital d’Heuliez à hauteur de 5 millions d’euros, une opération que la région Pays de la Loire voisine, présidée aussi par un socialiste, Jacques Auxiette, s’est à son tour déclarée prête à faire pour la même somme, samedi dernier.

Pour conclure, je ne saurais trop vous conseiller, une fois n’est pas coutume, la lecture des commentaires particulièrement intéressants et documentés de l’article de Lionel Lucas « Veut-on vraiment la peau d’Heuliez ? ».