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Enquête - Permis de conduire: les nouvelles méthodes pour le réussir

Avec un taux de réussite de 57%, l'examen du permis de conduire reste particulièrement sélectif et onéreux. Pour autant, entre les nouvelles méthodes pédagogiques, les plates-formes Internet qui promettent des prix cassés ou ces auto-écoles de province qui forment les candidats malheureux venus de grandes villes, le système évolue vers plus de souplesse. Voici comment en profiter...en évitant les pièges.

Enquête - Permis de conduire: les nouvelles méthodes pour le réussir

En cette période de rentrée scolaire, intéressons-nous à un diplôme des plus recherchés…et difficiles à obtenir. Si un peu plus de 880 000 permis de conduire ont été délivrés en 2017, le taux de réussite ne s’élève qu’à 57,23% à l’échelle nationale. Des chiffre à comparer aux près de 660 000 bacheliers du cru 2019, pour un taux de réussite de 88,1%.

Non qu’il s’agisse ici de mettre au même plan les exigences de ces deux viatiques vers la vie d’adulte, mais ces chiffres témoignent bien du caractère sélectif du célèbre « carton rose » (qui se présente d’ailleurs maintenant sous la forme d’une carte plastifiée).

A ces difficultés d’obtention s’ajoute le problème d’un coût élevé. Selon une étude réalisée par l’UFC-Que choisir dont Caradisiac s’était déjà fait l’écho, le sésame revient à 1 804 € en moyenne (calcul réalisé sur la base de 35 heures de conduite), valeur qui recouvre en réalité d’importantes disparités régionales. Si moins de 1 500 € suffisent dans le territoire de Belfort ou le Nord, il faut en effet compter 2 129 € en Haute-Savoie, voire 2 140 € à Paris (on compte d’ailleurs 6 départements franciliens parmi les 10 « plus chers » de l’étude).

Les attentes des inspecteurs et la nature de l’examen final restent les mêmes partout dans l’hexagone, mais ce déséquilibre repose en grande partie sur le fait que la conduite en Ile-de-France s'avère tout simplement plus difficile et stressante qu’en province, du fait d’une densité plus forte d’obstacles et de véhicules. Par ailleurs, il apparaît que le coût plus élevé des heures supplémentaires - lesquelles permettent justement d’améliorer ses chances de réussite à l’examen - soit un frein pour les aspirants conducteurs franciliens.

D'une région à l'autre, le coût moyen du permis peut varier de 600 €.
D'une région à l'autre, le coût moyen du permis peut varier de 600 €.

Au-delà des particularismes géographiques, les pouvoirs publics cherchent à rendre le permis plus accessible pour tout le monde, ce qui explique la présentation, fin juin dernier par le gouvernement, de dix mesures destinées à abaisser le coût du permis, à la suite d’une mission parlementaire qui avait été lancée à la rentrée 2018: « en moyenne, passer le permis, c’est 1800 euros et deux mois d’attente », avait alors déclaré le Premier ministre Edouard Philippe.

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Le gouvernement à la manœuvre

Les leviers d’action sont les suivants : outre la gratuité du code pour tous les jeunes qui s’engagent dans le Service National Universel (SNU) et le développement de modes d’apprentissage moins onéreux (possibilité de porter l’apprentissage sur simulateur de 5 à 10 heures, et incitations fiscales pour les auto-écoles désirant s’équiper de ces machines), il serait mis l’accent sur apprentissage avec une boîte automatique pour lequel 13 heures d’exercice suffisent au lieu de 20.

De plus, les jeunes qui auront suivi le cursus de conduite accompagnée pourront passer le « vrai » permis dès 17 ans, sans toutefois avoir le droit de conduire seul avant leurs 18 ans. Est aussi prévue la création d’un comparateur en ligne des offres des écoles de conduite, ceci dans le but de faire jouer la concurrence. À partir de janvier 2020, sera mis en place à titre expérimental un service d'inscription en ligne à l'examen pratique, et ce dans 5 départements (Aude, Haute-Garonne, Gard, Gers, Hérault) pour une durée de 8 mois. L’idée est que le candidat s’inscrive lui-même quand il se sent prêt, mais attention en cas d’échec : plus le niveau de conduite sera jugé faible lors de l’examen, et plus l’attente sera longue pour bénéficier d’un deuxième passage.

Les auto-écoles traditionnelles souffrent de la concurrence des nouvelles  plates-formes Internet.
Les auto-écoles traditionnelles souffrent de la concurrence des nouvelles  plates-formes Internet.

Autant de mesures considérées favorablement par les professionnels du secteur, qui subissent depuis quelques années la concurrence des nouvelles auto-écoles « en ligne », lesquelles promettent des tarifs moins élevés: « nous accueillons avec satisfaction ces annonces. Ces mesures confirment le rôle incontournable des auto-écoles de proximité en faveur d’une formation de qualité, liée à un local, et s’appuyant sur un suivi pédagogique régulier auprès des élèves », commentait au mois de juin Patrice Bessone, président du CNPA Education et Sécurité Routières.   « Les auto-écoles de proximité sont pleinement engagées en faveur de la sécurité routière des plus jeunes et du continuum de formation à la conduite ».

Rude concurrence

Il faut dire que les temps sont durs pour les auto-écoles, soumises à la concurrence de nouveaux acteurs du secteur que sont les plates-formes Internet permettant une mise en relation directe entre candidats et moniteurs de conduite indépendants. Ces entreprises cassent les prix, avec par exemple un permis à 749 € chez Ornikar ou En voiture Simone, deux acteurs importants du secteur. Ceux-ci enfoncent le clou en revendiquant des taux de réussite de l’ordre de 70%, nettement supérieurs à la moyenne nationale. Concrètement, les formations au code de la route s’opèrent à distance, depuis chez soi avec un ordinateur, tandis que les heures de conduites sont délivrées par des moniteurs indépendants titulaires du Bepecaser (diplôme dont la réalité est censée être vérifiée par les organismes). Les cours s’opèrent à bord de voitures à doubles commandes dont le moniteur peut être propriétaire ou locataire.

Candidats libres: réussite en berne

Au terme de son apprentissage, l’élève doit constituer lui-même son dossier d’inscription et adresser celui-ci à la préfecture pour se présenter en tant que candidat libre. Toutefois, si un nombre croissant de jeunes se tourne vers ce système - 10 013 candidats libres enregistrés en 2017, contre 4 023 un an plus tôt ! – ceux –ci ne représentent encore que 0,62% des candidats au permis B. Surtout, le taux de réussite des candidats libres est de 42,09% seulement, contre 57,23% à ceux ayant suivi la filière classique. De quoi apporter de l’eau au moulin des représentants des auto-écoles classiques, vent debout contre cette « ubérisation mortifère de l’éducation routière ».

A en croire les inspecteurs, cet écart dans les taux de réussite n'aurait rien à voir avec le fait qu’ils « saqueraient » ces candidats: « nous, on n’a rien contre ces plates-formes », explique à Caradisiac l’un d’entre eux. « Les aspirants conducteurs qui en sortent appartiennent à la catégorie des candidats libres, ce sont des usagers comme les autres que l’on juge uniquement sur leurs compétences. »

Si tel est réellement le cas, il est donc probable que, dans un souci d’économies, une part importante de candidats libres se présente en « radinant » sur les heures supplémentaires. Ne disposant pas des compétences requises, elle augmente les risques de se voir recalée à l’examen. Ceux-ci venant de plus essentiellement de centres urbains (région parisienne, Rhône, Strasbourg ou Le Havre) ou, comme évoqué en début d’article, les conditions de circulation sont plus délicate, ils ajoutent des difficultés à la difficulté.

Malgré celà, les plates-formes semblent avoir le vent en poupe. Au printemps, Ornikar, officialisant une levée de fonds de 35 millions d’euros, a annoncé qu’il pourrait représenter 10% des permis délivrés en 2019. Et Benjamin Gaignault, l'un des deux associés dirigeants de la société, de déclarer que « la moyenne d’âge de nos clients est de 25 ans, c’est-à-dire des gens à la maturité supérieure et qui le plus souvent s’autofinancent. Ce sont donc des élèves plus appliqués, ce qui se ressent sur les résultats. »

Direction la province !

Mais Internet peut aussi se muer en un allié de poids pour les auto-écoles. Une nouvelle tendance est en train d’émerger chez certains candidats des grandes villes qui, après un ou plusieurs échecs, partent passer le permis en province, dans des régions où les taux de réussite sont nettement supérieurs.« Il y a moins de circulation, et donc moins de stress le jour de l’examen. A Paris, le taux de réussite est de 49% quand il est de 74% en Lozère », détaille Arye Bismuth, qui a fondé la start-up passersonpermisenprovince.fr, qui propose des formules « clés en mains » à ses clients. Celles-ci comprennent les cours de conduite, le train et l’hébergement sur place : « il en coûtera 990 € avec 8 heures de conduite», précise Arye Bismuth. « Nous comptons actuellement une centaine de clients chaque mois qui se tournent vers nous après un premier échec au permis. Nous les recevons dans nos locaux à Paris, on fait un point administratif ensemble puis nous les dirigeons vers des auto-écoles partenaires en province qui réalisent les évaluations pratiques. Nous avons deux profils de candidats : le premier est celui qui a suivi une formation via une plate-forme type Ornikar, et le second affiche un profil que l'on peut qualifier de plus « laborieux », disons. Notre taux de réussite s’élève à 70%, soit nettement plus que la moyenne nationale ! »

Certaines auto-écoles de province accueillent à bras ouvert les candidats malheureux venus des grandes villes.
Certaines auto-écoles de province accueillent à bras ouvert les candidats malheureux venus des grandes villes.

Maudline, une jeune femme de 19 ans originaire d’Ivry-sur-Seine (94), avait raté son permis à deux reprises avant de se tourner vers cette plate-forme : « j’ai été orientée vers une auto-école de Valenciennes avec laquelle j’ai repris 13 heures de conduite réparties en 4 jours sur place. Le dernier jour, j’ai pris une dernière leçon juste avant l’examen. Ça m’est revenu à 1 388 € tout compris avec le voyage et l’hébergement, mais au moins j’étais à fond dans le bain. J’ai pu prendre confiance en moi, et je suis repartie avec mon permis. »

"Gagnant-gagnant"

Un satisfecit partagé par Thierry Gilbert, moniteur d’une auto-école partenaire à Solesmes (Nord), interrogé par Caradisiac : « on observe que notre taux de réussite augmente avec ces candidats venus des grandes villes ! Ils sont plus confiants, mais aussi plus âgés et plus matures. Comme ils financent souvent leur permis et prennent même parfois des jours de congés pour venir, ils sont très appliqués. C’est du gagnant-gagnant, pour eux comme pour nous. En un an et demi de partenariat, on a reçu une centaine de ces personnes. Les inspecteurs ne voyaient pas forcément d’un très bon œil ce phénomène au début, puis ils ont compris que les candidats recevaient une bonne formation complémentaire. Cette offre manquait, entre les auto-écoles traditionnelles et ces plates-formes Internet qui n’apportent pas grand-chose. »

Certes, l’existence d’une telle formule ne va pas dans le sens de la réduction du coût du permis que candidats et gouvernement appellent de leurs vœux. Elle a en revanche le mérite de sortir de l’échec des aspirants conducteurs parfois tétanisés par la peur de l’examen, et pour qui l’obtention du permis est une garantie de mobilité et d’insertion professionnelle. Pour reprendre une fameuse des Tontons flingueurs, « le  prix s’oublie, la qualité reste. »

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