Vous l'aurez compris, nous ne sommes pas face à un biopic de Marguerite Yourcenar mais qu'importe, vous êtes sur Caradisiac et non en train de feuilleter Télérama. Alors que vaut Hell Driver, ou Drive Angry dans sa version originale, d'un point de vue « automobilistique » ? Avec Nicolas Cage au premier plan dans le rôle de John Milton, sommes-nous au niveau d'un 60 Secondes Chrono ou avons-nous sombré aux côtés de Ghost Rider ?

Avant tout, nous le savons déjà, Cage est un amateur de belles voitures mais surtout un véritable connaisseur, ce qui le détourne donc des Hummer H2 chaussées en 26 pouces chromées pour lui faire préférer des véritables bijoux mécaniques, tels qu'une splendide Aston-Martin DB7 AR1 Zagato, une somptueuse Ferrari 250 GT California ou une fantastique Porsche Carrera GT. Mais il n'est pas le seul au casting à avoir un faible pour les bolides : William Fichtner, le méchant Comptable au cynisme froid et au détachement le rendant finalement sympathique, a dans son garage une Plymouth Road Runner de 1970, quant à Amber Heard, la blonde au visage proche de la perfection qui joue le rôle de Piper, elle a été récemment l'invitée de Top Gear pour faire quelques tours du circuit de l'émission au volant d'une Kia Cee'd devant un Jeremy Clarkson amoureux, et parcourt habituellement les rues de Los Angeles en Ford Mustang de 1968. Les bases solides étant posées, que pourra-t-on admirer dans Hell Driver ?

La star mécanique du film est sans aucun doute la Dodge Charger R/T de 1969 déjà connue pour sa participation à la série Shérif, fais-moi peur, tandis que les millésimes précédent et suivant se sont illustrés respectivement dans Bullitt et Fast n'Furious. Elle troque ici la livrée orange de General Lee pour un noir mat du plus bel effet en faisant un véritable Dark Vador automobile, le V8 440ci de 375ch se chargeant de la respiration rauque. Vient ensuite une tout aussi désirable Chevrolet Chevelle SS de 1971 dotée d'un V8 454ci de 365ch et dont la robe, elle, est du plus pur style Dark Maul. Les amateurs de muscle cars ne manqueront pas de noter aussi les présences plus fugaces d'une Chevrolet Camaro SS de 1968, d'une Buick Riviera de 1964 et d'une Chevy 1957.

Tout ce petit monde se rassemble dans un road movie à l'ancienne avec en bande son du grondement de V8 culbuté mélangé à des riffs de guitare, le tout ponctué de poursuites et de cascades où, une fois n'est pas (ou plutôt n'est plus) coutume, on froisse plus souvent de la tôle que du pixel malgré la 3D, pour un effet voulu plus réaliste. Même si le second degré est constant, le résultat dégouline évidemment de testostérone, avec un héros en colère et armé d'un rustre fusil à pompe à canon scié utilisé de préférence à bout portant, une héroïne généreuse en jurons, en coup de santiag dans les braguettes masculines et en direct du droit sur le nez de ses rivales (nues), des serveuses blondes siliconées aux mœurs légères, des camions citerne en feu et des têtes qui explosent. Un film enthousiasmant donc pour les amateurs de muscle cars sur grand écran, mais qui est, vous l'aurez compris, plutôt à voir entre copains d'enfance velus que lors d'un premier rendez-vous amoureux.

Sortie sur les écrans : 23 mars 2011

Critique Ciné Auto - Hell Driver : de la muscle car, de la blonde et du fusil à pompe

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