Chez Alfa Romeo, marque à l’ADN autant italien que sportif, la « bella machina » est une institution, magnifiée à travers un coupé ou un spider. Les années 90-2000 auront été marquées par le GTV « Type 916 ». Une belle GT signée Pininfarina qui a tout, aujourd’hui comme demain, pour exciter l’amateur de belles carrosseries !


Repères

Production

1994 – 2004

Puissance

144 à 240 ch

Cote 2012 :

À partir de 5 000 €

Depuis le célèbre coupé Giulia 1600 GT Sprint inauguré en 1963, plus connu sous le nom de « Coupé Bertone » (du nom de son carrossier), la belle GT offrant un rapport prix/prestations imbattable est un incontournable chez Alfa Romeo, pour le plus grand bonheur des amateurs du genre. Une GT qui devient plus « Veloce » dès qu’elle reçoit des moteurs plus musclés, ce qui fait bien sûr partie du programme chez Alfa. Depuis cette belle époque, la « GTV » refait régulièrement surface chez le constructeur milanais. Dans les années 70, une GTV étroitement dérivée de l’Alfetta connut son heure de gloire, modèle qui fut remis au goût du jour au début des années 90, sous les traits de l’exemplaire présenté dans ce dossier. Ce GTV, présenté en octobre 1994 au Mondial de Paris, a ses nombreux détracteurs, mais il mériterait pourtant d’être réhabilité. Certes, notre coupé 2+2 (décliné aussi en Spider), fut le premier à passer du « régime » propulsion à la traction avant. Un crime de lèse-majesté ! Quant à la finition à la sauce Fiat, donc très « plastique », elle s’avère indigne d’une telle voiture. Car cette GT est signée de main de maître par Pininfarina (en collaboration avec le centre de style Alfa Romeo). A n’en pas douter, c’est le gros point fort de la voiture. D’ailleurs, le restylage opéré en 2003 n’aura que peu d’incidence sur ce chef d’œuvre, juste magnifié au niveau de la calandre, plus imposante. Derrière pouvait respirer un 4 cylindres Twin Spark plein de peps (1.8 ou 2.0), mais surtout le V6 maison, décliné en 2.0 turbo (201 ch), ou mieux, en 3.0 24v de 220 ch, et même en 3.2 de 240 ch ! Un joyau qui mérite à lui seul de s’intéresser à cette Alfa belle et rebelle…






Sur la route


Vous tomberez sous le charme de la présentation intérieure, très sportive avec ses gros compteurs circulaires abrités sous une casquette. On se sent bien dans cette Alfa à la dotation de série généreuse, et l’ergonomie brille par son côté intuitif. En revanche, pour la finition, mieux vaut ne pas être trop exigeant. Les plastiques, de qualité médiocre, souffrent d’assemblages approximatifs (nombreux bruits de mobilier). Ici, la présence d’une sellerie cuir (de série sur V6) est bien un minimum pour rehausser la qualité perçue, déplorable. Et sur route, ce GTV offre le pire comme le meilleur… Forcément, passer de la bonne vieille propulsion à une simple traction, comme sur une vulgaire berline mazoutée, cela change tout !

Futur collector Alfa GTV

Cette modification radicale, historique pour la marque milanaise, n’est hélas pas sans conséquence sur la conduite, mise à mal dès que l’on roule sportivement (pertes de motricité, remontées de couple dans le volant, sous-virage prononcé…). Cela est déjà perceptible sur sol sec avec les versions 4 cylindres, déjà expressives, et ce phénomène s’amplifie évidemment sur une chaussée humide ou sur des routes bosselées. Alors imaginez avec les GTV V6, débordant d’énergie ! Pour gagner (un peu) en rigidité (et donc en efficacité), fuyez le Spider, plus lourd et pas assez résistant à la torsion. Des griefs qui s’envolent en revanche comme par magie, lorsque l’on a la chance de rouler à bord d’une version V6, la 3.2 en particulier, presque aussi communicative qu’une Ferrari !


Futur collector Alfa GTV

A vérifier avant d’acheter


Méfiez-vous des modèles antérieurs à 1997, car il y a eu des ennuis de jeunesse importants (campagne de remise à niveau en 96-97). Les mécaniques sont réputées fiables, sauf le 2.0 V6 turbo, sujet à des casses répétées. Sur les modèles 95-96, les câblages électriques ont posé problème (gestion moteur défaillante). Les 2.0 Twin Spark ont connu des ruptures de courroie de distribution (tendeurs et poulies améliorés en juin 1996), et les JTS des soucis de sonde lambda. Pour les 4 cylindres et les V6, vérifiez que la distribution est « à jour » (à faire respectivement tous les 60 000 et 100 000 km). Toujours sur les premiers modèles (95 à 98), un bruit anormal d’assistance de direction se fait entendre lors d’un fort braquage. Plus grave, des bruits de suspensions prononcés, avant et arrière, ont affecté les versions V6 (perceptible lors de fortes accélérations). Un défaut connu du réseau qui nécessite le remplacement des bras de suspensions. Sur les millésimes 95-96, des claquements d’amortisseurs à l’arrière peuvent survenir, tandis que les rotules de bras arrière doivent être changées vers 100 000 km. Sur les GTV produits jusqu’en 1998, l’ABS est anormalement sensible. Pour finir, sachez que cette Alfa, bien que récente, rouille (bas de caisse sur modèles construits jusqu’en 2000). Les charnières de porte sont fragiles (sur modèles 95-96), avec un risque d’affaissement à la clé, mais aussi les vérins hydrauliques du coffre (modifications en 1997). Les joints montrent des signes de faiblesse, notamment ceux des portes (encadrements et vitres), quant à l’aileron arrière, présent sur certaines versions (kit aéro), il peut se détacher lors d’un lavage au rouleau (problème résolu en 1998). En clair, choisissez une version restylée (2003), beaucoup plus fiable !





Notre version préférée


A moins d’être un inconditionnel de la balade tranquille cheveux au vent, nous choisissons sans hésiter le Coupé (de préférence restylé, plus fiable). Il est non seulement plus pratique à l’usage (c’est un vrai 2+2), mais aussi plus agréable à vivre et à conduire (meilleure insonorisation et rigidité). Après, côté moteur, mis à part le marginal 2.0 V6 turbo, réputé fragile, il n’y a rien à jeter. Même les « modestes » 4 cylindres donnent le sourire, y compris le petit 1.8 16V, musical et rageur. Ce bloc est assez performant (210 km/h) et relativement économique à l’usage, mais en plus il se montre parfaitement homogène, sa puissance étant bien adaptée au train avant. Il en va de même du 2.0 16V de 150 ch, parfaitement calibré pour cette voiture. Après, bien sûr, plus on monte en gamme, et plus l’émotion s’en trouve décuplée, avec une mention particulière pour les V6, de vrais « cœurs sportifs » (mais là, gare aux remontées de couple dans le volant !). C’est pourtant cette dernière version qui a, de loin, notre préférence. Et quitte à monopoliser une place dans votre garage pour ce GTV, autant choisir la bonne version : une V6 3.2, sinon rien ! Réputée fiable et généralement bien équipée (avec la sellerie cuir), mais aussi plus performante et enivrante que les autres, cette Alfa compense son manque de rigueur par la musicalité extraordinaire de son moteur. Un V6 comme on n’en fait plus, qui n’a qu’un défaut : un appétit démesuré, de l’ordre de 14 litres en conduite coulée, et plus de 20 litres à l’attaque ! Une vraie Alfa « passion », qui a un intérêt évident en collection…






Fiche technique : Alfa Romeo GTV V6 3.2


Moteur : 6 cylindres en V, 24v

Cylindrée : 3 179 cm3

Alésage x course (mm) : 93 x 78

Alimentation : gestion électronique

Puissance : 240 ch à 6 200 tr/mn

Couple : 28,9 mkg à 4 800 tr/mn

Transmission : roues avant, boîte de vitesses mécanique à 6 rapports

Poids (kg) : 1370

Dimensions (L x l x h) en m : 4,30 x 1,78 x 1,32

Pneus : 225/45 YR 17

Freins AV/AR : disques ventilés / disques pleins

Réservoir : 70 litres

Vitesse maxi : 255 km/h

0 à 100 km/h (sec) : 6,5






On aime

Ligne superbe

Moteurs V6 envoûtants

Tempérament sportif

Ambiance intérieur

Cote attractive




On aime moins

Motricité défaillante

Finition désinvolte

Carrosserie vulnérable

Fiabilité premiers millésimes



 


Conclusion


Boudée par les puristes pour avoir choisi le camp de la traction avant, cette superbe Alfa Romeo n’en demeure pas moins une GT attachante, surtout lorsqu’elle reçoit le V6 maison, aujourd’hui hélas disparu. Affichée à de petits prix, cette GTV est de plus très fréquentable si l’on prend soin de sélectionner l’un des derniers millésimes, bénéficiant du restylage. Voilà une belle opportunité, à ne pas laisser passer !





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