Plus qu’une simple Ferrari, la Testarossa est le fantasme absolu de toute une génération d’ados approchant la quarantaine aujourd’hui. Tombée depuis en désuétude, l’extravagante Testarossa s’affiche désormais en occasion au prix d’une simple berline diesel. Profitez de cette aubaine : cela ne durera pas !

Au milieu des années 80, l’adolescent que j’étais encore avait trois posters incontournables placardés dans ma chambre : une Lamborghini Countach (blanche), une Ferrari Testarossa (forcément rouge) et… Samantha Fox ! Près de 25 ans plus tard, force est de reconnaître que les divas italiennes font plus envie que la chanteuse anglaise. Et pour ce qui est de la « Testa » (pour les intimes), elle possède assez d’atouts pour vous faire objectivement craquer. Apparue en 1984 pour remplacer la BB, la Testarossa est un monument du design, avec sa ligne spectaculaire signée Pininfarina. Large (1m97) et basse (1m13), la Testarossa s’habille d’une robe composée de « mille-feuilles » sur les flancs, déroutante mais indispensable pour gaver en air frais la « salle des machines ». Il vaut mieux d’ailleurs, car derrière l’habitacle de cette berlinette stricte deux places prend place, en position centrale arrière, un 12 cylindres 4.9 boxer.


D’une puissance initiale de 390 ch, ce bloc passera en 1992 à 428 ch à l’occasion d’un restylage, qui donnera lieu à un changement d’appellation (512 TR). Et en 1994, la 512 M (pour « modificata ») termine la carrière de la Testarossa en beauté, en culminant à 440 ch. Si ces deux dernières versions, plus récentes et plus performantes, s’échangent aujourd’hui à plus de 70 000 € en seconde main, ce n’est pas le cas de la Testarossa originelle, que l’on peut trouver dans une fourchette allant de 40 à 50 000 €. Une aubaine, dans la mesure où la cote de cette voiture culte va sérieusement remonter dans les années à venir. Encore faut-il l’acheter en connaissance de cause : Caradisiac a mené l’enquête…


Sur la route : la piloter demande du métier

Repères

Production :

1984 – 1992

Puissance :

390 à 440 ch

selon version

Cote 2012 :

à partir de 40 000 €

Passé le premier choc, d’ordre visuel, vient un deuxième choc, moins flatteur. A l’ouverture des portes on redécouvre une présentation d’un autre âge, prêtant à sourire. L’ergonomie est discutable, avec un grand volant placé anormalement bas, sans parler de commandes annexes placées curieusement aux côtés du levier de vitesses. La finition laisse à désirer, avec l’intrusion massive de plastiques bas de gamme. Pour un peu, on pourrait se croire au volant d’une Fiat Tipo de l’époque, s’il n’y avait pas ce levier de vitesses en aluminium si caractéristique, et cette belle sellerie en cuir. Mais le troisième choc, auditif cette fois, saura vous convaincre : il suffit de tourner la clef de contact pour lancer le 12 cylindres à plat ! Après un temps légitime d’adaptation, cette propulsion reste agréable à conduire (mais la piloter demande du métier… et beaucoup de place !).

Il faut néanmoins composer avec le levier de vitesses à 5 rapports, logé dans une grille en « H » aux verrouillages précis, et une pédale d’embrayage ferme. Idem pour la direction (non assistée !), qui évoque plus à faible allure un camion qu’une voiture de sport. En revanche, lorsque la route se dégage enfin, libérer les chevaux de l’écurie permet à cette GT de plus de 1500 kg de donner le meilleur d’elle même. Le 12 cylindres, assez coupleux (50 mkg à 4 500 tr/mn), s’exprime à l’approche des 3 000 tr/mn, pour délivrer sa puissance maximale à 6 300 tr/mn. De quoi accrocher rapidement les 292 km/h promis, mais la tenue de cap reste perfectible, tout comme le mordant du freinage, peu rassurant.

Nouvelle rubrique : les futurs collectors de Caradisiac   -  Ferrari Testarossa : tube des années 80

Après un temps légitime d’adaptation, cette propulsion reste agréable à conduire. Il faut néanmoins composer avec le levier de vitesses à 5 rapports, logé dans une grille en « H » aux verrouillages précis, et une pédale d’embrayage ferme.


Voiture d’exception à l’époque, la Testarossa le demeure à plus d’un titre. Autrement dit, l’acheter est une chose, l’entretenir une autre ! N’achetez pas « un prix », mais un exemplaire en parfait état de marche et de présentation, conforme à l’origine, entretenu rigoureusement depuis sa mise en circulation. A ce sujet, ne vous contentez pas d’un carnet d’entretien à jour, mais exigez toutes les factures, afin de retracer précisément l’historique du modèle convoité. Tous les 3 ans (ou 30 000 km), il faut prévoir de changer la courroie de distribution, opération vitale facturée 6 000 € en moyenne chez un spécialiste (beaucoup plus dans le réseau !). Pour bien faire, une révision intermédiaire est à effectuer tous les ans (ou 10 000 km), ce qui coûte 1 000 € environ (vidange, recharge de clim, changement du liquide de frein…). Ça, c’est quand tout va bien, car la Testarossa connaît des faiblesses chroniques, comme la boîte de vitesses (il faut absolument la laisser monter en température avant de la solliciter).

A vérifier avant d’acheter : la boîte de vitesses, dont la remise en état coûte plus de 10 000 €

Un peu sous-dimensionnée, cette dernière reste fragile au niveau des pignons (de seconde et de troisième, principalement). Traquez le moindre sifflement suspect et évitez les démarrages « canons » à répétition (12 000 € environ de remise en état chez un spécialiste, près du double chez Ferrari). Une opération à faire à l’approche de 100 000 km (certaines boîtes cassent dès 30 000 km quand l’auto est mal conduite). La finition, légère, amène elle aussi son lot de déconvenues. Le cuir, fin et fragile, vieillit mal (craquelures sur le dessus de la planche de bord), tandis que les dysfonctionnements électriques sont fréquents, le boîtier à fusibles étant sous-dimensionné (surchauffes occasionnelles). Pour finir, sachez que le châssis est tubulaire et la coque en aluminium (excepté le toit et les portières, en acier). Traquez la moindre trace de choc (soubassements compris), car une remise en état sera très coûteuse. Et oui : rouler en supercar, même des années 80, reste… super-cher ! 

 

Notre version préférée : privilégiez la version originelle

Il y a Testarossa… et Testarossa. Notre dossier se limite aux premières versions, développant 390 ch. Les plus recherchées sont les premiers millésimes (1984-1987), qui ne disposent que d’un rétroviseur perché côté conducteur. Autre particularité : ces dernières n’ont qu’un écrou central au niveau des jantes. Cette version originelle, qui est un collector en puissance, sera à coup sûr la plus recherchée. Après, pour un usage plus quotidien, la présence d’un deuxième rétroviseur change la vie, ne serait-ce que pour se garer (modèle à 5 écrous par roue, commercialisé de 1987 à 1992). Actuellement, les prix sont quasi-identiques (avec une petite surcote pour les premiers modèles), pour des exemplaires en état comparable. S’il est possible de dénicher une Testarossa à partir de 40 000 €, le juste prix semble plus se situer vers les 50 000 €. Un prix qui devrait probablement doubler dans les 20 années à venir…

 

Contact utile : le club

La Testarossa est déjà incontournable au Club Ferrari France, club très actif (plus de 900 autos de répertoriées). Vous pouvez le contacter au car-cff@wanadoo.fr ou au 01 47 39 96 50. Une chose à faire pour glaner de précieuses informations sur cette auto. Profitez de l’occasion pour essayer de trouver un bel exemplaire, à l’historique connu, auprès d’un membre !

 

Fiche technique : Ferrari Testarossa, (1984 à 1992)

Moteur : 12 cylindres à plat, 48 S

Cylindrée : 4942 cm3

Alésage x course (mm) : 82 x 78

Alimentation : injection électronique

Puissance : 390 ch à 6300 tr/mn

Couple : 50 mkg à 4 500 tr/mn

Transmission : roues arrière, boîte de vitesses mécanique à 5 rapports

Poids : 1 505 kg

Dimensions (L x l x h) en m : 4,48 x 1,98 x 1,13

Pneus : 225/50 VR 16

Freins AV/AR : disques ventilés

Réservoir : 115 litres

Vitesse maxi : 292 km/h

Conso moyenne (l/100 km) : 14,5

 

On aime

Mythe encore abordable

Design unique

Moteur fabuleux

Performances

 

On aime moins

Encombrement/rétrovision

Finition et ergonomie

Entretien cher et scrupuleux

Disponibilité de certaines pièces

Nouvelle rubrique : les futurs collectors de Caradisiac   -  Ferrari Testarossa : tube des années 80

Notre photographe, Eddy Clio, a une passion pour les beaux objets, notamment, pour les belles autos de sport. Il arpente depuis des années les rues parisiennes la nuit et immortalise ses rencontres.

Retrouvez toutes ses photos de Testarossa dans son album dédié.