Physique de l'étrange

Avant de se mettre devant la planche à dessin, les responsables du design, Loic Pérois et Benoit Cohen, ont cherché à définir l’ADN de PGO. Mission pas évidente pour une marque qui a débuté en répliquant des Porsche 356 avant de développer et de fabriquer une auto au look largement inspiré de ces premières répliques. Tirer un portrait robot de PGO à partir de cette maigre histoire était donc plus qu’hasardeux. Le jus sorti de cet essorage de méninges répond à la question en retournant le problème. À quoi doit ressembler une PGO ? Comme il est difficile d’y répondre, ils ont choisi qu’une PGO ne devrait ressembler à rien d’existant. Contre-pied qui aboutit à Hemera….qui effectivement, ne ressemble pas à grand-chose de déjà-vu.

Le gabarit tout d’abord. Sorte de Mini Cooper ou d’Opel Agila dont on aurait raboté le toit et arrondi les angles, cette Hemera est une petite trapue. L’œil rond, les formes généreuses, une bosse sur le dos, c’est un peu le croisement entre Monica Belucci (pour les hanches), Quasimodo et … une grenouille. Avec sa couleur du jour, notre Hemera ressemble à une grosse rainette et logiquement, elle ne passe pas inaperçue. Sa propension à attirer les regards interrogateurs et à générer du sourire est assez étonnante à une époque où rouler en coupé sport peut vous faire passer pour un dangereux criminel aux yeux de certains.

Essai - PGO Hemera : drôle de cévenole

En fait, Hemera n’est pas arrogante. Un peu comme une Daihatsu Copen, elle diffuse de la sympathie par sa taille et ses formes … non, je n’ai pas évoqué Mimi Mathy mais bien Monica Belucci. Bref, nous avons passé notre journée à croiser des regards, écouter des sentences et répondre à une multitude de questions « je l’ai vu à la télé », « c’est un diesel », « y’a combien de places », « attendez, j’appelle ma femme », « on peut faire une photo ? », « ça coûte combien ? », « oulala, c’est petit dedans », « y’a un coffre ? » … etc. On n’a pas un métier facile.

En tout cas, personne n’a trouvé ça « moche » ou « horrible » mais plutôt « étrange » et « marrant ». Le choix risqué des designers n’est peut être pas si fou que ça.

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Beauté intérieure

Hemera est distinctive dehors et assez présentable à l’intérieur. Bien évidemment, étant donné le gabarit de l’engin et le moteur placé derrières les occupants, les plus de 1m80 s’enchâsseront plus qu’ils ne s’installeront dans l’Hemera. Et pour peu qu’ils soient 2, ce sera très intime. Il faudra donc choisir son passager avec justesse. Pour les plus anciens, cela rappellera les années 60 / 70 où vous entriez dans un coupé de sport comme un haltérophile dans un short de Britney Spears. Pour les mêmes nostalgiques, la batterie de 8 compteurs dont on ne sait plus à quoi cela peut bien servir aujourd’hui est un héritage du passé ou la valeur d’une sportive se mesurait au nombre de ses cadrans. Reste qu’esthétiquement, c’est plutôt flatteur, tout comme la console centrale et l’éclairage indirect par des leds fixés sur le ciel de toit.

La petite touche qui gâche l’ensemble reste le cache de la colonne de direction et le volant franchement cheap malgré son revêtement cuir. Ce dernier sera changé et il serait aussi bon de masquer ou tout du moins de rendre plus qualitatif, cet habillage de colonne que l’on a sous les yeux en permanence. Il y en aura forcément qui pesteront contre les commandes issus de la grande série mais très sincèrement, je ne connais personne pour qui la forme des commodos motive la non-signature d’un bon de commande ! Bref, l’important étant l’ergonomie, de ce point de vue, rien à redire. Les baquets cuir magnifiques vous acceptent avec bienveillance mais malheureusement, tous les gabarits ne trouveront pas la meilleure position du fait d’un volant réglable exclusivement en hauteur. Personnellement, mes parents m’ont conçu pour la PGO, je les en remercie.

Essai - PGO Hemera : drôle de cévenole

Toute auto qui se veut distinctive doit posséder une particularité qui définit sa personnalité. Chez PGO, elle se trouve dans les ceintures de sécurité qui sont fixées entre les sièges. Pour la boucler, il faut donc la saisir en se tournant vers la droite pour aller la clipser à gauche, soit l’inverse de l’habitude. À la huitième fois où vous vous tournez du mauvais côté, le cerveau imprime le changement et finalement, on est plutôt fier de cette singularité. Les Porsche ont la clé de contact à gauche, la PGO, les ceintures au centre !

Le gimmick extérieur qui signe Hemera est sans conteste son ouverture de coffre qui se fait par la lunette arrière. En pressant un bouton situé dans l’épaisseur du montant de porte, on déverrouille ce vitrage ovoïde qui ensuite, manuellement, translate vers l’avant dans un mouvement de pantographe façon Kangoo Bebop. C’est spectaculaire et « remarquable ». Ne reste plus à PGO qu’à trouver un moyen de rendre l’ouverture entièrement automatique et ils auront créé le « truc imparable » qui achèvera les indécis(es).

Essai - PGO Hemera : drôle de cévenole