Vendredi 29 juillet. 10 heures. C'est le grand rush des parisiens sur le boulevard périphérique. Direction : les vacances. Surprise ! Mauvaise surprise pour des milliers d'entre eux. Impossible d'emprunter le périphérique. Toutes les voies d'accès sont fermées. Des policiers sont postés à l'entrée des portes de Paris.
Que peut-il bien se passer de si important pour imposer une fermeture générale du périph un 29 juillet, l'une des journées les plus noires de l'année au départ de Paris ?
Une attaque terroriste ? On lit l'inquiétude dans le regard des automobilistes qui commencent à s'amonceler les uns derrière les autres. Des embouteillages très disciplinés se forment. L'un deux se renseigne auprès d'un gendarme. Motif de la fermeture : le retour d'Ariel Sharon. Le bruit court parmi les conducteurs, outrés.
L'attente va durer entre 30 et 45 minutes, temps pendant lequel les automobilistes pris en otage ont eu le temps de méditer sur le peu de considération de l'Etat à leur égard.
On nous dira qu'assurer la sécurité de M.Ariel Sharon est un devoir pour l'Etat français lorsqu'il est en visite officielle à Paris. C'est une évidence et personne n'entend remettre en cause la volonté du Ministère des Affaires Etrangères d'assurer à M. Ariel Sharon une protection hors norme. Mais on peut en toute bonne foi reprocher à M. Douste Blazy, Ministre des Affaires Etrangères, de ne pas avoir du tout pris en compte la population francilienne.
Ainsi, tandis qu'une escorte officielle a déposé vendredi matin son convive à Orly, tous les vacanciers se sont retrouvés bloqués aux portes même du périphérique. M. Ariel Sharon a pris son avion à l'heure. Mais les Parisiens, grâce au ministre, devraient arriver un peu plus tard encore sur leurs lieux de villégiature. A une période où les membres du gouvernement ne cessent de répéter qu'ils souhaitent être plus que jamais être à l'écoute des « Françaises et Français », on note une fois encore tout le décalage entre des propos politiciens et une réalité qui peut être vécue, perçue, différemment.
On n'aurait jamais procédé de la sorte dans un autre grand pays. En Angleterre, aux Etats-Unis, où ailleurs, les autorités se seraient arrangées pour ne pas causer de désagréments à la population. Il aurait été si simple de déposer M. Ariel Sharon à Orly en hélicoptère... Mais comment en vouloir vraiment à M. Douste-Blazy qui manifestement n'avait pas programmé de partir en vacances avec sa famille et sa voiture le vendredi 29 juillet à 10 heures. Quelle drôle d'idée aurait-il eu là ?
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