Quand on aime le sport automobile, on a des envies parfois complexes à assouvir. Et si l'on est amateur de monoplace et du saint-graal qu'est la Formule 1 l'équation est quasiment impossible à résoudre. Places hors de prix, paddocks et voitures inaccessibles, on revient trop souvent frustré d'un weekend F1 qui est plus lisible en HD dans son salon.


Formula Renault 3.5 series ou GP2 Series ?


Si vous aviez l'idée de redescendre d'un cran pour voir se battre au coude à coude (formules monotypes obligent) des jeunes dont certains se retrouveront ensuite en F1, il y a deux alternatives. Les courses de Formule Renault 3.5 et les courses GP2 Series.


Le débat fait rage entre les pro GP2 et les pro FR3.5 pour savoir quelle filière est la plus utile pour se former à la F1. Sans rentrer dans le débat aujourd'hui les deux formules se valent grosso modo et alignent des pilotes champion du monde F1 récents. Hamilton pour le GP2 et Vettel pour la FR3.5 excusez du peu.


« le championnat Formula Renault 3.5 series est désormais tout aussi relevé que le GP2, sinon plus, tout en étant visible lors d'évènements gratuits 

Malheureusement pour le GP2 ses courses se font en ouverture des courses de F1 (celles en Europe) et l'accès y est du coup tout aussi couteux et peu libre. De son côté le championnat FR3.5 est désormais tout aussi relevé que le GP2, sinon plus, tout en étant visible lors d'évènements gratuits. Compétition, convivialité, monoplaces et gratuité cela nous semblait trop alléchant pour être vrai, il fallait vérifier sur place. On croirait une promesse de rencontre sport auto d'une autre époque.


Ni une ni deux je pique des places à Renault et on file avec le comparse de tous mes plans foireux à Spa Francorchamps pour aller assister à un weekend complet des World Series by Renault. Coups de soleil compris, rien ne nous effraie.


Allons voir ces fameuses courses de FR3.5, l'antichambre de la F1 d'aujourd'hui et de demain !


Jusqu'à trois différentes formules monoplace et un goût de F1


Les WSR c'est d'abord jusqu'à trois formules de monoplace pour les amoureux du genre.


Pour les jeunes furieux tout juste sortis du baquet de karting et qui jouent leur honneur, leurs rêves et leur apprentissage course après course on a les Formula Renault 1.6 North European Cup Junior. Motorisées par un dérivé du moteur de la twingo RS, un 1600 atmo de 160cv à 7300 tours pour 470kg, boite 5 à crabots. Dans la première course de ce weekend dès le premier tour et après avoir joué toute l'aspiration possible dans le long droit qui suit le mythique raidillon, plusieurs voitures s'étaient empilées au gros freinage suivant, les combes. Nouveauté de cette année 2014, un volant en FR2.0 sera offert au meilleurs des différents championnats nationaux.



On a testé les World Series by Renault : weekend de compétition sympa ou fantasme marketing surcoté ?

Les Formula Renault R2.0 en plein combat


Plus relevé et tout aussi fougueux on assiste aussi aux courses d'Eurocup Formula Renault 2.0. Motorisées par un 2 litres atmo dérivé de celui de la Clio 3RS, 210cv à 7150 tr/mn pour 506kg et une boite séquentielle 7 rapports. Formule de promotion au niveau relevé dont le vainqueur en fin d'année se voit offrir un budget pour courir en Formula Renault 3.5 l'année suivante. Excusez du peu. Chaque course de ce championnat est vitale pour ces coureurs qui ne rêvent que de grimper encore deux échelons pour arriver un jour en F1.


Cette formule a vu passer des profils très différents dans le temps comme Jason Plato (en 1991) !


Les dépassements sont nombreux, les pilotes talentueux et le son n'est pas en reste. Les vitesses de passage sont très élevées et ça ne fait pas semblant, la course est plus raisonnable sur les contacts qu'en FR1.6 mais encore plus impressionnantes et nombreux sont les pilotes qui peuvent jouer la victoire.


Pierre Gasly (FR) qui a gagné l'édition 2013 du FR2.0 a participé à 14 courses avec un bilan qui s'est établi à 8 podiums et 3 victoires, c'est dire si la première place se joue entre beaucoup de pilotes qui veulent montrer ce qu'ils font là et il est très rare de voir un pilote truster toutes les victoires comme cela arrive certaines saisons en F1.



On a testé les World Series by Renault : weekend de compétition sympa ou fantasme marketing surcoté ?

La Formula Renault 3.5 de Carlos Sainz Junior vainqueur des deux manches de Spa 2014


Viens enfin la Formula Renault 3.5 Series dont les performances sont plus proches que jamais de la F1 pour un budget par équipe environ cent fois inférieur pour celles qui jouent la gagne de part et d'autre. Motorisées par un v8 atmo 3,4l de 530cv à 9000 tr/mn et une boite séquentielle 6 rapports pneumatiques pour 623kg à sec. Là on ne rigole plus. Certains peuvent y vivoter s'ils en ont le budget, mais ils seront en fond de grille. Ici les pilotes savent qu'ils n'ont que deux à trois années grand maximum pour faire leur preuves et monter en F1.

« Les dépassements sont superbes, le style déjà fluide et le son des FR3.5 est agressif et envoÛtant à la fois. [...] Le spectacle est entier 

Chaque course se fait donc proprement car personne ne peut jouer sa saison à la roulette russe, mais les pilotes ne deserrents jamais les dents et pour cause. Le grand prix c'est un essai de F1, ces petits moments où les junior rentrent enfin dans la coque carbone d'une F1 pour faire leur preuve le temps d'une journée de test.


Les dépassements sont superbes, le style déjà fluide et le son des FR3.5 est agressif et envoutant à la fois. Puis un rapport se passe, une explosion retentit, l'adversaire remonté à la force de l'aspiration se décale, plonge, les deux se frôlent et virent de front, leur duel durera de longs tours. Le spectacle est entier.


Sur un week-end de trois jours les FR3.5 enchaînent :

  • deux séances de tests collectifs de 50mn chacune
  • deux séances de qualifications de 30mn chacune
  • deux courses de 40mn dont une avec un arrêt au stand obligatoire


Ce n'est donc pas moins de quatre heures de FR3.5 qui s'offrent à vous si vous tentez la totale.


Et si ça ne suffit pas, dans le planning quelque part entre les différentes formules vous aurez droit à quelques passages de la F1 RedBull de l'an passé. Ce n'est ni une course, ni des essais, juste du fun, des passages rapides, parfois inversés. On a ainsi pu voir une F1 aux specs 2013 descendre le raidillon de Spa en sens inverse sur certains passages ! Sur le weekend complet on a eu droit à quatre petits interludes de F1 de 10mn chacun.



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Une F1 qui descend le raidillon à Spa, ce n'est pas commun



Et bien d'autres courses et démo



En dehors de ces disciplines reine, le WSR laisse la piste à bien d'autres choses. Baptême du circuit en Megane RS (vip mais aussi des visiteurs tirés au sort), show Renault Sport à travers les âges avec un Jean Ragnotti qui fait virevolter dans tous les sens sa fidèle 5 Maxi Turbo tour de corse cracheuse de flammes.



On a testé les World Series by Renault : weekend de compétition sympa ou fantasme marketing surcoté ?

Jean Ragnotti dans ses oeuvres



Parade des collectors sur la piste, présentation de la gamme dans les espaces prévus à cet effet, stand F1 qui permets de s'en approcher à porté de main, blip test de la GT Academy disponible pour tester votre champ de vision et votre vitesse. Boutiques, atelier de glisse en faible adhérence, atelier « simulateur de tonneau » qui vous installe dans une voiture avant de vous essorer plusieurs tours sur vous même.



On a testé les World Series by Renault : weekend de compétition sympa ou fantasme marketing surcoté ?


Concerts, trente minutes de pitwalk chaque jour où le public peut marcher le long des stands, voir les différentes voitures de course de près. Et bien entendu les courses en Clio cup de toutes les ligues d'Europe.


Mais aussi des concerts, démos de vélo trial, activités pour les enfants (manèges gonflables, peinture sur le visage, …), des stands qui vendent un peu de tout autour de la passion des sports mécaniques, des simulateurs de F1, un endroit où vous pourrez vous chronométrer pour changer les pneus d'une F1, bref une grande foire aux moteurs à combustion interne même si l'on a croisé des Twizy (dont la version F1 en expo) et des Zoe.



J'ai fait le décompte et mon petit carnet pour le timing du weekend recensait pas moins de 44 activités différentes sur la piste réparties en trois jours, je n'ose à peine imaginer l'organisation de guerre que cela représente pour minuter un départ de formule 2.0 dans les minutes qui suivent la rentrée de la F1 dans les stands.



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Mon petit carnet à droite, ouvert sur le programme du dimanche, très dense



Et les points négatifs dans tout ça ?



Plus je relis cet article plus je me demande quels sont les points négatifs, tant on est rentrés le sourire aux lèvres et les oreilles emplies de haut régimes.


La foule ? Un peu mais les 68.000 personnes qui sont venues à Spa, réparties sur trois jours, étaient bien digérées par le circuit, sans doute parce que plus d'espaces que d'habitude étaient ouverts. Ça se pousse pendant la pitwalk et les shows F1 mais le reste du temps c'est zen et bien loin de la cohue de la première foire venue.



On a testé les World Series by Renault : weekend de compétition sympa ou fantasme marketing surcoté ?

Le pitwalk attire les gens, un des rares moments à ambiance bain de foule



Le rythme effréné du weekend si on veut tout voir ? Pas forcément car nombre de shows sont joués plusieurs fois dans le weekend et si l'on ne voit pas les Renault Classic parader, on peut les revoir à l'arrêt ce qui apporte un autre intérêt.


Allez on pourrait dire que certains parkings payants dans le village (ceux dans l'enceinte de la piste étaient gratuits) et les baraques à snack étaient pas donnés. Voilà, on le tient le premier point « bof » du weekend, mais tellement classique et encore ce n'est pas l'endroit où les frites sont vendues le plus cher...


Le deuxième est plus naturel. On voudrait que les WSR commencent plus tôt, finissent plus tard, montrent plus de courses, durent deux fois plus de jours. Mais à la fin il faudrait nous faire évacuer par les secours, ce serait nous, les spectateurs, qui ne tiendraient plus la distance.


Trouver des défauts à ces WSR gratuits requiert une dose de mauvaise foi xxl, nous n'en avons pas trouvé en dehors d'envies fort peu raisonnables comme : dis monsieur Vergne, je peux essayer ta F1 ?



Bilan : est ce que le WSR peut combler votre faim de sports mécaniques ?



Si l'on est partis de Paris en mode « on verra bien à quoi peut ressembler un tel show porté par une seule marque », notre avis était unanime au retour. Et pourtant c'était mal parti car il ne faut rien se cacher, si l'amour du sport est présent de belle manière, le but reste une opération marketing de grande ampleur. Et il faut bien avouer que je me méfie de l'atmosphère sectaire des rassemblements centrés autour d'une marque unique.


Mais il n'en est rien et les WSR sont un spectacle unique à ne pas louper pour bien des raisons.


La densité des animations, du plateau, des courses et des shows est proprement impressionnante. Même quelqu'un de blasé pourra être impressionné par ce flot permanent d'activités disponibles. Quand je voyais où les spectateurs pouvaient déambuler (pitwalk, rooftop, oui ça parle beaucoup Anglais) et tout cela sans débourser un centime, c'est complètement inhabituel. Les rares endroits privés le sont surtout pour des raisons de sécurité (les rails de bord de piste par exemple).


Les pilotes et machines sont accessibles comme jamais et vous pouvez même rapporter un autographe de Jean Ragnotti. Pour Jean-Éric Vergne il vous faudra jouer un peu des coudes mais ça n'est pas impossible non plus.


Un bilan totalement positif pour le WSR qui permets de goûter un cocktail haut de gamme de courses pour monoplaces, agrémenté de shows pimentés et d'une rondelle de courses monotypes. De nos jours la liberté qu'offre ce rassemblement vous fera croire que vous avez décroché un pass presse et c'est une expérience à vivre au moins une fois dans votre vie d'amoureux du pistons, croyez nous !


J'ai déjà envie d'y retourner...



On a testé les World Series by Renault : weekend de compétition sympa ou fantasme marketing surcoté ?


@MasterLudo revenu rouge comme une écrevisse du soleil belge, les oreilles pleines de bonnes vibrations et le coffre plein de bières locales.

Photos : Guillaume Iché.



Pour suivre les world series en live ça se passe sur le Facebook WSR ou sur le compte Twitter WSR.

Pour les invitations au WSR par contre ça se passe directement sur le site officiel WSR by Renault.