La casse d'antan dégoulinant de liquides diverses et variés, crasseuse à souhait et aux pyramides de voitures éventrés aléatoires, c'est fini. Maintenant, le professionnel sait lire une directive européenne qui le contraint à recycler 85% du véhicule qui l'a rejoint pour sa dernière demeure. La directive admet aussi que jusqu'à 10% du poids du véhicule soit "valorisé", par exemple en servant de combustible dans des cimenteries. Seuls 5% du véhicule au maximum sont donc voués à l'enfouissement. Ce sont maintenant des démolisseurs automobiles, agréés par l'Etat et certifiés par des organismes de contrôle qui doivent répondre à un cahier des charges. Et l'automobile qu'ils prennent en charge est une matière première. Pour sûr, les temps ont changé.


Certes, mais les mentalités pas encore tout à fait. La pièce d'occasion ne représente que 2% de la pièce détachée de remplacement alors que son prix est, en moyenne, 30% inférieur à celui du neuf. Pour Jean-Pierre Labonne, directeur général de Caréco, une coopérative qui détient plus de 10% du marché français des pièces auto d'occasion, « un pare-chocs, ça vaut entre 800 et 900 euros, c'est une fortune. D'occasion, ça vaut entre 200 et 300 euros ». Et selon les cas, il peut même y avoir des garanties !


Alors, pourquoi cette confidentialité ? Parce que les assurances. Après un accident ou une panne mécanique grave, un expert mandaté par les assurances doit déterminer si une voiture est économiquement réparable, c'est à dire que le montant des frais ne dépasse pas la valeur du véhicule. Que vous ne soyez aucunement responsable de votre accident ne change rien à l'affaire. Le but de l'expert est de continuer à être mandaté par les assurance et donc de ne pas les froisser. Et tant pis si vous n'avez pas les moyens de remplacer celle qui vous rendez jusque là de beaux services et qui a été ainsi injustement blessée. Les assurances, qui encaissent votre cotisation, veulent sa mort à vil prix donné par l'expert fossoyeur. Résumé : vous payez une assurance qui vous transforme en piéton si vous êtes victime d'un accident dont vous n'êtes pas responsable. Pour faire marcher le commerce du neuf sans doute. Mais le marché se dégrade et les clients ont de moins en moins de moyens.