Pas vraiment porté sur la famille, on se dit alors que le G l’est davantage pour affronter le bitume. Eh bien, même pas ! Ou alors si, mais à condition de rester raisonnable. Problème : cette notion est inconnue du G 63 AMG, capable d’engloutir sans sourciller plus de 20 litres aux 100 km. Même si, parfaitement secondé par sa nouvelle boîte automatique Speedshift Plus G-tronic à 7 rapports, aussi douce que réactive, il sait rester civilisé en ville en avançant sagement au couple, rouler ainsi est un crève-cœur tant on sent, à chaque fois que l’on lèche l’accélérateur, la force de frappe incroyable dont peut faire preuve cet engin. Le moindre coup de gaz permet, en un clin d’œil, de remettre les pendules à l’heure, en déposant quasiment tout ce qui roule. Rarement on a vu une telle masse abrupte, supérieure à 2 550 kg à vide, catapultée avec autant de vigueur. Un 0 à 100 km/h effacé en 5,4 secondes, à ce niveau-là, ça parle !

le V8 biturbo est de bonne volonté, ne rechignant jamais à flirter avec les 6 000 tr/mn

Le couple titanesque de 760 Nm délivré de 2000 à 5 000 tr/mn y est pour beaucoup, et ce d’autant plus que le V8 biturbo est de bonne volonté, ne rechignant jamais à flirter avec les 6 000 tr/mn. Cette conduite n’est pas très académique par les temps qui courent, mais elle a le mérite de mettre en évidence quelques contradictions de taille. Car à l’approche du premier virage serré, mieux vaut jeter l’ancre afin d’éviter de déjauger, puis de sous-virer, emporté par cette masse. Heureusement, grâce à de gros freins aussi mordants qu’endurants, remettre le G dans l’axe se fait sans effort. Tant mieux du reste, car si l’on garde trop de vitesse, c’est avec « l’agilité » d’un supertanker que ce 4x4 permanent s’inscrit dans les virages. Bonjour l’inertie ! On ressent même un certain « décalage » dans l’exécution des manœuvres, notamment à cause d’une direction ultra-assistée, aux remontées d’information floues et aléatoires. Le rayon de braquage, de 13,6 m, n’est d’ailleurs pas un allié pour changer de cap. Pour ne rien arranger, outre un poids éléphantesque, le centre de gravité respectable de l’engin (21 cm de garde au sol) pénalise l’agilité lors des changements d’appuis. Le Classe G apprend ainsi, à ses dépens, que les lois de la physique demeurent incontournables.

Essai - Mercedes Classe G 63 AMG : Massive Attack

Ce tank reprend en revanche ses droits dès que la route se fait large et droite (210 km/h maxi). Et lorsque l’asphalte s’efface, le G, imperturbable, poursuit comme si de rien n’était son chemin, y compris sur un terrain boueux et plein d’ornières. Impérial et guerrier, le G 63 AMG ne fait pas dans le détail en s’affranchissant des trous, bosses, saignées et passages de gué sans broncher. Il faut dire qu’il est taillé pour la mitraille et l’aventure, la vraie, avec son physique martial. Contrairement aux « globe-trottoirs » que l’on croise à chaque coin de rue, le G renferme en effet un robuste châssis-échelle, des essieux rigides, des différentiels blocables indépendamment (avant, central et arrière !) et même une gamme courte lui permettant de grimper aux arbres. Au final, aussi inutile qu’attachant, le G 63 AMG n’est pas à un paradoxe près. Mais il faut sauver le soldat « G 63 AMG », car cette « grozze plaizanterie » a quelque chose de réjouissant pour les grands enfants que nous sommes restés. Après tout, entre les enfants et les adultes, seul le prix des jouets diffère. Comptez 138 500 € pour acquérir ce Classe G 63 AMG… hors option et malus maximum !