Ainsi, l'usine qui avait grandement besoin de modernisation fut oubliée et les sommités du milieu de l'automobile de sport appelés en renfort ont rapidement quitté le navire. L'usine de Blackpool tombait en ruine et aucun équipement moderne n'y est jamais entré. De plus, le moteur Speed 6 réalisé en interne n'a jamais eu droit aux investissements nécessaires pour lui faire passer les normes Euros IV entrées en vigueur fin 2005. C'était pourtant un passage obligé pour espérer accroître les ventes.

A sa décharge, Smolenski a semble t'il été contraint de supporter les antécédents de l'ancien boss, Peter Wheeler. Il se dit que ce dernier plaça une clause dans le contrat de vente qui lui permettait de louer (cher) les locaux de l'usine à TVR. Il semble aussi que sa gestion ne fut pas des plus saines.

Face à cela, forcément, la production continua de chuter pour atteindre moins de 10 voitures/semaine au Printemps dernier. Alors qu'il venait à Blackpool chaque week-end, les visites de Smolenski se sont faites de plus en plus rares. En Avril, premier coup de semonce avec l'annonce de la fermeture de l'usine même si le jeune boss précisait que cela ne signifiait pas la fin de l'aventure TVR. En effet, la production devait déménager ailleurs. Mais où ?

Jason Oaxley, responsables de ventes et indéfectible optimiste (pour être gentil) certifiait que TVR allait devenir le futur Aston Martin. Cela n'empêchait pas 150 ouvriers (sur les 250) de se retrouver au chômage. A partir de ce moment, plus rien ne vint rassurer les employés. Les journées se résumaient à des parties de cartes ou à la projection en boucle de DVD et même les annonces de la direction concernant l'éventuelle construction d'une nouvelle usine à Blackpool (voire en Italie) n'ont pas suscité d'espoirs.

Smolenski qui a discrètement vendu sa maison 7.7 millions de Livres l'été dernier pour trouver refuge à Vienne a scindé l'entreprise en plusieurs sociétés. Blackpool Automotive était l'une d'entre elles.

Les employés restants ont découvert que Smolenski avait démissionné de son poste de directeur de Blackpool Automotive, le 13 Décembre 2006 (tout comme le directeur de la production), soit 10 jours avant que les administrateurs n'arrivent. Les 2 hommes avaient été remplacés par des proches de Smolenski aux noms à consonance russe mais aux passeports autrichiens !

Blackpool Automotive a donc bien été vendue et n'appartenait plus à Smolenski au moment de la liquidation. TVR Power qui fabrique les moteurs semble suivre le même chemin. Smolenski ne disposerait donc plus que des droits de propriété intellectuelle et d'utilisation de la marque. Evidemment, ces tours de passe-passe destinés à solder le « passif anglais » à moindre frais amènent à une irrémédiable fuite de la marque TVR hors d'Angleterre. Pour cela, il faudrait encore que le jeune russe relance l'affaire ailleurs, bien sûr.

Mais le droit britannique et les syndicats défendant les ouvriers espèrent bien ne pas laisser s'enfuir l'homme aussi facilement. Alors qu'on estime à 40 millions de Livres ses investissements dans TVR (achat compris), il se pourrait que la facture s'alourdissent encore lorsque certaines instances lui réclameront les salaires impayés du mois de Décembre ou encore de respecter les règles du pays en la matière.

Cela ne serait que mérité, dirons nous.

A la vue de tout ça, la Typhoon récemment annoncée pour Genève risque de ressembler à ses prédécesseurs en prenant l'allure d'une arlésienne magnifique.

Une conférence de presse prévue le 17 janvier nous en dira peut être plus mais rien n'est moins sûr !

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Source: Sunday times & B.G