Des remous, encore des remous, toujours des remous dans la grande maison Volkswagen, dont l'action a encore pris un beau gadin de 8 % à l'ouverture de la bourse ce matin (environ – 4 % à midi)... Eh oui, parce qu'hier, dans un communiqué, la marque a fait savoir qu'elle avait détecté, lors de tests menés en interne, que des "irrégularités" avaient été constatées concernant les émissions de CO2 d'environ 800 000 voitures. Qui viennent donc s'ajouter aux 11 millions concernées par le scandale des NOx. Un scandale dans le scandale, et un nouveau coup dur.

Mais on constate également une communication rapide de Volkswagen, qui a probablement peur de se faire taper très fort sur les doigts s’il ne dévoile pas immédiatement ses découvertes de quelconques irrégularités. Un peu à la manière d'un Toyota, qui après le scandale des pédales d'accélérateur coincées, rappelait ses modèles dès qu'un ouvrier toussait sur la chaîne d'assemblage.

En tout cas, peu d'information sur les modèles concernés, mais ces "incohérences inexpliquées" selon les termes du constructeur, touchent des voitures des marques Volkswagen, Audi, Seat et Skoda équipés de motorisations TDI 1.4, 1.6 et 2.0, et probablement aussi un moteur essence, pour la première fois depuis le début du scandale.


Selon le communiqué, dont la traduction est particulièrement ardue et prête à confusion, les vérifications menées en interne ont conduit à découvrir que les valeurs de CO2 et donc de consommation de carburant avaient été validées à des niveaux trop bas durant le processus de certification.

Déduction logique, qui sera à confirmer lorsque les éléments auront été précisés : les véhicules concernés émettent en réalité plus de CO2 que les chiffres d'homologation fournis par Volkswagen.

Un état de fait confirmé par la presse allemande. Ce matin, nos confrères du "Der Spiegel", appuyés par ceux du "Frankfurter Allgemeine Zeitung", déclare qu'après consultations de documents internes, c'est bien des chiffres d'homologation trop bas concernant le fameux gaz à effet de serre qui ont été validés pour l'homologation. Les modèles labellisés "BlueMotion Technology" (les plus "verts" de la gamme) sont les plus touchés avec par exemple une Golf BlueMotion annoncée à 90 g, qui rejetterait en réalité 100 g de CO2/km.


Ici, pas de logiciel de triche, mais des résultats non conformes, dont on ne sait pas encore s'il s'agit d'une fraude aux chiffres, d'un souci technique dans les appareils de mesure, de réglages de machines de test situés trop bas. On est encore dans le flou concernant les raisons de ces irrégularités.


Matthias Müller, le nouveau patron de Volkswagen, depuis fin septembre après l'éviction de Martin Winterkorn, a réagi et déclaré : "Depuis le début, je me suis engagé fermement à ce que nous expliquions les événements de façon implacable et complète. Rien ni personne ne nous arrêtera. C'est un processus douloureux, mais c'est notre seule alternative. Pour nous, la seule chose qui compte est la vérité. C'est la base pour le réalignement fondamental dont Volkswagen a besoin". Et d'ajouter que la marque collaborerait pleinement avec les autorités pour clarifier ce "volet CO2" de l'affaire et faire en sorte que les modèles concernés soient aussi rapidement que possible classés dans les bonnes tranches de CO2.

Le groupe a d'ailleurs estimé le coût supplémentaire de ces opérations à 2 milliards d'euros.