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DESIGNERbyBellu - Luigi Colani, l’apôtre du bio-design

Dans Futurs modèles / Design

Serge Bellu

Son nom n’est pas connu du grand public. Il n’a signé le dessin d’aucune automobile iconique. Pourtant, Luigi Colani est un des designers les plus influents des années 1980 et 1990. Le souvenir de ce personnage est bruyamment attaché à ses coups de gueule.

Colani GT.
Colani GT.

J’ai rarement été aussi malmené au cours d’une interview que lors de mon premier rendez-vous avec Luigi Colani. Il faisait partie des designers que je tenais à rencontrer pour terminer un livre sur le design des années 1980 que je préparais avec le photographe Peter Vann. À cette époque, Colani était la coqueluche des industriels. Que ce soit pour un bidet, un appareil-photo ou un porte-jarretelles, tout le monde le consultait pour savoir comment il apposerait son estampille « bio-design » sur ces produits.

Le bio-design, c’est lui qui l’avait inventé. « La nature crée des formes parfaites », décrète-t-il. « La ligne droite n’existe pas dans la nature », c’est le credo du biodesign qui emploie un vocabulaire inspiré des formes organiques. Tout est fait de courbes dans l’univers de Colani : ses avions, ses motos, ses stylos, ses téléphones, ses lavabos, ses caméras… et ses sous-vêtements érotiques… Luigi Colani applique même les théories du bio-design à un gros-porteur, le« Megalodon » en 1977.

DESIGNERbyBellu - Luigi Colani, l’apôtre du bio-design
DESIGNERbyBellu - Luigi Colani, l’apôtre du bio-design

 Les créations de Luigi Colani

Il n’était pas commode, Luigi. C’était un gaillard impressionnant, immense, taillé comme un pilier des all-blacks, toujours emballé dans une tenue blanche, coiffé d’une tignasse désordonnée, affichant un faciès taillé à gros traits, décoré d’une moustache en fer à cheval et surtout escorté d’une voix forte, durcie par l’accent allemand, charpentée pour engueuler la terre entière.

Colani Automorrow
Colani Automorrow

Il ne s’en privait pas, de vilipender ses contemporains. Il y avait des sujets qui l’indisposaient particulièrement. Il n’aimait pas les Américains ; mais alors, pas du tout. Il fustigeait leur influence culturelle et se disait prêt à tout pour la refréner : travailler pour les Russes, enseigner le design à Pékin, offrir ses services au Liban ou à Lybie…

Il se méfiait de la plupart des créateurs de son temps qu’il rejetait au rang de « duty free designers ». Il affichait un mépris particulier pour Pierre Cardin quand celui-ci n’était pas encore un vieux monsieur que tout le monde a oublié.

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C’est la politique en faveur de l’aérodynamique qui propulsa Luigi Colani sur le devant de la scène. En 1981, en Allemagne, le ministère fédéral de la Recherche et de la Technologie (BMFT) avait commandité l’étude de concept-cars qui se voulaient économes en carburant. Nous étions sous l’effet des deux chocs pétroliers. Or, Luigi Colani a toujours fait des formes aérodynamiques sa marque de fabrique.

DESIGNERbyBellu - Luigi Colani, l’apôtre du bio-design

Lutz Colani - dit Luigi - naquit à Berlin en août 1928 d’un père décorateur, qui lui transmit le nom d’une famille tessinoise, et d’une mère polonaise et actrice qui lui insuffla la sensibilité slave. Après avoir étudié la peinture et la sculpture aux Beaux-arts de Berlin, il travailla pour les carrossiers Rometsch et Erdmann & Rossi. Il passa une dizaine d’années en France avant de se lancer, en Allemagne, dans l’élaboration de voitures de sport utilisant une plate-forme de Volkswagen.

C’était le début d’une longue et riche série de modèles expérimentaux. En 1967, Luigi Colani déposa le brevet de la « C-Form » qui consistait en une aile retournée enfermée dans des pontons, l’ancêtre de la « wing car » qui allait se généraliser en Formule 1 dix ans plus tard. De cette forme naquirent de nombreuses maquettes et quelques prototypes roulants aux formes sensuelles, enveloppées dans de généreuses volutes.

Colani - Sportwagen.
Colani - Sportwagen.

Dans les années 1970, Luigi Colani jeta les bases du bio-design qui par ses formes organiques marqua le style des décennies suivantes. Vociférant sans cesse, toujours en état de révolte, Luigi Colani partit au Japon en 1981 pour évangéliser les designers autochtones. Il fut accueilli comme un prophète et inonda de ses propositions tous les secteurs de l’industrie puis il en revint « pour ne pas se sentir responsable du naufrage de l’Europe ».

Personnage militant, exubérant et incontestablement visionnaire, Luigi Colani se sert du design comme d’une arme politique. Son discours exalte la subversion, mais sa démarche est romantique. Sa vie raconte l’histoire d’une paranoïa, mais son œuvre est celle d’un utopiste.

Luigi Colani échappe à l’ordre établi. Son influence, sourde et diffuse, est considérable. Avec ses formes utérines, Colani passe pour un obsédé mono-maniaque, mais partout dans le monde les stylistes subissent son influence et sculptent des volumes plus souples. Plusieurs constructeurs consultent Colani, mais ils n’adoptent pas ses projets pour les mettre en production tels quels. En revanche, ils s’en inspirent largement. Le bio-design enveloppe désormais l’automobile de ses formes animales et s’applique également au style intérieur, contribuant à créer des ambiances protectrices et enveloppantes.

Luigi Colani s’est éteint le 16 septembre dernier à l’âge de quatre-vingt onze ans.

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