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Enquête - Confinement: savons-nous encore conduire?

Dans Pratique / Sécurité

Pierre-Olivier Marie

Méfions-nous des statistiques en trompe-l'oeil de la Sécurité routière. Si les chiffres s'améliorent, c'est uniquement à la faveur de la baisse du  trafic. Les comportements à risques se multiplient, et ce dans un contexte anxiogène qui ne favorise pas la concentration au volant.

Enquête - Confinement: savons-nous encore conduire?

En 2020, confinement aidant, les Français ont beaucoup moins roulé. Cela s’est notamment traduit par une contraction de 15% du volume de carburants routiers distribués, ainsi que par une baisse des taux de congestion sur la route. Le TomTom Traffic index fait ainsi état de bouchons en baisse moyenne de 21% aux heures de pointe, et ce sur l’ensemble de l’année.

La bonne nouvelle, c’est que cette baisse de trafic s’accompagne logiquement de celle du nombre de victimes sur la route. Avec 2 550 victimes enregistrées en France métropolitaine, soit 700 de moins qu’en 2019, 2020 constitue ainsi le meilleur (ou moins mauvais) cru jamais enregistré en matière d’accidents depuis 1924 (!), et l’on ne peut que s’en réjouir.

Seulement voilà, ces chiffres n’ont rien de réellement satisfaisant. Nous avons en effet été confinés près de trois mois et demi l’an dernier, sans compter les périodes de couvre-feu durant lesquelles on a beaucoup moins roulé. Or, le bilan des accidents et des infractions continue d’inquiéter d’un département à l’autre.

Les départements en alerte

Dans la Nièvre, malgré une baisse de 33% du nombre d’accidents, un gradé de la gendarmerie explique qu’« il existe deux lectures possibles de ces chiffres qui sont en forte baisse. Bien sûr, la limitation du trafic et ses interdictions pendant plus de trois mois ont permis de réduire les accidents, mais la mortalité elle, se maintient au même niveau que les années précédentes, avec 17 tués en 2020. Les Nivernais ont pris la route pour un circuit. Sans personne dessus, certains se sont pris pour des pilotes. Forcément, les sorties de route ont été plus dramatiques. L’alcool et la vitesse restent encore les deux facteurs principaux menant aux accidents. Lors de nos contrôles, nous avons constaté une hausse des grands excès de vitesse.» (Le Journal du centre, 27/01).

En région Occitanie, si le nombre de morts sur les routes à baissé de près de 27% l’an dernier, les accidents mortels avec alcool ont crû de 25%. Dans l’Orne, 27 personnes ont perdu la vie sur les routes en 2020, soit seulement trois de moins qu'en 2019. Dans le Cher, les grands excès de vitesse auront augmenté de 7,5%, et les très grands excès de vitesse (+ de 50 km/h au-dessus de la vitesse autorisée) de 32%. Même si les contrôles ont été plus nombreux, cela signifie aussi et surtout que les automobilistes se sont davantage lâchés qu’en temps normal.

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Retour de comportements très dangereux

Dès le mois de mai, constatant une hausse importante des grands excès de vitesse à la suite des premières semaines de confinement, la Sécurité routière avait d’ailleurs alerté sur le fait que « les accidents mortels résultaient comparativement moins de chocs frontaux (avec moins de véhicules sur les routes, la probabilité d'en croiser en face est réduite) mais plus de pertes de contrôle de véhicules seuls, qui s'achèvent sur des obstacles latéraux, arbres, murets ou sur le toit après plusieurs tonneaux. » Bref, on observe ici une forte tendance à « se sortir » tout seul.

Si la sécurité routière s’améliore globalement, c’est bien uniquement à la faveur d’une baisse du trafic automobile, et pas du fait d’une soudaine prise de conscience des conducteurs.
Si la sécurité routière s’améliore globalement, c’est bien uniquement à la faveur d’une baisse du trafic automobile, et pas du fait d’une soudaine prise de conscience des conducteurs.

Il est vrai que le contexte général ne favorise pas la sécurité routière, à quelque niveau que ce soit. Ainsi, les automobilistes circulant sans assurance seraient de plus en plus nombreux. En juillet, Le Figaro reprenait des chiffres de la gendarmerie qui relevait une hausse de 6% de ce type d’infractions entre le 12 mai et le 12 juillet. « Quand on contrôle un automobiliste sur autoroute et qu’il n’est pas assuré, son véhicule est immobilisé. Les fourrières sont débordées à cause de ce délit », déplorait alors un policier de la CRS autoroutière Provence.

Le constat est simple : avec des voies de circulation plus ou moins désertées, on imagine (souvent à tort) que les forces de l’ordre sont occupées à autre chose qu’à surveiller les routes, et le pied droit s’alourdit plus que de raison. « C’est une année très particulière. Elle a été marquée par une situation sanitaire qui a fait diminuer le trafic et donc les accidents. Cela dit, on constate que le bilan est moins bon que l’on aurait pu l’espérer. Malheureusement, nous avons observé un retour de comportements très dangereux: les très grands excès de vitesse et une hausse de la conduite sous l’empire de l’alcool ou de stupéfiants », commentait récemment  Marie Gautier-Melleray, nouvelle déléguée Interministérielle à la Sécurité Routière.

La voiture perçue comme confinement mobile

Pour autant, un autre facteur doit être pris en compte : la crise sanitaire, et avec elle le mal-être général de la population, donc des automobilistes. « Avec la pandémie, la situation sociétale fait que nombre d’entre nous peuvent se sentir mal dans leur peau. Il y a la peur de l’angoisse et de la maladie, et cela peut nuire à la concentration sur la route », commente Patrice Bessonne, Président du CNPA Education et Sécurité Routière, et membre du Conseil national de sécurité routière (CNSR).

Et celui-ci de poursuivre: « Les accidents peuvent venir de tout un chacun au volant de sa voiture, qui d’ailleurs est perçue comme une sorte de confinement mobile par ceux qui redoutent d’utiliser les transports en commun. On s’installe au volant dans un état psychique dégradé, et cela provoque des accidents car il est alors difficile de traiter toutes les informations sur ce qui nous entoure. Or, l’attention doit être maximale sur la route. C’est bien pour cela que l’on répète depuis des années que téléphone et conduite sont incompatibles. Pour les mois à venir, tout va dépendre du comportement des uns et des autres, mais je ne suis guère optimiste. Le conseil, c’est « soyez vigilants, ne relâchez pas votre attention ». La majorité des accidents ont lieu sur des routes que l’on connaît, et où justement on a tendance à passer en mode « automatique ». »

Compte tenu de la baisse drastique du trafiic évoquée plus haut, l'année 2020 est en fait l'une des plus mauvaises jamais enregistrées par la Sécurité routière. Pour améliorer tout cela, il convient donc de se méfier des autres sur la route mais aussi - et surtout - de soi-même. Si le troisième confinement, qui se dessine à l’heure où nous mettons cet article en ligne, a pour vertu collatérale de nous faire réfléchir à notre conduite, ce sera toujours ça de pris.

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