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Enquête - Pourquoi un tel "auto-bashing"?

30 km/h en ville, 110 km/h sur autoroute, et des idées de taxes en tous genres au nom de l'écologie: entre la campagne des municipales qui s’achève et la Convention citoyenne sur le climat, on assiste actuellement à un concours d'"automobile-bashing". Remettons un peu de bon sens dans tout cela.

Enquête - Pourquoi un tel "auto-bashing"?

Il faut avoir une sacrée dose de courage ou d’inconscience pour s’assumer automobiliste actuellement. Vous roulez au gazole ? On vous accuse de causer le cancer. Vous carburez au sans plomb ? Vous réchauffez la planète. Vous roulez en électrique ? Vous participez à l’exploitation des enfants dans les mines en Afrique. Votre voiture n’est pas fabriquée en France ? Vous créez du chômage. Vous dépassez la vitesse autorisée de 2 km/h ? Vous êtes un assassin en puissance. Et l’on pourrait multiplier les exemples à l’envi, tant nos chères voitures, dont il reste en l’état impossible de se passer pour la majorité d’entre nous, suscitent l’ire des bien-pensants.

On en a eu une parfaite illustration cette semaine, avec la présentation du Manifeste pour Paris, co-signé par la maire de la capitale Anne Hidalgo (qui ne peut se passer de sa Renault Zoé) et ses alliés écologistes. Un texte qui a au moins le mérite d’annoncer clairement la couleur pour la suite (suite dont l’issue ne fait d’ailleurs guère de doute).

On y apprend notamment que la vitesse se verrait réduite à 30 km/h dans la plupart des rues de la capitale (hormis quelques grands axes comme par exemple les maréchaux ou l’avenue des Champs-Elysées) et à 50 km/h sur le périphérique, ceci au nom de « lutte contre la pollution », qualifiée d’« enjeu de santé publique. » « C’est pourquoi nous continuerons de réduire la place de la voiture dans notre ville », est-il également précisé.

Paris: diesel interdit en 2024

Parmi les cibles évoquées figurent les voitures diesel, bannies à partir de 2024, et les places de parking en surface, dont la moitié devrait être supprimée dans les cinq ans pour mieux agrandir les trottoirs.

Sur le périphérique, qualifié de « frontière d’un autre âge », la vitesse se verrait abaissée à 50 km/h et il serait dans un premier temps créée une voie réservée aux transports partagés (bus, taxis, covoiturage). Il est question par la suite d’offrir la possibilité de traverser celui-ci à pied ou à bicyclette.

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Le périphérique parisien voit passer 1,2 million de voitures en moyenne chaque jour. Des modifications entraîneraient des conséquences à l'échelle de toute l'Ile-de-France.
Le périphérique parisien voit passer 1,2 million de voitures en moyenne chaque jour. Des modifications entraîneraient des conséquences à l'échelle de toute l'Ile-de-France.

De nombreuses difficultés s’annoncent toutefois, tant le périphérique est important pour la circulation en Ile-de-France, avec 1,2 million de véhicules qui y transitent chaque jour en moyenne. « On parle d'un axe à 2 fois 4 voies de circulation... Qui s'est un jour dit 'je vais aller me promener le long du périphérique, la promenade doit être sympathique' ? » réagit Pierre Chasseray, délégué général de l’association « 40 millions d'automobilistes ».

De ce fait, le sujet dépasse la seule question parisienne, qui voudrait pourtant prendre des décisions de façon unilatérale. En outre, le fait de réduire la place de l’automobile crée des bouchons qui par nature engendrent une importante pollution atmosphérique.

Paris polluée...même sans voitures !

Par ailleurs, l’automobile ne saurait à elle seule porter le chapeau en matière de pollution atmosphérique en Ile-de-France. Illustration en a été donnée durant le confinement, où plusieurs épisodes de « pollution moyenne » auront été répertoriés par Airparif malgré un trafic proche du néant.

Commentant ses propres relevés mi-avril, après un mois de confinement, l’organisme avait précisé qu’au-delà de la baisse du dioxyde de carbone (CO2), gaz à effet de serre, et de celle des émissions d’oxydes d’azote (-60%), l’amélioration s’avérait très légère pour les particules (PM10 et PM2,5) : « peu d’impact a été constaté pour les particules qui sont issues de davantage de sources et pour lesquelles la diminution du trafic n’a pas compensé l’augmentation liée au chauffage résidentiel et au maintien des activités agricoles, conjugués à une météorologie printanière favorable à la formation de particules observée dans plusieurs régions avoisinantes ».

Bref, si l’automobile porte une indéniable responsabilité dans la pollution de l’air, celle-ci n’est que partielle. Sur ce thème, la Convention citoyenne pour le climat, qui se réunit ce week-end pour voter les propositions élaborées par les groupes de travail avant de présenter ses propositions au gouvernement dimanche, devrait nous réserver son lot de propositions-choc.

110 kmh sur autoroute

Il serait notamment question d’instaurer les 110 km/h maxi sur autoroute afin d’abaisser « de 20% » la consommation. Personne ne pourra nier qu'un abaissement des vitesses entraînera une réduction de la consommation. Mais on rappelera aussi que l’autoroute se présente comme le réseau de loin le plus sûr avec  « seulement » 8% des décès.

110 km/h sur autoroute pour économiser 20% de carburant, vraiment?
110 km/h sur autoroute pour économiser 20% de carburant, vraiment?

Or, une telle limitation ne ferait qu’augmenter le risque de somnolence au volant, ainsi que celui de se laisser lancer par des distracteurs de conduite, au premier rang desquels le smartphone. « En 2018, l’inattention a été relevée dans près de 14% des accidents mortels sur autoroute », rappelle l’Association française des sociétés d’autoroute, qui a publié en 2019 une étude dont il ressortait que plus d'1 conducteur sur 3 admet utiliser son téléphone au volant.

Pourtant, 93% des Français se disent conscients des dangers que cela entraîne. Bref, la louable intention de départ - tout le monde est d’accord  pour améliorer la qualité de l’air - présente bien une part de risque pour la sécurité routière.

Riches et pauvres, même combat

Et puisque la voiture a bon dos, les participants à la convention suggèrent d’interdire dès 2025 la commercialisation de véhicules neufs émettant plus de 110 g de CO₂/km, lesquels ont représenté 50% des immatriculations l’an dernier (rappelons que la « fin » du moteur thermique en Europe est déjà actée pour 2040).

Il serait aussi question de réformer le système d'indemnité kilométrique de l'impôt sur le revenu, et d’alourdir fortement le malus sur les véhicules polluants (avec une prise en compte du poids). Des véhicules polluants auxquels on interdirait l’accès aux centre-ville, ce qui risque de beaucoup plaire dans les quartiers chics…mais aussi dans les zones moins favorisées, où l’on roule dans des véhicules plus anciens, donc plus polluants.

La place de l'automobile en ville est l'une des grandes questions des années qui viennent.
La place de l'automobile en ville est l'une des grandes questions des années qui viennent.

En revanche, d’autres propositions présentent un intérêt, comme instaurer des prêts gratuits pour l’achat de véhicules propres (des crédits à 1% existent déjà chez certaines banques pour l’achat de voitures électriques), augmenter le bonus pour les véhicules peu polluants (ce qui risque toutefois de coûter cher au contribuable), faire en sorte de diminuer l’autosolisme (utilisation solitaire de la voiture), inciter à l’usage de la bicyclette en augmentant le montant du « fonds vélo » de 50 à 200 millions d’euros par an, ou bien encore abaisser la TVA à 5,5% sur les billets de train (contre 10% aujourd’hui). Les 150 membres de la Convention seront reçus le 29 juin à l’Elysée, et Emmanuel Macron apportera alors « une première réponse à leurs propositions. » On a hâte d'en savoir plus.

On le voit, l’automobile est aujourd’hui sous très haute surveillance. Des zones urbaines aux autoroutes, de l’élu au citoyen lambda, les idées ne manquent pas pour la rendre plus vertueuse et "socialement acceptable".

Celle-ci doit évidemment savoir vivre avec son temps, ce qu'elle fait d'ailleurs très bien en s'adaptant à des legislations toujours plus contraignantes. Cela n’aurait d'ailleurs aucun sens d’opposer "gentils cyclistes" et "méchants automobilistes", qui sont souvent les mêmes et changent de moyen de transport en fonction de leurs besoins.

L’automobile est le moyen de transport favori de 59% des Français, et cette force constitue aussi sa faiblesse : on l’accuse de tous les maux, on la matraque de taxes, on la frappe d’interdictions en tous genres, et elle est pourtant là, tous les matins, prête à nous amener au travail et/ou en vacances. Accessoirement, c'est un formidable territoire d'innovation, qui fait vivre 400 000 personnes (et plus d'un million si on compte les emplois indirects), représente un volume d'exportation de 49 milliards d'euros, et permet à la France de rayonner dans le monde entier. En d'autres termes, comment faire sans elle ?

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