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Le permis à 17 ans : une fausse bonne idée ?

Dans Economie / Politique / Politique

Michel Holtz

L'annonce faite par Élisabeth Borne suscite l'hostilité des associations, comme des forces de l'ordre. Quant aux professionnels, ils posent leurs conditions. Pour certains, elle est jugée trop dangereuse, pour d'autres, elle risque d'augmenter encore les embouteillages pour l'obtention du permis, faute d'inspecteurs.

Dès le mois de janvier 2024, il sera possible de conduire, seul, dès âge de 17 ans, après avoir passé son examen.
Dès le mois de janvier 2024, il sera possible de conduire, seul, dès âge de 17 ans, après avoir passé son examen.

Elle a choisi Brut pour délivrer son message. Un média « jeune » pour une mesure qui leur est destinée mais dont pas grand monde ne semble vouloir. La première ministre Élisabeth Borne a en effet annoncé hier après-midi, que dès janvier 2024, il suffira d’être âgé de 17 ans pour passer son permis. C'est certes déjà le cas aujourd’hui au travers de la conduite accompagnée, mais grâce au nouveau texte, le titulaire du permis pourra rouler seul dès son obtention, alors qu'il doit attendre sa majorité aujourd'hui.

Une mesure destinée, selon le gouvernement, à favoriser la mobilité des alternants et des stagiaires de bac pro. D’ailleurs, l’aide de 500 euros pour suivre les cours de code et/ou de conduite disponible aujourd’hui pour les seuls apprentis, sera également ouverte aux filières professionnelles du baccalauréat dès l’an prochain.

le permis à 17 ans, personne n'en veut

Évidemment, cette baisse de l’âge de la conduite et les aides qui y sont consacrées, entrent dans la politique de revalorisation de ces métiers manuels souhaitée à Matignon comme à l’Élysée depuis un an. Mais si, pour le moment, peu de voix se sont élevées pour s’y opposer, le permis à 17 ans n’a pas tardé à faire réagir par la négative, et de tous les côtés.

C’est simple : personne n’en veut, ni les professionnels de l’apprentissage de la conduite, ni les associations qui militent pour la sécurité routière. Même 40 millions d’automobilistes plutôt libéral en matière d'usage automobile, prend des pincettes avec la mesure Borne. « Nous estimons qu’il serait utile de mettre en œuvre la mesure dans un premier temps dans le cadre d’une expérimentation, car l’on sait que les jeunes conducteurs sont particulièrement exposés à l’accidentalité routière » déclare Pierre Chasseray, son délégué général.

Cette accidentologie élevée des jeunes, c’est justement ce qui coince auprès des autres associations. Les 18-24 ans paient déjà le plus lourd tribut en matière de mortalité routière, avec 549 tués l’an passé. Rabaisser l’âge du permis reviendrait donc à augmenter encore ces chiffres. D’autant que, selon une commandante de police interrogée par France 3, à cet âge, « la prise de risque n'est pas la même, car le cerveau est encore en construction. ». Du côté de la Ligue contre la violence routière, c’est carrément l’inquiétude. Son vice-président, Pierre Lagache se demande comment « confier le volant à des jeunes encore plus jeunes, alors qu'ils sont deux fois plus touchés en termes de mortalité sur les routes que la moyenne des conducteurs".

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Le manque d'inspecteurs du permis de conduire risque d'aggraver encore les délais du passage d'examen.
Le manque d'inspecteurs du permis de conduire risque d'aggraver encore les délais du passage d'examen.

Que les associations et la police s’inquiètent de cette future mesure semble évident. À l'inverse, les professionnels du secteur devraient logiquement s'en réjouir. Mais pas du tout. L’Unic (Union nationale des indépendants de la conduite) se range du côté des associations, et pointe les risques pour les jeunes conducteurs. Mais de plus, la fédération, qui regroupe les autos-écoles non affiliées à un réseau, rappelle qu’aujourd’hui, c’est l’embouteillage au niveau du passage de l’examen, puisqu'il faut attendre quatre mois en moyenne pour le passer.

Même constat de la part de leurs collègues adhérents à Mobilians autos-écoles, autre syndicat professionnel, qui adhère à l'idée, tout en posant plusieurs conditions. Ok pour la réforme, si la sécurité routière est garantie, si le nombre de place aux examens est augmenté, et si les financements du permis de conduire sont assurés. Beaucoup de "si" qui semblent difficiles à tenir d'ici la fin de l'année.

Le nombre de candidats est pourtant en baisse depuis 10 ans

Reste que ces professionnels, tous comme les associations, misent sur un afflux massif des jeunes de 17 ans vers les autos-écoles en vue d’obtenir leur sésame rose. Or, rien n’est moins sûr. Le nombre de jeunes de 18 ans qui se sont inscrits, et ont obtenu leur permis a baissé de 8 points entre 2012 et 2022, et il n’est pas certain que la mesure Borne attire tant que cela leurs cadets, sauf nécessité.

Pour autant, lorsque des professionnels concernés, en passant par les forces de l’ordre et les associations pour la sécurité routière et d’autres qui entendent défendre les automobilistes, tous se liguent dans l’hostilité, ou le relativisme, envers une mesure, il convient, au moins, de s’interroger sur son bien-fondé.

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