Michelin dit non aux pneus spécifiques pour l'électrique
Pierre-Olivier Marie , mis à jour
L’INFO DU JOUR. Engagé vers la performance durable, Michelin assure que les progrès réalisés pour les pneus de voitures électriques doivent profiter indifféremment à tous les types de motorisations.
Le géant français du pneumatique aime adopter une communication à contre-courant de ce que l’on attend de lui. Alors que ses concurrents vantent les mérites de leurs gammes dédiées aux voitures électriques, plus lourdes que leurs homologues thermiques et pour lesquelles la notion d’efficience est prépondérante, Bibendum considère que la performance d’un pneu doit être vue de façon globale, indépendamment de la motorisation. Rappelant que c’est la phase d’usage qui représente 80% de l’impact environnemental d’un pneu, Michelin précise que la donnée-clé est la résistance au roulement, qui absorbe à elle seule 20% de l’énergie des voitures (mais qu’il s’enorgueillit d’avoir réduit de moitié en une trentaine d’années).
Lors d’un point presse organisé il y a quelques jours et auquel Caradisiac a participé, Serge Lafon, Directeur « première monte » de l’entreprise, a déploré que « 50% des pneus soient démontés avant d’avoir atteint 3 mm de profondeur résiduelle», seuil au-delà duquel les qualités d’adhérence ne sont plus garanties. «Ce sont ainsi 400 millions de pneus qui sont mis au rebut prématurément chaque année », entraînant ainsi un énorme gâchis de matières premières. Les raisons en sont multiples, au premier rang desquelles un manque de confiance du client ou le discours alarmiste d’un garagiste qui pousse à la consommation.
Le manufacturier dit poursuivre l’objectif d’un « pneu 100% durable et recyclable» en 2050, c’est-à-dire un pneu à l’usure plus lente et dont le niveau de performance reste identique du premier au dernier kilomètre. Un défi d’autant plus important que les voitures électriques offrent des contraintes nouvelles : « le problème de l’électrique est sa densité énergétique faible, il y a besoin de beaucoup de kilos de batterie pour couvrir la même distance que celle assurée par un plein de 50 litres», cadre Serge Lafon. De plus, le couple élevé du moteur sollicite davantage les pneus, et la masse du véhicule apporte des contraintes supplémentaires au freinage. « Vu du pneu, l’électrique c’est 20% de poids en plus par pneu, donc une usure 20% plus rapide.» Pour autant, « la petite pause observée par le marché en 2024 ne remet pas en cause la dynamique fondamentale de l’électrique, qui présente l’avantage d’un coût d’usage beaucoup plus faible, trois à cinq fois inférieur au thermique pour le poste énergie.» Bref, Michelin ne doute pas de la pérennité de l’électrification progressive du parc automobile, et oriente donc toute sa stratégie en ce sens. Cette démarche avantage les pneus pour véhicules thermiques, qui bénéficieront ainsi des avancées réalisées pour l’électrique. Car comme chacun sait, qui pneu le plus pneu le moins.
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