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La coupure de l'A13, symbole d'un réseau routier en manque d'entretien

Dans Pratique / Sécurité

Pierre-Olivier Marie , mis à jour

La fermeture soudaine de l'A13 ce vendredi matin apporte une nouvelle et spectaculaire illustration de la dégradation continue du réseau routier français. Et amplifie l'appel des départements à un modèle économique qui "privilégierait l'usager plutôt que la rente."

C'est cette fissure courant sur la largeur du viaduc de l'A13, dans le sens Paris-province, qui semble avoir causé la fermeture de l'ouvrage ce vendredi matin.
C'est cette fissure courant sur la largeur du viaduc de l'A13, dans le sens Paris-province, qui semble avoir causé la fermeture de l'ouvrage ce vendredi matin.

La fermeture de l'A13 aux portes de Paris "pour une durée indéterminée" ce vendredi symbolise parfaitement le délabrement galopant du réseau routier national. Entre les raccords de chaussées hasardeux et les rafistolages en tous genres, les automobilistes et les motards, tout particulièrement exposés, ne peuvent que faire le constat d’une chaussée qui se dégrade de façon généralisée.
Dans son rapport 2023, l’Observatoire national des routes évalue ainsi à 18,8% la part des routes «en mauvais état», et à 30,4% celles nécessitant un entretien. En d’autres termes, ce sont près de 50% des voies qui sont à reprendre.
Sachant que le facteur infrastructure, au sens le plus large du terme, est en cause dans 30% des accidents mortels, le rapport 2022 de la Cour des comptes a de quoi inquiéter. On y lit notamment que « l’État reste - de par la loi - le garant de la cohérence et de l’efficacité de l’ensemble du réseau. Or, il ne s’est pas donné les moyens indispensables à l’exercice de cette responsabilité. Ainsi, il ne dispose pas d’informations suffisantes sur la voirie des collectivités locales, leur état, leur entretien et leur usage. En outre, le réseau scientifique et technique (RST), constitutif de l’expertise en matière routière, a vu ses effectifs réduits de moitié ces vingt dernières années, affaiblissant la capacité de l’État à assurer sa mission de conseil et d’appui. Ce déficit de stratégie nationale se traduit notamment par la faible place qu’occupe la question des infrastructures dans la politique de sécurité routière : en effet, si les routes elles-mêmes constituent rarement la principale cause des accidents, leur entretien et leur aménagement pourraient jouer un rôle important dans la réduction des risques. »
Et c’est ainsi que la France, numéro 1 du classement du Forum économique mondial en 2012 pour l’état des routes, a été rétrogradée au 18ème rang en 2019.

"La route doit payer la route."

Plusieurs facteurs expliquent cette dégringolade, au premier rang desquels un manque de moyen des départements et communes, qui gèrent la quasi-totalité du réseau routier national. En septembre 2023, l’Association des départements de France posait le problème en ces termes : «les Départements de France ont appelé à une nouvelle économie de la route : les Départements ont la charge de 380 000 km de routes. Si l’on y ajoute le bloc communal, cela représente 99% du réseau routier et 12 milliards d’investissements. Paradoxalement, l’Etat, les régions (qui n’entretiennent aucun réseau) et les sociétés d’autoroutes encaissent les 40 milliards de revenus que la route génère. En résumé, ceux qui entretiennent 1 % du réseau captent la quasi-totalité des revenus de la route… qui rapporte plus de trois fois ce qui est investi pour son entretien et son aménagement. Il faut revoir ce système qui privilégie la rente au détriment de l’usager et inventer une nouvelle économie de la route ! »

Au mauvais entretien s'ajoutent des facteurs tels que les intempéries et des voitures toujours plus lourdes.
Au mauvais entretien s'ajoutent des facteurs tels que les intempéries et des voitures toujours plus lourdes.
Outre l'état de la route, celui de la signalisation est aussi source de préoccupations.
Outre l'état de la route, celui de la signalisation est aussi source de préoccupations.

Au moins les données du problème sont-elles clairement posées. Il est urgent de revoir le fléchage de l’argent généré par la route, dont on rappelle qu’elle représente 89% des transports terrestres. Même si les ambitions ferroviaires du pays doivent être soutenues dans une optique de décarbonation, l’essentiel de la mobilité se passe bel et bien sur le bitume, domaine qui souffre de retards d’investissements chroniques. La route apparaît ainsi comme une variable d’ajustement, alors même qu’elle structure la vie quotidienne des Français.
« Tout comme l’eau devrait payer l’eau, la route doit payer la route. La fin prochaine des concessions autoroutières et la nécessité de mettre en place la directive eurovignette est l’occasion de redéfinir le modèle économique de la route », tonne François Sauvadet, Président de Départements de France. « L’usage de la route doit être adossé à un modèle économique répondant aux enjeux de la mobilité durable et de l’aménagement du territoire. Nous souhaitons ainsi qu’une partie des nombreuses ressources générées par la route (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques – TICPE, péages, cartes grises, etc.) lui revienne directement. Nous demandons que les Départements bénéficient d’une ressource affectée pour l’entretien, l’adaptation et la modernisation de leur réseau. »
Et c’est ainsi que, peut-être, la France retrouvera ces routes qui ont longtemps fait sa fierté. En attendant, gare aux nids-de-poule.

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