C'est une communication qui paraît pour le moins prématurée... et malhonnête ! « 70 km/h sur le périphérique : un an après, la Ville et la Préfecture de Police saluent un bilan positif », ont ainsi fièrement annoncé les autorités parisiennes lundi. Avec trois axes d'amélioration selon elles : l’accidentologie, le temps de parcours des automobilistes et la pollution.

Sur l'accidentologie, c'est loin d'être évident, car si le nombre d'accidents et celui de blessés ont certes baissé, comme le souligne la mairie dans son communiqué, le nombre de tués, sur lequel en revanche elle évite de s'attarder, a lui très fortement grimpé ! Il y a eu ainsi 7 morts en 2014, contre 4 "seulement" en 2013. C'est bien simple, cela faisait des années que le bilan de la mortalité, à cet endroit, n'avait pas été aussi médiocre. Quant aux accidents et blessés, ils ont effectivement bien diminué, en passant respectivement de 742 à 627 (-15,50 %) et de 908 à 776 (-14,5 %).Mais il paraît difficile dans ces conditions d'en conclure quoi que ce soit.

L'accidentologie sur le périphérique parisien depuis 2002

Année Nombre d'accidents Nombre de tués Nombre de blessés
2002 711 7 849
2003 647 1 779
2004 600 6 702
2005 672 14 800
2006 763 3 920
2007 825 2 990
2008 802 1 984
2009 825 3 984
2010 780 1 971
2011 816 6 993
2012 748 2 904
2013 742 4 908
2014 627 7 776

Source : selon les bilans communiqués par la Préfecture de Police.


Faut-il également rappelé qu'il y a plus d'un an, quand Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, accepte d'entériner ce souhait de la mairie de Paris – soit d'abaisser la vitesse limite sur le périph' -, c'était carrément un recul de « 23 % du nombre d’accidents (…) et une réduction de près de 65 % du nombre de blessés graves et de tués », qui avaient été pronostiqués ? « Je voudrais donner un argument très consensuel pour entraîner l’adhésion sur cette mesure du début de l’année 2014 : la certitude que nous avons tous, c’est que cela fera baisser le nombre de blessés et de tués sur le périphérique. Alors, contestez, mais s’il y a moins de blessés et moins de tués sur le périphérique grâce à une baisse de la vitesse, je prends, j’assume, je revendique », avait même insisté Bertrand Delanoë, lors de ses voeux au Conseil de Paris, le 7 janvier 2014…

Des améliorations peu perceptibles

Sur la pollution, il était également promis une baisse des polluants atmosphériques jusqu’à 5 %. Une affirmation qui ne peut pas, pour l'instant, être vérifiée, puisque les études statistiques sont en cours. Quant à la diminution du bruit, il y a un an, elle devait être, estimaient alors les responsables parisiens, de l'ordre de « 1,7 décibels pour les véhicules légers », puis « 1,2 décibels pour les poids lourds ». Pour finir, les niveaux sonores auraient bien fléchi, en l'occurrence d'1,2 décibels la nuit et de 0,5 le jour, selon les données communiquées par la mairie de Paris.

Reste qu'il n'est pas dit que cette amélioration ait un réel impact perceptible par les riverains. Comme l'a rappelé l'association 40 Millions d'automobilistes, « diminuer le volume des nuisances sonores de 1 dB est imperceptible pour l'oreille humaine ». En outre, il est probable que ce progrès – quoi que peu palpable – soit essentiellement dû au nouveau revêtement phonique (antibruit) qui est en train d'être déployé sur le boulevard périphérique.

C'est très rapidement, enfin, que l'on passera sur la prétendue plus grande fluidité du trafic. Pour l'heure, les chiffres communiqués paraissent en effet tout simplement invérifiables. Conclusion : il est possible que l'abaissement de la vitesse autorisée de 10 km/h sur le périphérique parisien entraine à l'avenir autant d'évolutions positives qu'annoncées. Mais il est bien trop tôt pour fanfaronner. En attendant, une certitude : le passage de 80 à 70 km/h sur le périph' a grandement boosté les radars automatiques qui y sont installés !