Tous les secteurs en rapport avec l’automobile ne subissent pas la crise de la même façon. Les sociétés d’autoroute, par exemple, et leurs actionnaires vont plutôt bien. Et même très bien. Trop bien ?

En 2008, les résultats nets cumulés des trois principaux groupes, ASF, SANEF et APRR, dépassaient largement le milliard d’euros. Entre temps, la crise n’a eu peu de prise : l’action APRR qui valait 45€ en 2005 était encore affichée à 50€ la semaine dernière. Rapportée par Le Parisien/Aujourd’hui en France, l’insolente santé des sociétés d’autoroutes repose sur cinq points, qui en font LA machine à fric parfaite.

Il y a d’abord les parts de l’Etat dans les différentes sociétés qui ont été bradées par Dominique de Villepin en 2005 afin que les transactions se passent rapidement. Ensuite, la multiplication des péages automatiques a permis de diminuer d’autant le nombre de salariés, jusqu’à 36% pour ASF ces quatre dernières années. Principaux actionnaires, les sociétés de BTP comme Vinci ou Eiffage ont toutes les capacités pour réduire les dépenses d’entretien des infrastructures au minimum. Vient ensuite les tarifs de péage eux-mêmes. Si le prix global n’a augmenté que de 2,3% en cinq ans, la réalité est toute autre quand on l’examine de près : les tronçons les plus empruntés gonflent parfois de 30 à 40%. Enfin, avec des résultats en augmentation exponentielle, les emprunts contractés en 2005 devraient être remboursés d’ici 2012. Ce qui laissera 20 ans de profit maximum avant la fin de la concession, en 2032.

Le dindon de la farce reste évidemment l’automobiliste qui n’a pas d’autre choix, s’il refuse de participer aux dividendes à 10 chiffres des actionnaires des sociétés d’autoroute, que d’emprunter les nationales, quatre fois plus meurtrières que les autoroutes.