Ginetta G4 : le rêve de quatre frères
LES VOITURES LES PLUS RAPIDES DU MONDE - Quand une fratrie décide de travailler ensemble à la fin des années 50, il en résulte une petite sportive pleine de charme : la Ginetta G4. Mais après le succès, vient le temps des désillusions et de l'âme perdue des petites autos légères agiles et pas trop chères.

Quand on grandit dans une ferme anglaise du Kent, la voie vers l’agriculture est toute tracée. C’en fut ainsi dans la famille Walklett. Et même si en cette fin des années 30, les quatre garçons n’ont pas repris l’exploitation familiale, ils ont fait des études d’ingénierie agronome.
Du coup, après la guerre, ou l’un des frères a été blessé, Douglas, Trevor, Bob et Ivor, toujours soudés, créent leur entreprise. Mais dans l'ingienierie métallique, pas dans l’agriculture. Leur petite boîte tourne gentiment, notamment grâce à une grue mobile de leur invention.
Des grues aux petites sportives
Mais dans ces années 50, Trevor a la tête ailleurs. Quand il ne dessine pas des structures métalliques, ce sont des voitures qu’il griffonne sur sa table à dessin. Et il veut concrétiser les courbes qui s’étalent sur le papier et va finir par convaincre les autres frangins Walklett.
Alors les quatre garçons qui rêvent d’être dans le vent des circuits et des routes anglaises doivent se répartir les rôles. À Trevor le design, of course. C’est Ivor qui va se charger de chapeauter l’ensemble du projet, quant à Bob, roi des chiffres et du business, il est bombardé directeur général. La partie purement mécanique et électrique échoit à Douglas.
Mais quel type de voiture construire ? Le luxe, les sportives haut de gamme, ou la grande production sont des créneaux déjà bien occupés ou inaccessibles pour les frères Walklett. Alors ils ont une idée : développer une sportive en petite série, légère, simple, donc fiable, pas trop chère et qui peut gambader sur les routes comme sur les circuits.
En 1958, l’entreprise est créée dans le Suffolk. Rapidement, une première auto est mise en chantier, elle s’appellera Fairlight (lumière du jour). Elle est en fibre de verre et se greffe sur une mécanique Ford. Pas de chance, la marque américaine lance la même année la Fairlane. Et pas question de prêter à confusion.
La Fairlight devient Ginetta
Les frères Walklett remisent leur prototype et réfléchissent à un autre nom. Les bolides italiens commencent à être à la mode et, selon la légende, l’un des frangins aurait vécu une histoire d’amour avec une certaine Ginetta, une jeune transalpine qu’il n’a jamais oublié. Le nom de la marque est tout trouvé et les quatre frères renomment leur Fairlight qui devient Ginetta G1. Deux autres modèles vont suivre, mais l’affaire reste confidentielle, jusqu’en 1961 et l’avènement de la G4.
Quand elle est dévoilée au Racing car show de Londres en 1961 ou les visiteurs n’ont d’yeux que pour ses lignes douces. L’auto se voit même décerner le titre de "Best looking Car of the Show". Le décollage est immédiat et le succès assuré. Car la G4 s’affiche à 699 Livres, soit 100 de moins qu’une MG A et presque 200 en deçà d’une Triumph TR3. Mais un prix ne suffit pas à assurer un carton. Sauf que la Ginetta est fidèle au souhait de ses créateurs. Elle est légère (510 kg seulement), fiable, grâce à son moteur de Ford de 91 ch au lancement pointant à 193 km / h avec un 0 à 100 km / h abattu en 8,5 secondes.

Dans la petite usine du Suffolk, on produit et on recrute à tour de bras. Les premières livraisons ont lieu en 1964 et, pendant quatre ans, jusqu’à l’arrêt de l’auto en 1968, 800 G4 sont fabriquées et vendues. Les quatre frères s’enhardissent et projettent de concevoir une Formule 1. Mais elle ne verra jamais le jour. Ils produisent d’autres Ginetta encore, dans leur coin, jusqu’à la fin des années 80, moment ou le loup entre dans la bergerie.
Un loup qui a pour nom Martin Phaff. C’est un investisseur appelé au secours par les quatre frères. Le monde a changé et Ginetta a du mal à suivre. Leur production artisanale n’est plus adaptée. Alors Phaff apporte ses Livres Sterling, rachète la boîte et souhaite en faire une véritable entreprise individuelle. Au grand dam des Walklett, surtout d’Ivor et Trevor.
Alors ils s’en vont, fondent une nouvelle société, baptisée Dare, continuent leur équipée, avec d’autres voitures, jusqu’à se faire racheter encore, par d’autres investisseurs milliardaires, mais le temps passe et leur rêve des années 60 passe avec lui.
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