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Régis Masera, président de l’Arval Mobility Observatory : "les flottes ont de moins en moins de visibilité"

Connu pour les statistiques mensuelles qu’il édite, mais aussi par ses cahiers spéciaux TCO Scope et Baromètre des Flottes, l’Arval Mobility Observatory France compte parmi les structures de référence lorsqu’il s’agit de commenter le marché national du véhicule d’entreprise. Régis Masera, président de l’organisme depuis l’été dernier, a répondu à nos questions.

La loi LOM et ses contraintes, entre quotas de véhicules électrifiés et zones à faibles émissions.
La loi LOM et ses contraintes, entre quotas de véhicules électrifiés et zones à faibles émissions.

Caradisiac : 10 % d’immatriculations en moins depuis le début de l’année (par rapport à 2019) et un mois d’octobre qui enregistre 25 % de baisse. Quel est votre regard sur ce coup de frein qui frappe le segment entreprise ?

Régis Masera : Avec une baisse deux fois plus rapide qu’au mois de septembre, le marché entreprise, bien que plus résilient que le marché (automobile) global, a connu en effet un arrêt brutal en octobre. On a là un vrai sujet qui est lié notamment et même principalement à la crise des semi-conducteurs dont on commence vraiment à ressentir les conséquences sur les immatriculations.

Ce ralentissement risque de se densifier. Le marché va continuer en effet, dans les mois à venir, à rencontrer de fortes problématiques sur la capacité à livrer les véhicules commandés et à produire les futurs modèles. Nous pensons hélas que nous ne sommes pas encore au point haut de la crise…

L’accompagnement des flottes en période de crise

Caradisiac : La crise sanitaire, puis la crise des semi-conducteurs : comment les flottes s’organisent-elles pour tenir leurs parcs et préserver leur activité dans ce contexte ?

Régis Masera est le Président de l’Arval Mobility Observatory depuis le 1er juillet 2021.
Régis Masera est le Président de l’Arval Mobility Observatory depuis le 1er juillet 2021.

Régis Masera : Tout d’abord il y a eu le sujet de la crise sanitaire, qui était complètement différent. On n’avait pas de problèmes d’offres mais on avait une problématique d’usage puisqu’un certain nombre de secteurs d’activité voyaient l’utilisation de leurs véhicules chuter drastiquement. Il y a donc eu alors, de la part des loueurs, tout un programme d’accompagnement sur la prolongation des contrats de location longue durée.

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Ensuite, (Ndlr : à l’issue des périodes de confinement), l’activité a repris, il y a eu du dynamisme et les clients ont renouvelé naturellement leurs besoins (en plus des véhicules bénéficiant d’une prolongation de contrat de LLD), ce qui a développé les commandes et les mises à la route depuis le début 2021, tout cela toutefois avec une certaine rationalité puisque nous n’étions quand même pas revenus aux chiffres de 2019.

Là, actuellement, ce à quoi on assiste, en raison de la crise des semi-conducteurs, c’est à un arrêt important des capacités à produire et à livrer les véhicules, ce qui nécessite donc un deuxième niveau d’accompagnement au service des clients. Certaines des recettes n’ont pas changé, à l’image de la prolongation des voitures qui sont à la route lorsqu’il est encore possible de prolonger les contrats. Lorsqu’en revanche cela n’est pas possible, il reste toutes les autres alternatives, notamment la location moyenne durée, qui connaît une très forte demande ces derniers mois pour pallier cette problématique de renouvellement. Par ailleurs, depuis plusieurs mois, les loueurs incitent bien entendu leurs clients à anticiper les commandes et à identifier toute France où se situent les stocks et quels sont les véhicules déjà produits et disponibles, quitte à déroger aux niveaux d’équipements qui sont dans les Car Policy.

Loi LOM : les entreprises redoutent davantage les ZFE que les quotas

Caradisiac : Les flottes concernées par la loi LOM sont-elles prêtes pour les premiers quotas de véhicules à faibles émissions (- de 60 g de CO2/km) ?

Régis Masera : Globalement, on ne peut pas dire ça. Maintenant si on regarde dans le détail, c’est vrai que pour les voitures particulières par exemple, jusqu’à la crise des semi-conducteurs, on a vu un boom des commandes (chez les flottes en LLD) sur l’hybride rechargeable, des modèles qui émettent dans la majorité des cas moins de 60 g/km de CO2 et qui rentrent donc dans les quotas de véhicules à faibles émissions. Sur le full-électrique en revanche, clairement, le compte n’y est pas. À fin octobre, ces véhicules (VP et VU) représentaient en effet moins de 5 % du marché global entreprise. Toutes les entreprises, structurellement, ne sont en fait pas toutes prêtes car toutes n’ont pas la capacité à fonctionner sur du 100 % électrique et à avoir l’écosystème nécessaire qui permet de faire corréler les besoins métiers avec les capacités et les particularités des véhicules.

Du début de crise sanitaire jusqu’à la crise des semi-conducteurs, « certaines des recettes n’ont pas changé » en matière d’accompagnement, à l’image de la prolongation des contrats de LLD.
Du début de crise sanitaire jusqu’à la crise des semi-conducteurs, « certaines des recettes n’ont pas changé » en matière d’accompagnement, à l’image de la prolongation des contrats de LLD.

Caradisiac : Selon vous, la réglementation sur les « ZFE-m »* (autre mesure issue de la loi LOM) inquiète-t-elle les flottes davantage que celle sur les quotas ?

Régis Masera : Définitivement oui. Très clairement, ce qui inquiète le plus aujourd’hui les entreprises, au-delà du risque de ne pas être dans les clous de l’objectif des quotas de véhicules électrifiés lors du renouvellement de parc, c’est surtout de ne plus pouvoir opérer leur métier et que l’avantage donné à travers le véhicule de fonction n’en soit plus un parce que ces véhicules ne sont plus utilisables là où les collaborateurs vivent. C’est aussi pragmatique que cela.

La LLD, un financement repère pour de plus en plus de flottes

Caradisiac : Comment expliquer la part croissante de la LLD (61,8 % du total des immatriculations en octobre**) sur tous les segments d’entreprises ?

Régis Masera : Une grande partie de la réponse tient dans les sujets que nous avons abordés précédemment. Les flottes ont de moins en moins de visibilité au niveau légal, fiscal et réglementaire. Ce sont en effet trois champs qui sont, depuis maintenant trois ou quatre ans, très instables, alors que le métier de l’entreprise n’est pas de s’occuper de ces questions en permanence. Ainsi, à partir du moment où on a un périmètre très instable, à la fois sur les coûts et sur les usages, forcément on va rechercher une fluidité et une capacité à pouvoir se désengager très vite. En cela, la LLD répond à cette problématique. Les grandes entreprises l’utilisent depuis très longtemps, le haut du mid-market aussi. Jusqu’ici, c’était moins vrai sur la partie basse du mid-market, TPE-PME et professions libérale et on voit que c’est désormais un marché en nette croissance. La deuxième raison de la croissance réside dans le fait que le marché entreprise est mature. La location longue durée est y ancienne et bien rodée. Elle octroie une transparence dans les composantes qui font les contrats (prix, remises, taux, valeur résiduelle, garanties, frais de remise en état, etc.), de sorte que les entreprises sont capables de budgéter et de savoir où elles vont avec ce type de financement.

* La réglementation sur les ZFE-m, zones à faibles émissions-mobilité, est issue, comme celle liée aux quotas de véhicules électrifiés, de la loi LOM votée en décembre 2019 (loi renforcée par la loi Climat votée l’été dernier).

** Selon les chiffres du Sesamlld, syndicat qui fédère au niveau national les sociétés de location longue durée

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