TOYOTA a développé depuis 2007 une première phase d’expérimentation de véhicules hybrides rechargeables (VHR) qui concernait une vingtaine de véhicules dans le monde, dont quatre en Europe en collaboration avec EDF. Ce projet pilote démarré en septembre 2007 visait à valider la viabilité des VHR et à défricher le terrain des technologies de recharge communicantes.

La deuxième phase se déploit en 2010 avec des programmes ciblés de location longue durée de 600 Prius VHR (Plug-in) à travers le monde, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon (230 exemplaires), aux États-Unis (150) et en Europe (200). Une vingtaine de véhicules sera mise en circulation au Royaume-Uni et 20 autres en Allemagne. Le programme le plus important a débuté à Strasbourg fin avril 2010, où cent Prius Hybrides Rechargeables seront louées à des entreprises privées, des partenaires institutionnels, des collectivités locales et à une société d’autopartage. Les exemplaires restants seront répartis dans une dizaine d'autres pays européens . L’objectif final de ces locations longue durée en conditions d’utilisation réelles étant de lancer le modèle de série sur le marché dans quelques années, en principe dès 2012, à peu près en même temps que la Chevrolet Volt, et sans doute un peu avant l’Opel Ampera.

 

L’expérience strasbourgeoise durera 3 ans et fera l’objet d’un suivi scientifique et technique. Elle a reçu la labellisation du fonds de recherche « démonstrateur pour les véhicules à faibles émissions de gaz à effet de serre » créé dans le cadre du Grenelle de l’Environnement géré par l’ADEME. Le projet associe la ville et la communauté urbaine de Strasbourg, le constructeur japonais et EDF qui supervise un réseau de recharge dédié d’environ 150 postes (avec différentes solutions opérationnelles d’infrastructure de charge, conçues notamment pour faciliter la facturation de l’électricité, communiquer en temps réel à l’utilisateur sur son smartphone les bornes de rechargement libres ou l’informer de la fin de la charge). Pour le premier producteur d’électricité en Europe, cette expérimentation permet de se préparer à la mobilité électrique de demain, afin d'être prêt pour le déploiement à grande échelle de ces infrastructures les prochaines années. Ce qui pourra commencer quand le choix des normes pour les prises, les bornes, …, sera validé au niveau européen. Les discussions aboutiront normalement fin 2010, même si l’Allemagne experte en normalisation fait le forcing pour imposer ses standards, notamment afin de favoriser ses fabricants d’équipements électriques.

Le parc automobile électrique français pourrait atteindre jusqu’à 2 millions de véhicules en 2020 (véhicules purement électriques et hybrides thermique/électrique rechargeables). Dans cet hypothèse favorable, la consommation électrique des véhicules représenterait moins de 0,5 % de l’électricité produite en France. Une goutte d’eau qui deviendra une grande rivière à long terme, au fur et à mesure que les énergies fossiles deviendront de plus en plus rares et de plus en plus chères. Une des raisons pour laquelle Henri Proglio, le PDG d’EDF, n’a pas manqué de faire le déplacement le 27 avril dans la capitale alsacienne pour le lancement officiel de l’opération.

 

Le véhicule développé pour la démonstration à Strasbourg et proposé par Toyota à la location longue durée, est une version rechargeable dérivée du modèle hybride essence/électricité de la Prius III commercialisée depuis l’été 2009. A part la trappe afin de brancher la prise, la principale modification concerne la batterie, un bloc à l’ion Lithium (Li-ion) remplaçant celui à l’hydrure métallique de nickel (Ni-MH) afin de multiplier par 10 l’autonomie en mode électrique et d’assurer une recharge suffisamment rapide.

 

Le fonctionnement de la motorisation hybride rechargeable

Sur des distances allant jusqu’à 20 km, le véhicule peut fonctionner sans bruit ni émission en mode électrique. La batterie peut être rechargée à partir du réseau électrique au domicile ou sur le lieu de travail, dans les parkings publics ou sur une borne en voirie en 1h30 pour une charge pleine sur une prise finalement spécifique. Toyota et EDF avait annoncé il y a deux ans un branchement à une prise domestique classique, tout à fait possible puisqu'on est en simple 230 V en nominal monophasé 16 A, mais afin d'augmenter la sécurité et peut-être aussi pour éviter les recharges pendant les pics de consommation, la prise dédiée a finalement été choisi.

Pour les longs trajets, le véhicule fonctionne en mode hybride essence/électricité comme une Prius classique, laissant une liberté de déplacement de plusieurs centaines de kilomètres.

 

Hormis l’empreinte écologique diminuée (59 g/km de CO2 en cycle mixte, voire moins de 20 g en utilisation tout électrique en France où 95 % de la production d’électricité ne provient pas du thermique à flamme) et une préservation des ressources fossiles, les principaux avantages du VHR Toyota sont une consommation (2,6 l/100 km au lieu de 3,9 litres en cycle mixte) et une facture énergétique (essence/électricité) réduites grâce à un coût de l’électricité de 3 à 5 fois moins cher que les carburants classiques (moins de 50 centimes par charge). L’un des objectifs du projet strasbourgeois est de pouvoir quantifier les économies réelles des utilisateurs sur leurs trajets quotidiens. 

Rendez-vous début 2011 pour un premier bilan de l’expérience.