D'après une étude américaine publiée en ligne aujourd'hui par la revue médicale britannique The Lancet, les enfants habitant près d'une autoroute ou d'une route au trafic important ont un développement pulmonaire réduit et cela représente un risque non négligeable pour leur santé quand ils seront adultes. En Californie du sud, plus de 3 600 enfants et adolescents ont été suivis pendant huit ans, entre 10 et 18 ans. Leurs fonctions pulmonaires ont été mesurées tous les ans. Durant les examens, les enfants devaient inspirer à fond et expirer le plus fort possible l'air de leurs poumons afin de réaliser plusieurs mesures de volume et de débit. Les enfants et adolescents ayant vécu à moins de 500 mètres d'une route à fort trafic avaient des "déficits substantiels" dans le développement de leurs fonctions respiratoires par rapport à ceux ayant vécu à plus de 1,5 km d'une voie à fort trafic. Le volume expiré maximal dans la première seconde (VEMS) des enfants ayant vécu à moins de 500 m d'une voie à fort trafic correspondait à 97% de celui des enfants résidant à plus de 1,5 km. Ils ont donc un déficit de 3%. Pour une autre mesure de débit respiratoire (DEMM), le déficit dépasse 6%. James Gaudeman de l'University of Southern California (Los Angeles), l'auteur principal de l'étude, a déclaré : "Quelqu'un qui souffre dans l'enfance d'un déficit de fonctions pulmonaires aura probalement des poumons en moins bonne santé tout le reste de sa vie. A l'âge adulte, une fonction pulmonaire réduite est un facteur de risque important pour les maladies respiratoires et cardiovasculaires. Des enfants non-asthmatiques et non-fumeurs ont souffert de déficits significatifs de leurs fonctions respiratoires, ce qui suggère que tous les enfants en bonne santé sont potentiellement affectés par l'exposition au trafic. Même lorsque la pollution est faible dans la région, les enfants vivant à proximité d'un axe routier important ont des risques de santé accrus. Compte tenu de l'importance des effets constatés, une réduction de l'exposition aux polluants liés au trafic conduirait à des bénéfices substantiels pour la santé publique. Il faut tenir compte dans la règlementation. Concernant la concentration en carbone des gaz d'échappement des moteurs diesel et la pollution dues à des particules fines ou ultrafines, d'autres études sont nécessaires pour définir la contribution de chaque polluant aux effets constatés sur le développement pulmonaire." Dans un commentaire publié dans Lancet, Thomas Sandstrom (University Hospital, Umea, Suède) ajoute que "ces résultats posent d'importantes questions de société sur la structure de notre système de transport, les moteurs, les carburants, la combustion et la poussière des routes dans les zones urbaines. L'étude suggère que la pollution primaire récemment émise est plus dangereuse que la pollution ancienne stagnant sous forme de résidus."