Lorsqu'on lutte contre le changement climatique, on souhaite réduire les émissions de gaz à effet de serre. Malheureusement, d'après Jean-Felix Bernard, ancien président du Conseil national de l'air et spécialiste des questions de pollution de l'air, "certaines opérations de lutte contre l'effet de serre peuvent avoir un effet d'augmentation des polluants avec une toxicité immédiate. C'est une situation paradoxale, très peu connue. Par exemple, isoler son logement permet de faire des économies d'énergie et de contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement planétaire. Mais à l'intérieur, l'air peut être irrespirable s'il n'est pas renouvelé, une véritable mixture avec des polluants de l'air extérieur et intérieur." L'Observatoire de la qualité de l'air intérieur a montré dans une récente étude que "près d'un logement sur dix en France présente des niveaux de pollution chimique très élevés."

Deuxième exemple : le moteur diesel. Les constructeurs automobiles le présentent comme plus "propre" que le moteur à essence car il consomme 20% à 30% de moins et qu'il dégage ainsi moins de CO2. Mais il est plus nocif que l'essence pour l'air ambiant car il émet plus de particules et d'oxydes d'azote. Selon l'Afsset, l'agence santé-environnement, "les particules diesel font partie des particules fines en suspension dans la pollution atmosphérique, dangereuses dans la mesure où elles peuvent pénétrer profondément dans les poumons et atteindre la région alvéolaire. Le filtre à particules permet d'éviter cette pollution mais sa généralisation n'est pas prévue avant 2010 avec la norme Euro 5." Pour que la totalité du parc diesel soit renouvelée, il faudra attendre, la durée de vie moyenne d'une voiture étant d'environ 13 ans.

Troisième exemple : les biocarburants. L'association de consommateurs UFC-Que Choisir et la Confédération paysanne, qui sont contre l'agriculture intensive, ont exprimé des doutes sur le bilan énergétique des agro-carburants. Selon l'UFC-Que Choisir, "les biocarburants sont issus de zones de grandes cultures, nécessitant de grandes quantités d'engrais fabriquées à partir de pétrole et de l'énergie pour les tracteurs, les transports des récoltes et leur transformation. Si l'on tient compte de l'énergie consommée tout au long du processus de fabrication, le biocarburant ne présente aucun intérêt, le gain énergétique est nul tant sa production consomme d'énergie."

On appelle ça "un mal pour un bien" ou "on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs"...