Deux gamins qui rêvent d'Ascari

Au début, il y a deux gamins qui vivent heureux et insouciants dans une grande ferme de la péninsule istrienne, au nord est de l'Italie. Tout s'écroule un jour de l'été 1945, lorsque les troupes yougoslaves envahissent la province. Comme des milliers de leurs compatriotes, les Andretti prennent la route de l'exode. De camps de réfugiés en promesses non tenues, l'errance va durer plusieurs années. A Lucques, où la famille a finit par trouver refuge dans un camp un peu moins sordide, les deux gamins âgés maintenant de neuf ans, se trouvent déjà un petit boulot. "Un garagiste de Lucques nous avait pris en amitié. Nous rangions ses voitures. Je me demande encore comment nous pouvions nous débrouiller" se souvient Mario, "mais tenir un volant nous comblaient de plaisir. Aldo et moi étions déjà passionnés de sport automobile". Une passion partagée par leur employeur qui achète en 1953 une Stanguelini pour son fils. Une Formule Junior, réservée aux pilotes âgés de 14 à 20 ans vient de naître en Italie.

Peu doué et surtout guère motivé, le "fils de famille" laisse bientôt le volant de la Stanguelini aux jumeaux. En cachette, de leurs parents, Aldo et Mario qui se relaient au volant de la monoplace vont gagner 25 courses dans la région de Trieste. Le petit garage ne vit bientôt plus que par la course. Enthousiaste, le "patron" entraîne Aldo et Mario à Monza pour le GP d'Italie 1954. Le duel entre la Ferrari d'Ascari et la Mercedes de Fangio sera d'une rare intensité. De longues minutes après la course, Mario reste immobile, muet, comme étourdi. "Avant ce Grand Prix, je voulais devenir pilote, après je le devais". Quelques semaines plus tard, tout va basculer. Un accord international confirme la conquête yougoslave sur l'Istrie. Perdant définitivement l'espoir de retrouver ses terres, la famille Andretti décide de partir rejoindre un oncle établi aux Etats Unis. Les jumeaux ne vivent pas le départ comme une délivrance mais comme un drame : "à notre connaissance, il n'y avait qu'une seule course aux Etats Unis, Indianapolis. Pas de Formule 1, ni de 1000 Miles. La vie devenait sans espoir".

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