La conquête de l'Ouest

La déprime sera de courte durée. Installés à Nazareth en Pennsylvanie, ils retrouvent immédiatement un univers familier. Le vieil oncle tient non seulement une station service, mais celle-ci est de plus située à quelques centaines de mètres d'un "Speedway". Dès lors, ils deviennent les spectateurs les plus assidus du circuit. C'est un simple ovale en terre battue et ce sont de bien curieuses machines qui tournent. Des compétitions sans doute rustiques, bien moins nobles qu'en Europe mais accessibles avec un tout petit budget. En attendant impatiemment leurs 18 ans, ils économisent chaque "Cent" et finissent par à s'offrir une Hudson Hornet de 1948. Pour donner l'apparence d'une voiture de course à cette paisible berline, Aldo et Mario qui ont tout de suite assimilé les moeurs de leur pays d'adoption, fondent, la Société Andretti Frères. Ils empruntent de l'argent aux gamins du voisinage, émettent des actions de 5 à 20 dollars et promettent une répartition des bénéfices sur leurs futurs gains en course. Le 21 mars 1958, la Hudson est prête. Aldo et Mario jouent à pile ou face pour savoir qui la pilotera. Aldo gagne le "toss" et la course. Mario l'imite quinze jours plus tard. Leur rage de vaincre leur vaut bientôt un surnom : "les sauvages".

A Hatfield, en 1959, Aldo se laisse déborder par sa fougue et percute de plein fouet les fascines. La Hudson part dans une interminable série de tonneaux, puis retombe enfin sur ses roues. Aldo est gravement touché. Il reste quinze jours dans le coma. Lorsqu'il se réveille, il doit réapprendre à lire et à écrire. Mario répare pourtant la vieille Hornet pour son frère. En mai 1960, Aldo est de retour mais un second accident l'écarte à nouveau des pistes. Mario, va poursuivre désormais sa route en solitaire. Favorisé par sa taille "jockey", il s'oriente vers les "Midgets". Des monoplaces ultra courtes et hautes sur pattes aux réactions souvent imprévisibles sur la cendrée. Il accumule les victoires-trois dans une seule journée sur trois circuits distants de plusieurs centaines de kilomètres-et parvient maintenant à vivre de la course. En 1964, il accède à la catégorie reine : les Sprint cars. Véritable antichambre de la formule Indy, cette catégorie est sans conteste la plus spectaculaire, la plus richement dotée mais aussi la plus dangereuse des formules sur terre battue. Confrontés souvent avec les stars d'Indianapolis venues se divertir au volant de ces petites bombes (650ch/650kg !), Mario se classe avec une belle régularité parmi les trois premiers et enlève sans aucun complexe deux épreuves dès sa première saison. "Little Mario" porté par le public, commence à éveiller l'intérêt des team managers de formule Indy. Un simple remplacement à Trenton. Il est bien jeune pour les "sénateurs de l'Indy"... Avec son "dynosaure", un roadster à moteur avant, Mario termine à une honorable 11e place, au milieu de monoplaces modernes à moteur central. Il vient de gagner son visa pour la formule reine. Intégré à l'une des meilleures équipes pour la saison 1965, Mario brûle les étapes : 3e à Indianapolis, meilleur débutant de l'année et vainqueur du championnat ! Il conserve son titre l'année suivante en remportant huit des quinze courses du championnat, mais Indianapolis lui échappe. La victoire sur le célèbre Speedway le hante. Il n'a pas oublié la Formule 1 et il croit qu'elle seule peut lui en ouvrir les portes. Il se trompe.

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