Les experts interrogés ont déterminé plusieurs raisons pour appréhender le phénomène : la nature de l'homme, les hormones, les motos, les trajets, la vitesse et l'alcool. Voici leurs observations.

La nature masculine

Tout d’abord, « la conduite reste un secteur plus ou moins réservé aux hommes » relève Jean-Yves Salaün, de l'association Prévention Routière. Pour Sarah Benzaqui et Philippe Boulleau, l'antagonisme homme/femme dans l'approche de la conduite est très prononcé. D'un côté les femmes sont plus dans la retenue, elles respectent les consignes tandis que les hommes veulent prouver qu'ils sont courageux et veulent tout contrôler, allant jusqu'à contester les conseils prodigués.

Les hormones

Le psychologue Jean-Pascal Assailly parle d'un « bombardement d'hormones ». À l'âge où les jeunes hommes abordent la conduite (entre 16 et 18 ans), leur taux de testostérone est multiplié par 14 tandis que le taux d’œstrogènes des jeunes filles n'est multiplié que par trois. Ces hormones allument un système de récompense lié au plaisir, donc lié aux prises de risques et à la compétitivité, naturellement plus fort chez les hommes. Alors qu’une jeune conductrice est dans le registre de l’erreur et de la compréhension, les conducteurs sont dans celui de l’infraction : vitesse, alcool ou cannabis.

Les motos

Jean-Yves Salaün indique que 75 % des tués en deux-roues sont des hommes. Pour rappel, cette catégorie représente 25 % du total des tués sur la route. On retrouve de nouveau une approche différente que l'on soit un homme ou une femme. Pour Marc Bertrand, de la Fédération Française des Motards en Colère, c'est l’opposition de la passion masculine contre l'approche utilitaire féminine. Les femmes utilisent des cylindrées plus petites et pour des déplacements urbains.

Les trajets

Selon le sociologue Yoann Demoli, les femmes parcourent 20 % de kilomètres en moins que les hommes, avec une voiture de moindre cylindrée et généralement sur des trajets urbains, de nature moins accidentogène. Jean-Yves Salaün précise que les hommes sont majoritaires sur les longs trajets ainsi que sur les déplacements de nuit, les plus dangereux.

La vitesse

Les excès de vitesse sont l'une des raisons principales des accidents mortels en France. Et sans surprise, les hommes sont majoritairement en cause. Le commandant de la préfecture de Police de Paris, Jean-Pierre Jukowski, indique que dans 75 % des accidents graves impliquant la vitesse, les hommes étaient au volant. Pour la formatrice Caroline Gastard, les femmes accumulent les petits excès de vitesse, souvent liés à l’inattention. Pour certains hommes en revanche, la vitesse est « une passion ». Beaucoup ne parviennent pas à modifier leur comportement, et ce malgré les radars. La vitesse, sur la route comme au travail, est pour eux synonyme d’efficacité.

L'alcool

Avec la vitesse, l'alcool fait partie des origines principales des accidents mortels de la route. Et là encore, les hommes sont majoritairement impliqués dans ce type d'accidents : 92 % des cas selon l'association de la Prévention Routière et 85 % des cas selon les chiffres de la préfecture de Police.


En 2012, 3 645 personnes ont perdu la vie sur les routes française. L'objectif est de passer sous la barre des 2 000 d'ici à 2020.