Les principales nouveautés de cette dernière M3 portent sur le moteur et le poids. Sous le capot, adieu le V8 atmosphérique 4.0 de 420 ch, il est remplacé par un 6 cylindres en ligne 3.0 bi-turbo de 431 ch soit 144 ch/litre et surtout d’un couple monstrueux de 550 Nm (+ 150 Nm soit 37 %) disponible à des régimes inférieurs et sur une large plage comprise entre 1 850 et 5 500 tr/min. Cette M3 est la BMW de route au plus gros rendement. Et pour ne rien gâcher, ce 6 cylindres est beau avec une barre anti-rapprochement en carbone du plus bel effet. Cette augmentation de la puissance s’est accompagnée aussi d’un important travail sur le poids. Résultat : près de 80 kg de moins sur la balance (1 595 kg) grâce à l’usage massif de carbone pour le toit et l’arbre de transmission, et d’aluminium pour le capot moteur et les ailes avant.

Sans surprise, la combinaison de ces deux éléments a des conséquences sur le rapport poids/puissance qui atteint 3,47 kg/ch (contre 3,76 auparavant) mais également sur les performances avec un 0 à 100 km/h abattu en 4,1 s (avec la boîte M DKG, soit la meilleure performance de la marque dans cet exercice) ; 13,4s pour le 200 km/h D.A et une vitesse maximale de 250 km/h et même 280 km/h avec le Pack Compétition, le tout pour une consommation annoncée en baisse de 25 % et des rejets de CO2 oscillant entre 194 et 204 g suivant la transmission.

Essai vidéo - BMW M3 : M comme méchante

Assez de chiffres, place maintenant à la route. Notre M3 est une version pourvue de la boîte à double embrayage M-DKG à 7 rapports, une option à 3 950 €, mais elle existe aussi en boîte mécanique à 7 rapports. Contact. Une pression sur le bouton Start et le 6 cylindres s’ébroue dans une sonorité rocailleuse, particulièrement agréable même si elle est moins grave que la V8. Dès les premiers tours de roues, pas de doute, cette M3 répond à la moindre sollicitation et les accélérations sont très franches et même violentes. Pour vous donner un ordre d’idées, c’est comme si vous aviez un gros diesel capable d’atteindre des régimes supérieurs à 7 500 tr/min tant le couple est énorme. Tout simplement à couper le souffle. Sur route, respecter les limitations de vitesse relève du véritable miracle. Entre deux moments de criminalité routière, vous constaterez que la direction est un modèle de précision et de consistance, ce qui permet de vous caler parfaitement sur la trajectoire idéale. Le seul grief porte sur l’amortissement, notamment si votre M3 est équipée de jantes 19 pouces (optionnelles), qui rendent le confort trop ferme en particulier sur routes accidentées. Pourtant, il est possible de paramétrer l’amortissement selon trois modes mais cela ne la transforme pas en pullman pour autant.

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La circulation, c’est bien mais un peu juste pour un tel monstre. Direction donc la piste et le circuit du Val de Vienne. Là, pas de restriction du moins en théorie car sur place, la météo est capricieuse et nous sommes accueillis par un déluge. Autant dire que ce n’est pas très encourageant. Nous prenons la piste, prudemment. En mode Sport et sur une piste détrempée, chaque accélération se traduit par une dérobade du train arrière. Au fur et à mesure des tours, le bitume sèche et on opte pour le mode Sport + puis pour le M. Dynamic qui autorise un patinage plus important et donc quelques travers. Même sans être un pilote de la trempe de Soheil Ayari, c’est vraiment en déconnectant toutes les aides électroniques que l’on prend conscience de la virilité de la M3. ESP désactivé, elle ne demande qu’à glisser mais attention à la réaccélération qui peut vite être synonyme de tête-à-queue… Mis à part cela, la motricité est très correcte grâce au différentiel actif. On aurait pu craindre que le freinage soit le point faible de cette M3 comme sur certaines générations précédentes or il n’en est rien, en particulier avec l’option carbone-céramique facturée 7 400 €. Déjà probante sur route avec des passages de rapports doux en usage normal, celle-ci trouve son terrain de prédilection sur piste. Grâce aux palettes solidaires du volant, les rapports tombent et montent d’une simple pichenette. Confortable, particulièrement efficace mais aussi très amusant à conduire d’autant plus que cette boîte dispose de la fonction « Smokey Burnout » qui permet, lorsque la voiture roule, des accélérations radicales et surtout un patinage contrôlé des roues arrière. Un gadget à utiliser avec parcimonie, tout comme le Launch Control. Les puristes trouveront leur bonheur avec la nouvelle boîte manuelle à 7 rapports qui est la première transmission au monde à vous gratifier d’une remontée de gaz automatique comme si vous pratiquiez le talon-pointe.

Avec elle, vous vous prendrez très vite pour un pilote vu les vitesses que vous atteindrez. Mais attention, cette M3 est aussi exigeante et ne pardonne pas beaucoup d’erreurs, c’est ce qui la rend unique et si attachante.