C'est désormais une quasi-certitude, les prix des péages vont repartir très prochainement à la hausse. C'est après les élections départementales des 22 et 29 mars que nous devrions être fixés, avec les annonces officielles du gouvernement sur le devenir des sociétés concessionnaires d'autoroutes (SCA), ces entreprises qui gèrent 90 % du réseau autoroutier depuis la privatisation des concessions en 2006.

Le gel des tarifs sur autoroutes, qu'on croyait total mais de fait seulement partiel, devrait donc carrément être levé partout avant l'été. Rappelez-vous : c'est fin janvier que le Premier ministre, Manuel Valls, l'avait décrété, en constituant parallèlement un groupe de travail pour réfléchir à une éventuelle résiliation des contrats de concession, du moins à leur remise à plat. Le but officiel : mettre un terme à la « rentabilité exceptionnelle des SCA (…) assimilable à une rente », qu'avait pointé l'Autorité de la concurrence dans un avis explosif publié en septembre 2014, et rééquilibrer les relations entre l'Etat et ces sept concessions autoroutières dites historiques que sont ASF, Escota et Cofiroute du groupe Vinci, APRR et Area du groupe Eiffage, puis Sanef et SAPN du groupe espagnol Abertis.

Quand la montagne accouche d'une souris

Mais ce groupe de travail, formé de quinze parlementaires de la majorité et de l'opposition, n'a vraisemblablement pas eu les moyens de ces ambitions et a rendu un rapport bien consensuel mardi soir. Le mécontentement était d'ailleurs palpable chez les députés. « La montagne accouche d'une souris », a accusé Bertrand Pancher (UDI) dans la soirée. Quant au socialiste Jean-Paul Chanteguet, il avait carrément claqué la porte du groupe avant même la remise de ce rapport, en dénonçant une « parodie de consultation », voire un « moyen d’instrumentaliser les parlementaires, afin d’obtenir des SCA quelques concessions marginales, sur lesquelles le gouvernement puisse communiquer en direction des citoyens, en leur faisant croire qu’en l’absence d’alternative crédible, il avait obtenu le maximum ». Ambiance…

Mais de fait, il semblerait bien qu'au gouvernement, la volonté réelle de changer les donnes d'un dossier plus que complexe ait manqué. Et ce, malgré ce qu'ont pu laisser croire les déclarations offensives de certains ministres dans les médias. En gros, la situation que l'on connait depuis 2006 devrait donc perdurer, avec des hausses de prix aux péages généralement plus rapides que l'inflation. Les usagers n'ont même plus qu'à espérer que les sociétés d'autoroutes ne réclament pas, en plus des hausses de leurs tarifs, des compensations pour le gel des tarifs de quatre mois qu'elles viennent de subir ! Un comble ! Sous le feu des critiques, elles pourraient toutefois accepter de faire profil bas. Voire accepter de limiter les hausses initialement prévues au 1er février.

 

Hausses moyennes société par société prévues initialement au 1er février 2015

Sociétés

Hausses pour les voitures particulières (tarifs classe 1)

Hausses pour les poids lourds et autocars (tarifs classe 4)

APRR 0,70% 0,70%
AREA 0,74% 1,41%
ASF 1,13% 1,13%
Cofiroute 0,27% 0,27%
Escota 0,63% 0,63%
Sanef 0,27% 0,27%
SAPN 0,27% 0,27%


Il est à rappeler que la hausse moyenne du 1er février devait être de l'ordre de 0,57 % (l'inflation prise en compte étant de 0,38 %). Une hausse à laquelle devait même s'ajouter la répercussion de l'augmentation de la redevance domaniale, un impôt réglé par les entreprises pour l'occupation du domaine public, évaluée de son côté à 0,5 %. Et société par société, les hausses moyennes devaient elles varier, pour ce qui est des tarifs réservés aux voitures particulières, de 0,27 %, comme sur Cofiroute, Sanef et SAPN, à 1,13 % sur le réseau ASF (cf. notre tableau ci-dessus).