La Mercedes C36 AMG rivalise avec la BMW M3 mais coûte bien moins cher
Recevant un très musical 6-cylindres en ligne de 280 ch, cette AMG propose un alléchant mix de performances, de sonorité et de confort pour un prix encore très accessible : dès 15 000 €.

Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Un peu oubliée, la Mercedes C36 n'en constitue pas moins un jalon dans l'histoire de Mercedes. En effet, c'est la première AMG depuis l'intégration du préparateur d'Affalterbach à la marque de Stuttgart. Ensuite, la C36 est la première et dernière "petite" sportive du constructeur à s'équiper d'un 6-cylindres en ligne atmo. Une belle pièce de 280 ch, travaillée et assemblée chez AMG, qui installe aussi les freins et les accessoires de carrosserie spécifiques sur les autos, fabriquées à Brême. Une vraie hors-série somme, ce qui explique son prix énorme à l'époque et sa rareté. Comme la C36 n'est pas encore chère, il est bien temps de se l'offrir et de la préserver, une belle prise de valeur n'étant pas à exclure.

Première « petite » Mercedes d’après-guerre, la 190 (type W201) a remporté un grand succès. Pour lui succéder, le constructeur allemand joue donc la sécurité, en en adaptant la formule à une technologie et une esthétique plus modernes. Enfin, en théorie. En pratique, quand la remplaçante, la Classe C (type W202), apparaît en 1993, elle ne démode pas vraiment sa devancière. Elle est certes plus fluide par son look, signalé également par des feux arrière verticaux qui inspireront d’autres productions de la marque (comme le SLK), tandis que son Cx s'améliore légèrement, chutant de 0.33 à 0.30.

Les trains roulants reprennent quelques principes de la 190 (essieu arrière multibras direction à recirculation de billes), mais à l'avant, on trouve de sérieux triangles superposés à la place des jambes de force. Dans l’habitacle, la finition ne progresse pas vraiment mais les équipements sont à la page, sans générosité aucune toutefois. Là où la Classe C va initialement se distinguer profondément de sa devancière, c’est par sa motorisation sportive. En la matière, la 190 se contentait, si l’on peut dire, de moteurs à 4 cylindres et 16 soupapes, sur les 2.3-16 et 2.5-16. Pour sa part, la C a droit à une préparation signée AMG, dans sa variante dénommée C36.

Celle-ci récupère le 6-en-ligne M104 de la C280 pour le porter de 2,8 l à 3,6 l, tout en lui greffant une belle culasse à 24 soupapes actionnées par deux arbres à cames en tête. La puissance bondit à 280 ch et le couple à près de 385 Nm, une valeur conséquente. Seulement, ce bloc puissant s’attèle exclusivement à une boîte auto à 4 rapports et l’ensemble pèse 1 570 kg. C’est peu selon les standards actuels mais beaucoup à l’époque car la C36 AMG sort dès septembre 1993, la commercialisation débutant en avril 1994 en France.

Les performances sont remarquables, sinon exceptionnelles, avec un maxi bridé à 250 km/h et un 0 à 100 km/h exécuté en 6,7 s. Le prix est colossal lui aussi : 380 000 F, soit l’équivalent de 94 000 € actuels selon l’Insee. A titre de comparaison, la BMW M3 E36 4 portes s’en tient à 337 000 F… Pourtant, l'équipement n'est pas irréprochable. Certes, les 4 vitres et rétros électriques sont de série, tout comme l’ABS, les deux airbags, le régulateur de vitesse et la clim, mais celle-ci n’est automatique qu’en option, tout comme le réglage du volant, l’autoradio, la sellerie cuir ou encore l’antipatinage.

Heureusement, le châssis s’abaisse de 10 mm face à celui d’une C équipée de la suspension Sport, elle-même moins haute de 25 mm par rapport à une C normale, la suspension s’affermit, la voie avant s’élargit de 21 mm, les disques de frein grandissent (300 mm à l’avant, ceux de la 600 SL, pincés par des étriers à 4 pistons) et les jantes passent à 17 pouces. Légèrement remaniée fin 1995, la C36 AMG bénéficie en août 1996 d’une boîte auto à 5 rapports et gestion électronique, alliée à un antipatinage désormais de série. Elle disparaît en 1997 lors du restyling, remplacée par la C43 AMG, dotée d’un V8. Produite à 5 221 unités, uniquement en berline, la C36 restera donc bien rare…

Combien ça coûte ?
Une belle C36 AMG débute à 15 000 €, si l’on accepte un kilométrage important, de l’ordre de 250 000 km. A moins de 200 000 km, on comptera 17 000 €. A 20 000 €, on peut trouver un exemplaire aux alentours de 150 000 km, alors que pour tomber sous les 100 000 km, ce sera 25 000 €. Des prix variant nettement selon l’état et les options, très nombreuses…

Quelle version choisir ?
Privilégiez les exemplaires dûment suivis et en excellent état, avant de considérer le kilométrage. Ne vous focalisez pas sur les exemplaires en boîte 5, ils sont très rares et parfois moins fiables…

Les versions collector
Toutes, si leur état le mérite. Des coloris originaux et des options nombreuses seront des avantages. Rareté oblige, les versions à boîte 5 seront davantage recherchées.

Que surveiller ?
Si le moteur est très endurant, il n’en révèle pas moins une certaine faiblesse du côté du joint de culasse, si le liquide de refroidissement n’est pas surveillé de près (âge, fuites). Mais la distribution à chaîne double ne demande pas de maintenance particulière. Autre défaut, le faisceau électrique sous le capot est assez sensible aux hautes températures, surtout sur les autos d’avant 1996.
Défectueux, il peut générer bien des ennuis et se révèle cher à remplacer de par la main d’œuvre que cela implique. Heureusement, la transmission est solide, même si la boîte 4 est plus robuste que la boîte 5. Les deux demandent une vidange tous les 60 000 km. La suspension s’use normalement et, surprise, ses éléments ne sont pas très chers.
En revanche, et de façon assez étonnante, la C36 se révèle plutôt sensible à la corrosion : surveillez les passages de roue avant (les longerons peuvent commencer à y pourrir), les bas de caisse, et les attaches d’amortisseur arrière. On se console avec un habitacle qui vieillit très bien, hormis le volant.

Sur la route
Bonne surprise dans la C36, le volant est plus petit que dans les autres Classe C, au bénéfice de la position de conduite, excellente. Le siège se révèle ferme, mais il maintient efficacement. Au démarrage, on a le sourire, grâce à la mélodie du 6-cylindres. Oh, il n’est pas exubérant, juste raffiné et surtout… il marche fort ! On sent l’importance du couple dès les bas régimes et il prend ses tours avec aisance, sans toutefois manifester la même joie que le S50 de la BMW M3.

Costaud tout le temps, ce moteur très plein facilite la tâche de la boîte, dont finalement les seuls 4 rapports ne sont pas pénalisants. Surtout qu’elle est douce et rapide. Seulement, elle empêche d’exploiter le bloc comme on l’aimerait. Heureusement, le châssis étonne en bien. La direction se révèle consistante et précise, les roues sont sérieusement guidées, le grip est important de sorte que le comportement se régale par sa rigueur, même à haute vitesse. En virage, l’AMG reste moins agile qu’une M3 E36, mais elle sait délivrer du plaisir, surtout que l'antipatinage, présent sur la majorité des exemplaires, rassure sans se montrer trop intrusif. Et le freinage rassure par sa grande puissance !

Cela se paie par une suspension assez ferme, mais le confort reste acceptable, d’autant que l’insonorisation apparaît soignée. En somme, cette C36 est plus une voyageuse performante qu’une authentique sportive, appréciant une conduite coulée-rapide plus qu’agressive. La consommation ? Elle peut tomber sous les 10 l/100 km quand on reste très tranquille, mais grimpe vite à 14 l/100 km quand on attaque un peu.
L’alternative youngtimer
Mercedes 190 16 soupapes (1983 – 1993)

Petite révolution chez Mercedes, tant par ses dimensions que sa technologie et son style, la 190 a vite droit à une variante sportive : la 2.3-16, commercialisée en 1983. Préparé par Cosworth, son 4-cylindres 2,3 l se dote d’une culasse à 16 soupapes, pour une puissance de 185 ch. La carrosserie généreusement ornée d’éléments aérodynamiques aidant le Cx, la 190 2.3-16 pointe à 230 km/h : belle vitesse alors.
Surtout, elle a droit à un châssis préparé, une boîte 5 manuelle et un pont autobloquant, ces deux derniers éléments étant refusés à la C36 ! Fin 1988, la 190 « 16 soupapes » passe à 2,5 l (195 ch) et atteint 235 km/h, puis se décline en séries très affûtées, les Evo (1989) et Evo II (1990, avec 235 ch et un aileron spectaculaire). Ces Mercedes sportives disparaissent en 1993, produites en tout à un peu plus de 25 000 unités. Dès 15 000 €.

Mercedes-Benz C36 AMG 1994 – la fiche technique
- Moteur : 6 cylindres en ligne, 3 606 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : triangles superposé, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; essieu multibras, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 4 ou 5 automatique, propulsion
- Puissance : 280 ch à 5 750 tr/min
- Couple : 385 Nm à 4 000 tr/min
- Poids : 1 560 kg
- Vitesse maxi : 250 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 6,7 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Mercedes C36 AMG, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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