Le bilan automobile 2025 - Manuel Cailliot : « Le péril jaune », les chinoises débarquent !
Journaliste chef de la rubrique occasion, mais aussi essayeur à ses heures, Manuel Cailliot vous livre son bilan 2025 : coups de cœur, coups de gueule, points de vue sur la déferlante chinoise, il dresse un portrait sans angélisme, entre optimisme espéré et pessimisme de circonstance.

Quelle est ta voiture coup de cœur cette année ?
Ahhhh, grande question, à laquelle il est aussi difficile de répondre qu’à celle « quel est ton film préféré ? ». En effet, difficile de faire LE choix, unique, parmi les 221 essais et prises en main réalisés par Caradisiac cette année 2025. Mais si à la fin, il ne doit en rester qu’une, je dirais : la nouvelle Mercedes CLA électrique (et sa version Shooting Brake), même si j’ai conclu mon essai en disant qu’elle ne tenait pas sa promesse d’autonomie.

Alors pourquoi ? Parce qu’elle arrive en réunissant tous les ingrédients ou presque de la voiture électrique idéale. Une nouvelle plateforme 800 volts qui permet de la recharge ultra-rapide, une aéro au poil qui lui permet de fendre l’air et d’afficher, grâce à une batterie à la capacité pourtant assez modeste aujourd’hui (85 kWh) une autonomie jusqu’à 791 km, une puissance confortable de 272 ch minimum, des performances plus que suffisantes, une boîte à deux rapports pour améliorer l’autonomie autoroutière, un équipement technologique dingue digne d’une précédente Classe S et même mieux encore.
Bref, un condensé de ce qui se fait de mieux, pour contrer à la fois Tesla et sa Model 3, et les modèles chinois qui arrivent avec des technos de dingue également. Bien sûr, elle est chère, peu habitable, voire bling-bling sur les bords.
Allez, fermez les yeux sur les trois ou quatre prochaines lignes… Car je ne peux m’empêcher de citer aussi le MG EHS Hybrid +, avec son rapport prix prestations de Dacia, qui m’a impressionné par son niveau de qualité, d’équipement et de prestations, pour un prix bradé. Ah et le Tesla Model Y Standard, aussi. Pour les mêmes raisons.
Quelle est la voiture qui t’a déçu ?

Plein ! Entre un Citroën C3 Aircross qui bugue, un Audi Q5 à la qualité de finition indigne de la marque ou un nouveau BMW X3 thermique dont les prix sont hors-sol, il y a eu de quoi être déçu.
Mais je retiens tout de même en tête de liste la Renault 5 Five, la nouvelle entrée de gamme du best-seller électrique du constructeur au losange. Tout simplement parce que malgré un prix évidemment, et heureusement plus mesuré qu’en haut de gamme, soit 24 990 €, elle fait l’impasse sur la charge rapide ! Et les clients, dont certains mal conseillés voire pas informés par les vendeurs, sont furax. Cela fait de la R5 une auto incapable de voyager, pas même une ou deux fois par an. La potentielle nomade devient sédentaire, et on pourrait paraphraser Bourvil en disant : « Ah bah maintenant, elle va marcher beaucoup moins loin »…
Quels modèles 2026 attends-tu avec impatience ?

Au risque de manquer d’originalité, je citerai moi aussi, comme plusieurs de mes collègues, le Renault Twingo. Découverte en statique, elle m’a instantanément tapé dans l’œil. Références à la première génération, bouille d’amour, coloris pop, astuces pratiques, dont une banquette coulissante qui faisait défaut à la précédente génération, et prix d’attaque à 19 490 €. Elle coche beaucoup de bonnes cases. Il faut bien sûr que l’essai soit transformé, volant en main. Et il faudra absolument cocher l’option « charge rapide » au risque de tomber dans le même travers que la R5 Five (500 €, pour info…).
Mais avec elle, et si l’on tient compte des aides à l’achat pour un VE, qui viennent d’être augmentées (jusqu’à 5 700 €), on tient enfin la voiture électrique française abordable qu’on a tant attendue.
Dans l’actualité auto, qu’est-ce qui t’a le plus agacé ?

Le fait qu’encore et toujours, on tape sur l’automobiliste. Scoop, ça n’a pas changé en 2025. On n’a rien assoupli, aucun retour en arrière à l’horizon. Les primes d’assurance augmentent, le prix des pièces, des réparations et de l’entretien augmente, on redéploie à nouveau des radars mobiles mobiles, des radars de bruits, on discute à nouveau de radars qui sanctionnent le non-respect des distances de sécurité, alors qu’il n’y a rien de plus compliqué à sanctionner (quid de celui qui viendra se rabattre juste devant votre capot au niveau du radar ?). Mais encore, on augmente les malus déjà iniques et contre-productifs pour les ventes et les rentrées d’argent, on augmente le malus au poids, et on l’applique même aux VE non écoscorés, on fait sauter l’année prochaine le non-cumul entre malus écologique et malus au poids. Et on a triplé les tarifs de stationnement parisiens pour les « SUV », en fait tous les véhicules lourds (spoil, je suis touché personnellement).
Bref, la seule bonne nouvelle est le prix des carburants qui s’est adouci, mais vous savez quoi ? Les pétroliers vont subir une augmentation de coût des certificats d’économie d’énergie (primes CEE), qu’ils vont répercuter sans aucun doute au client automobiliste, dès début 2026… L’automobiliste, encore et toujours vache à lait, et ce n’est pas près de changer.
Quand passeras-tu à l’électrique ?
Très bonne question. Jusqu’à début 2025, je ne pouvais pas, le parking souterrain de mon immeuble n’était pas encore équipé, ou plus exactement « possiblement équipé sur demande ». Aujourd’hui c’est le cas, alors c’est une option qui est désormais ouverte. Donc j’y réfléchirai pour mon prochain achat. Pourquoi pas une Model 3 Performance ?
Toutefois, mon affection pour les moteurs gavés de cylindres, de chevaux et mélodieux aux oreilles reste intacte, alors… c’est dur ! Le chant de sirène d’un V8 américain parvient depuis quelque temps à mes oreilles.
Les voitures chinoises, une source d’inquiétude ?
Je vous ramène ici au titre de ce bilan : le péril jaune. Cette doctrine du 19e siècle affirmait qu’il fallait avoir peur du « danger que les peuples d’Asie surpassent les Blancs et gouvernent le monde ». Elle est remise au goût du jour, en tout cas dans le domaine de l’industrie automobile !

Est-ce une source d’inquiétude ? Sous-entendu, est-ce que cela va changer ma vie ? Pas vraiment, pas fondamentalement. Mais pour l’industrie automobile européenne, c’est à mon sens un vrai danger. Les marques chinoises ont mis un peu de temps, mais elles inondent désormais le marché de produits aboutis, technologiques, autonomes, connectés, et au design que ne renieraient pas les plus installées des marques « de chez nous », Volkswagen en tête, ou les Coréennes.
Elles vont sans aucun doute prendre des parts de marché. Jusqu’à quel point ? Mystère. Mais les marques japonaises ont montré le chemin. Elles ont commencé petit (on avait même défini des quotas, souvenez-vous), et occupent aujourd’hui une place aussi enviable qu’incontournable. Pour moi les marques chinoises d’aujourd’hui sont les Japonaises des années 90.
Du point de vue de l’industrie donc, une source d’inquiétude. Mais pour les clients ? De leur côté, ils voient arriver des modèles électriques et hybrides, les seuls qui ont un avenir en Europe, qui cassent les prix (pas autant qu’attendu mais tout de même), et qui surpassent beaucoup de produits européens en matière de vitesse de charge, d’équipement, de conduite autonome.
Alors pour les moins chauvins d’entre nous, c’est au contraire plutôt une bonne nouvelle. Et cela va aiguillonner, à n’en pas douter, nos constructeurs, et les pousser à s’aligner. Les marques chinoises sont à l’automobile ce que Free fut pour Internet au début du 21e siècle.
Le made in France a-t-il encore un avenir ?

Oui, mais probablement pour les produits à forte valeur ajoutée. Les R5, Mégane, Scénic, R4 sont déjà fabriqués en France, à Douai ou Maubeuge, mais affichent des prix élevés. La future Twingo, elle, sortira d’une usine slovène. Car oui, il faut contenir ses prix pour tenir la promesse de « moins de 20 000 € ». Et la nouvelle Clio et ses tarifs étonnamment contenus sort de chaîne en Turquie, à Bursa.
Les E-308, E-3008, E-5008, E-408 et leurs équivalents thermiques sont fabriquées aussi en France, à Mulhouse, à des tarifs loin d’être amicaux. Mais la E-208 est fabriquée en Slovaquie ou en Espagne…
Donc pour les produits à plus faible marge, le made in France, c’est déjà mort et enterré. Il n’y a aucun indice qui laisserait penser qu’un retour en arrière soit possible. À moins que l’État français, comme le fait la Chine se mette à subventionner lourdement la production sur le sol national. Qui a dit « tu rêves » ?
Les Kei Cars arriveront-elles un jour ?

Rien n’est moins sûr. Du moins pas sous la forme sous laquelle elles existent au Japon. En effet, elles obéissent à des normes beaucoup moins strictes que les normes européennes. Et devinez quoi ? On n’a JAMAIS vu un pays revenir en arrière sur des normes établies. À moins de créer une nouvelle catégorie de toutes pièces.
Mais justement, pourquoi ne pas envisager de corser un peu les normes sur les quadricycles lourds, sans excès, de façon à les sécuriser sans faire exploser leur coût, et leur permettre de rouler à 90 ou 100 km/h. Cela permettrait peut-être d’avoir l’équivalent à quatre roues, plus sûr, des scooters 125, pour moins de 12 000 €, par exemple ?
Ton souhait auto pour 2026 ?
Une pause dans le matraquage répressif sur la route, dont on constate qu’il n’a plus d’effet sur la mortalité routière depuis plus de 10 ans. Et un développement de la prévention, un déploiement de moyens bien plus considérables contre l’alcool et la drogue au volant qui sont des fléaux. Je suis personnellement pour la tolérance 0. Car c’est ne n’est pas tant l’automobile qui tue, mais la bêtise ou l’irresponsabilité d’une minorité.
Par ailleurs, je suis fervent partisan d’une amélioration globale drastique de la fiabilité des voitures, aussi bien mécaniquement que pour l’électronique. Trop de possesseurs se retrouvent face à des situations dramatiques, d’abord sur la route avec les pannes ou dysfonctionnements des aides à la conduite, puis en concession avec des factures pas toujours assumées par les vrais responsables : les constructeurs.
Une route déserte rien que pour toi et n’importe quelle voiture : quelle route et quelle voiture choisis-tu ?
Seuls les initiés visualiseront et seront d’accord avec moi, mais la route qui relie Bourg-Saint-Maurice au barrage et lac de Roselend, la D902, en Alpine A110S. Elle alterne portions larges et roulantes avec sections étroites et sinueuses à souhait, dans un paysage magnifique, avec une arrivée avec vue sur le lac de barrage : grandiose. La plus sportive et agile des autos de la production tricolore y serait juste parfaite.

















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