Les bilans 2025 - Pierre-Olivier Marie - "La R5 Turbo 3E, symbole d’une France qui arrête de s’excuser d’exister."
Partisan d'un retour à des voitures plus simples et moins coûteuses, Pierre-Olivier fustige le double discours des constructeurs qui se plaignent de vendre moins et agitent l'épouvantail des constructeurs chinois tout en gonflant démesurément leurs tarifs.

Quelle est ta voiture coup de cœur cette année ?

Mes coups de cœur, ce sont toutes les petites voitures électriques accessibles déjà présentées ou à venir. La plus récente est la Renault Twingo, mais on citera aussi la Renault 5 (du moins en version Five, car ensuite les prix montent vite), les versions "à piles" des Fiat Panda et Citroën C3, ou bien encore la Hyundai Inster. J’ai aussi été séduit par le concept-car Dacia Hipster, ainsi que par le Elo récemment présenté par Citroën : 6 places dans 4 mètres de long, c’est sacrément prometteur et j’ai hâte de voir ce qu’un tel véhicule pourrait donner en série. C’est par les petites voitures que l’électrique pourra s’imposer, pas par des "tanks" à batterie de 100 kWh et aux tarifs inaccessibles.
Quelle est la voiture qui t’a déçu ?
J’attendais beaucoup du Dacia Bigster, et objectivement c’est une voiture qui propose un redoutable rapport prix/prestations. Pour avoir une offre comparable chez la concurrence, il faut rajouter 10 000 € sur la table. Imbattable, donc…mais au prix d’une ambiance "plastoc" comme je n’en avais plus vu depuis longtemps (je sens que ça va se déchaîner dans les commentaires).

Les matériaux de l’habitacle sont d’une présentation désolante, et deux mois après mon essai, j’ai encore en mémoire les frottements et cognements du bord extérieur de ma rotule droite sur le plastique dur de la console centrale. Or, même si le Bigster n’est "pas cher" par rapport à la concurrence, il coûte au minimum 25 000 €, ce qui reste une somme élevée pour nombre d’entre nous.
Quels modèles 2026 attends-tu avec impatience ?

Plusieurs modèles encore en gestation au sein du groupe Renault titillent ma curiosité. Il y a bien sûr la R5 Turbo 3E, dont l’existence même nous renvoie à une France encore ambitieuse, au tournant des années 70-80. C’est la France de la fusée Ariane, du TGV, ou du Minitel, la France qui fait rêver et regarde droit devant elle en arrêtant de s’excuser d’exister. Loué soit Renault de lancer un tel bolide, dont je veux croire qu’il offrira des sensations de conduite à la hauteur de son style diabolique. Au sein du groupe, je guetterai aussi avec attention les lancements de la Twingo et de sa cousine chez Dacia, au sujet de laquelle des bruits de couloir laissent imaginer un style plus carré, avec un fumet de Land Rover Defender, mais tout aussi séduisant. Chez Dacia, il est aussi question d’un break "SUV-isé", un peu dans l’esprit Audi Allroad, qui continuera de traduire la volonté de montée en gamme du constructeur roumain. Je suis curieux de découvrir l’accueil que lui réservera le public.
Dans l’actualité auto, qu’est-ce qui t’a le plus agacé?
La journée de la filière automobile, organisée le 4 novembre à La Villette, m’a laissé un sentiment mitigé. J’y ai entendu des industriels vent debout (pour la plupart d’entre eux) contre l’échéance d’électrification 2035, et employant un ton offensif assez inhabituel. L’intervention du Directeur général de Stellantis Antonio Filosa, mâchoire serrée et ton menaçant, m’a notamment donné l’impression de regarder un film de Scorcese. Or, comme évoqué plus haut, la filière automobile se meurt aussi de tarifs devenus complètement délirants, qui découragent les particuliers d’acheter des voitures neuves.

D’autant que les constructeurs, tout en chouinant sur les volumes de vente qui s’effondrent et faisant mine de s’inquiéter de l’offensive chinoise, se félicitent dans le même temps d’un "pricing power" qui gonfle leurs marges opérationnelles. Résultat, de nombreuses usines tournent au ralenti, l’âge moyen de l’acheteur de voiture neuve ne cesse d'augmente (54 ans en moyenne en France) et le parc automobile vieillit (11,5 ans), ce qui n’est pas bon pour la qualité de l’air. Je trouve qu’il y a beaucoup d’hypocrisie dans tous ces débats sur l’échéance 2035.
Quand passeras-tu à l'électrique?

J’y suis passé dès 2021 avec une Tesla Model Y que j’ai échangée contre une thermique l’hiver dernier (une BMW 320i Gran Turismo, pour répondre à la question que nous ne me posez pas). J’ai adoré chacun des 75 000 km faits avec mon électrique, mais force est de reconnaître que sur les trajets de 1 000 km par week-end qui sont souvent mon lot, le thermique réduit sensiblement les temps de parcours. Je passe donc un peu moins de temps sur la route, mais je dois maintenant composer avec un véhicule aux accélérations et reprises faméliques en comparaison de la Tesla, et qui me coûte bien plus cher en énergie comme en entretien. Bref, à chaque solution technologique ses avantages et inconvénients et j’avoue ne pas encore savoir de quel bois sera faite ma prochaine auto de pater familias. La seule certitude, c’est que la prochaine "deuxième voiture" de la maison, celle de tous les jours, sera bien une électrique. C'est une solution absolument imbattable au quotidien quand on a la possibilité de recharger à domicile.
Les voitures chinoises, une source d’inquiétude?

Comme c’est plus dans ma nature, je m’attache à voir le verre à moitié plein. Les constructeurs chinois forcent les européens à se démener sur leur offre de voitures électriques et c’est une excellente nouvelle car force est de reconnaître que ça roupillait depuis longtemps en ce domaine. Pourtant, je me souviens encore du discours de Carlos Ghosn en 2009 au salon de Francfort, quand il a lancé Renault sur l’électrique: le diagnostic était déjà parfaitement posé! Quoi que l’on pense du bonhomme, il avait une sacrée vista. Or, tout le monde n’était pas loin de crier au fou à l’époque, à commencer par les concurrents directs de Renault. Résultat, personne n’a bougé sur l’électrique jusqu’au jour où les autorités européennes s’en sont mêlées. Cet attentisme a ouvert un boulevard aux Chinois, qui proposent maintenant des produits de qualité et ne seront dangereux que pour les constructeurs qui n’auront pas fait le boulot.
Le made in France a-t-il encore un avenir?

Il y a un constructeur qui nous prouve que le made in France est une solution viable: c’est Toyota, avec ses Yaris et Yaris Cross assemblées à Valenciennes et qui figurent aux avant-postes des ventes en Europe. On peut aussi saluer les choix de Renault dont les usines de Douai et Maubeuge, qui produisent notamment les R5 et R4, tournent à plein régime. Les Peugeot 3008 et 5008 sont eux aussi des succès "made in France", et on souhaite le meilleur au Citroën C5 Aircross assemblé à Rennes. Il y a bien sûr de la place pour le Made in France, le tout est d’y fabriquer des modèles correspondant aux attentes du grand public.
Les Kei Cars arriveront-elles un jour?

Ces mini-citadines japonaises n’arriveront probablement pas telles quelles chez nous, mais je milite ardemment pour l’apparition de modèles électriques qui s’en inspirent directement. 4 places, dépourvus du superflu, légers et recyclables, ils seraient capable d’assurer tous les besoins du quotidien du 90% d’entre nous. Quoi qu’en disent les écolos les plus obtus, on ne peut pas se passer de voitures, alors faisons les simples, pratiques et accessibles.
Ton souhait auto pour 2026?
J’adorerais réaliser une traversée de la France en voiture autonome : programmer mon GPS à Paris et me faire conduire jusqu’à Biarritz sans autres interventions de ma part que celles consistant à brancher la voiture aux bornes de recharge.
Une route déserte rien que pour toi et n’importe quelle voiture: quel type de route et surtout quelle voiture choisis-tu?
Façon Diabolo et Satanas : une Alpine A110 et Paris pour moi tout seul, qui serait le plus beau circuit du monde. Départ en haut des Champs-Elysées, arrivée à la Concorde, puis les quais, la cour du Louvre, la montée à Montmartre pour un clin d’œil au célèbre film de Claude Lelouch, et pour finir direction le périphérique pour un tour à 200 km/h.
Sinon, plus réaliste et moins subversif: la route côtière entre les Sables d'Olonne et Talmont Saint-Hilaire par une aube ensoleillée, à 12 km/h de moyenne au volant d’un VW ID.Buzz. Et puisque vous m'avez fait l'honneur de me lire jusqu'ici, je profite de l'occasion qui m'est donnée pour vous souhaiter une excellente année 2026. Santé, prospérité et mobilité.
















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