Le marché de l'automobile souffre. Les réglementations diverses et variées le harcèle, les clients étranglés par une conjoncture morose qui fait du lendemain une dangereuse aventure se recroquevillent et comptent leurs sous. Et pourtant, la voiture statutaire au tarif ostentatoire se porte bien. Si l'on reste camper sur la vision d'un monde qu'un environnement gaulois cherche à nous persuader de son unique vérité, on ne peut qu'imaginer les voisins allemands en sorciers avisés. Par quelle espèce de magie noire ou de sulfureuses incantations arrivent-ils ainsi à nous faire cet incroyable pied de nez ? Car leur industrie automobile se porte bien et les primes au mérite vont tomber dans les usines. Nous parlons bien de nos voisins d'outre-Rhin, et non d'une espèce extra-terrestre.

 

Les chiffres sont là : Volkswagen a gagné, en articulant savamment ses douze marques, dont Audi, 21,9 milliards d'euros. Un bénéfice net appréciable qui s'explique notamment par l'intégration de Porsche qui affiche un  bénéfice opérationnel substantiel de 11,5 milliards d'euros. On se souviendra que le blason de Stuttgart ne fait pas dans la familiale de moyenne cylindrée low-cost.

 

Chez BMW on affiche 5,12 milliards d'euros de bénéfice net, en hausse de 4,4% par rapport à l'année précédente. Le chiffre d'affaires a progressé de 11,7% à 76,85 milliards. Des résultats qui ne font pas rougir l'étoile de Mercedes dont les comptes sont aussi au vert. Avec une telle conjoncture sous les yeux, le président du comité d'entreprise du groupe VAG, Bernd Osterloh, a beau jeu de déclarer : "Certains dans la branche se battent pour leur survie. Chez Volkswagen, au contraire, il y a malgré la crise des ventes en Europe de l'Ouest et du Sud une prime de résultat. Cela nous montre que chez Volkswagen, l'implication paie."

 

Prime au résultat ? En effet, M. Winterkorn, le patron du clan de Wolfsburg touchera 14,5 millions d'euros pour 2012. Mais ce n'est pas tout : Volkswagen versera 7 200 euros de prime à ses salariés - allemands, un détail qui n'en est pas un - Porsche va verser une super-prime de 7 600 euros à ses ouailles, BMW fera un chèque à ses ouvriers spécialisés de 7.650 euros tandis que Daimler fera une rallonge de 3.200 euros. D'un côté de la frontière, la déprime au licenciement, de l'autre, les primes au résultat représentant plus du double du salaire mensuel. Et tout ce beau monde doit faire face au même environnement économique !

 

Il faudra bien un jour que nos élites automobiles nous expliquent pourquoi elles n'arrivent pas à soutenir ainsi la comparaison. Il doit bien y avoir des raisons objectives et structurelles. A défaut, ce serait de l'incompétence et de la suffisance. On aimerait vraiment comprendre.