Le véhicule à propulsion électrique, c'est déjà demain. On ne parle plus des voiturettes qui parsèment des parcours de golf ou les parcs d'attraction, mais bien de voitures utilisables au quotidien par l'automobiliste lambda. Le marché commence à proposer de véritables berlines aux qualités routières certaines. Et pour les montrer à un grand public qui ne demande qu'à être de plus en plus convaincu au fur et à mesure qu'il voit grimper les prix à la pompe, rien ne vaut une bonne communication sur quelques événements. Hélas, même dans l'exposition, la sortie de route guette.


Prenez ainsi cette initiative d'un motivé salarié du losange qui a attiré l'attention des médias. Son idée de rejoindre La Rochelle en partant de Paris a pratiquement été conjuguée sur le thème de l'épopée, comme au bon vieux temps des croisières des chevrons du siècle dernier. Ce trajet inédit vise à démontrer auprès d'un large public la dimension nationale des véhicules électriques construits aujourd'hui et à ouvrir la voix aux prémices de développement des corridors électriques ont assuré les organisateurs, qui se sont félicités d'avoir parcouru la distance en pratiquement douze heures.


A ce rythme, ils auraient pu ajouter que plus c'est long, plus c'est bon, et on n'a pas été loin de la maxime lorsque le conducteur a assuré avoir redécouvert la zénitude au volant en parcourant tranquillement les routes secondaires. Un sentiment sans doute ressenti autrefois par nos aïeuls au volant de leur 4cv, mais, hélas, on a changé d'époque, et les impératifs, pour le meilleur et pour le pire, sont fondamentalement différents. Le romantisme c'est une chose, la dure réalité en est une autre. Au final, cette liaison n'a fait que démontrer l'incapacité de la voiture électrique moderne à assumer les responsabilités de son temps, à cause d'une autonomie trop faible.


Pour autant, faut-il, à cette aune, rejeter le concept ? Que nenni. La même ville de La Rochelle a été l'arrivée, dans la même semaine, d'un rallye ouvert aux seuls véhicules électriques. Là aussi, l'opportunité d'exposer ces engins bien sous tout rapport en terme d'habitabilité, d'équipements, de dynamique. Oui mais voilà. Le grand vainqueur de l'épreuve est un binôme au volant d'une Peugeot 106 revendiquant 166.000 au compteur. Et l'équipage ne s'est pas privé d'affirmer qu'avec une autonomie de 200 à 250 kms il n'a pas eu à alterner périodes de roulage et de charge.


Une voiture ancienne très solide sur laquelle a été greffée une batterie lithium plus performante. Bricolée dans un garage avec des amis, la 106 des nommés Antoine Allard et Frédéric Mallet n'a pas porté aux nues la propulsion électrique. Elle a conforté l'idée qu'on nous prend pour des benêts. Quoi ! On paye chez des Leaf, des Zoé, des Volts et autres modèles quand il est si facile de mettre des batteries dans une vieille caisse ? Pour 250 kms d'autonomie en plus ! Mais de qui se moque-t-on ? « Sans le lobby pétrolier, les fabricants auraient proposé des modèles électriques performants depuis longtemps » ont martelé les vainqueurs à l'arrivée. Oui, l'enfer est vraiment pavé de bonnes intentions.