En Indonésie en 2006, une Agence nationale pour le développement des biocarburants a été créé pour que les combustibles verts fournissent en 2025 17% des besoins énergétiques du pays. Pour le chef de cet organisme, Al Hilal Hamdi, "les biocarburants sont la solution miracle à de nombreux maux de l'Indonésie" : "J'estime que cinq à six millions d'hectares de plantations de biocarburants vont voir le jour dans les huit prochaines années, soit une superficie supérieure au Danemark. Cinq à six millions d'hectares de palmiers à huile, de jatropha et de manioc représentent quatre millions d'emplois. Nous aimerions réduire notre taux de chômage de 10,2% l'an dernier à 6% en 2009-2010. Au cours actuel, deux hectares d'huile de palme rapportent à leur exploitant 4 millions de roupies (environ 440 dollars) par mois tandis qu'un hectare de canne à sucre rapporte un montant annuel net de 12 à 14 millions de roupies. C'est un bon revenu pour les villageois où le salaire mensuel minimum est de 75 dollars."

Actuellement, l'investissement massif et étranger dans les plantations produisant des biocarburants serait une solution face aux problèmes de pauvreté et de chômage du pays. Pour le gouvernement de Jakarta, la première priorité est d'éradiquer grâce à ce programme le chômage et la pauvreté. Près de 40 millions d'Indonésiens vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Le gouvernement affirme avoir déjà reçu des promesses d'investissements équivalant à 17 milliards de dollars. Des firmes nationales et étrangères ont conclu en janvier 2007 des accords totalisant 12,4 milliards de dollars. La société publique chinoise China National Offshore Oil Corporation a signé le plus gros contrat, avec l'indonésienne PT SMART, une filiale du conglomérat Sinar Mas, et la société hongkongaise Hong Kong Energy (Holdings). L'Indonésie, pays long de 5 000 kilomètres, est sur le point de devenir le premier producteur mondial d'huile de palme. Il a pour objectif de développer d'autres essences : jatropha (surnommé "l'or vert du désert"), manioc, canne à sucre. Grâce à son climat équatorial plus ou moins humide, l'Indonésie peut devenir un des principaux exportateurs de carburants "verts". Le pays souhaite s'inspirer des exemples de la Malaisie ou du Brésil, un des premiers producteurs d'éthanol extrait de la canne à sucre : "Nous apprenons du Brésil. Quand le cours international de l'éthanol dépasse celui de l'essence, il exporte cette matière première et importe davantage d'essence. C'est un excellent modèle que nous allons copier en Indonésie" a déclaré Hamdi.

Mais les écologistes sont inquiets pour les forêts de l'archipel indonésien. Les ONG craignent aussi "que les questions environnementales soient reléguées au second plan. De nombreuses concessions accordées en théorie pour réaliser des plantations ne servent en fait qu'à raser des immenses forêts, laissées ensuite en friche." L'autre souci écologique : les émissions de CO2. D'après les résultats d'une étude de l'organisation néerlandaise Wetlands International, "les biocarburants peuvent davantage polluer que les énergies fossiles, en raison des effets secondaires de la transformation des sols due au drainage. La production d'huile de palme dans les plantations du Sud-Est asiatique dégrade de vastes régions de tourbières. Le dioxyde de carbone émis du fait de la dégradation (des tourbières) font qu'utiliser de l'huile de palme est nettement plus polluant que de brûler du pétrole ou du charbon."