Un projet destiné à bâtir le plus grand récif artificiel de pneus usagés sur fond marin a été lancé en 1972. La firme Goodyear affirmait alors que le récif floridien fournirait un abri pour les poissons et autres espèces marines et présentait les excellentes propriétés des pneus usagés comme matériau de récif. L'objectif du récif de pneus : élaborer un nouvel habitat marin et des sites de plongée alternatifs afin d'alléger la pression sur les récifs naturels et se débarrasser de pneus usagés encombrant les décharges. Mais 35 ans plus tard, c'est un désastre écologique et un échec cuisant : un "récif" de deux millions de pneus entassés sur le fond marin à deux kilomètres au large de Fort Lauderdale, en Floride ! Peu de vie marine est apparue et des pneus se sont libérés de leurs attaches de nylon et d'acier, se répandant au fond de l'océan sur une superficie équivalente à 31 stades de football... Certains se retrouvent sur les plages. Des milliers d'autres se sont coincés dans le récif naturel situé à proximité, bloquant la croissance des coraux et dévastant la vie marine. Ainsi, l'opération de nettoyage devrait durer jusqu'en 2010 et coûter à la Floride 3,4 millions de dollars (2,6 millions d'euros). Les pneus récupérés au large de Fort Lauderdale seront recyclés dans des projets routiers ou pour produire du combustible, selon Michael Sole, chef du département de Protection de l'environnement de Floride. Et il souligne : "Cela va être un énorme travail de les remonter tous."

Tous les récifs de pneus créés dans le monde ont rencontré ces problèmes. Jack Sobel, un chercheur de l'organisation Conservation des océans, a déclaré : "Ces dernières décennies, des récifs de pneus ont été érigés ailleurs dans le monde. Nous avons jeté des millions de pneus dans les océans. Je suis convaincu que les personnes qui faisaient la promotion des récifs artificiels de pneus étaient bien intentionnées et pensaient bien faire. Mais rétrospectivement, on comprend aujourd'hui que c'était une erreur. Contrairement aux grandes épaves de navire, les pneus sont trop légers et peuvent être emportés en cas de violentes tempêtes. La Virginie en a fait l'amère expérience. En 1998, l'ouragan Bonnie a dévasté un récif de pneus au large de l'Etat : les gommes ont dérivé vers le sud, finissant leur course sur des plages de Caroline du Nord. L'Indonésie et la Malaisie ont mené de vastes programmes de récifs de pneus dans les années 80 et commencent à en subir les effets indésirables. Aujourd'hui, la plupart des pays ont renoncé à cette pratique."

En effet, quel gâchis ces recifs !