La question peut se poser après que les négociations du cycle de Doha soient entrées dans leur dernière semaine. Cette discussion a pour objet de régir le commerce mondial et plus particulièrement de libéraliser les échanges mondiaux en établissant des tarifs douaniers entre pays avec le cortège d'exclusions, de dérogations et autres passe-droits qui vont généralement avec ce type d'accord.

Cette dernière semaine concernera plus particulièrement le secteur automobile puisque ce sont les droits de douane sur les produits industriels qui vont être débattus. Et là, les représentants des constructeurs automobiles regroupés au sein de l'ACEA hurlent pour éviter le sabordage.

En effet, si l'Europe accepte le texte en cours de discussion, elle s'apprête à ouvrir ses frontières aux constructeurs non-européens tout en ne s'assurant pas de la réciprocité de cette ouverture.

Le texte prévoit que 5 ans après la signature du contrat, les droits de douane européen baisseront à 4% contre 10% aujourd'hui ( ce qui représenterait une baisse de 500 à 800 euros sur le prix de véhicules coréens ou japonais) pendant que les pays émergents réduiront les leurs selon des coefficients particuliers avec application 10 ans après signature de l'accord.

Problème : une clause de flexibilité, sorte de joker, permet aux pays émergents de soustraire certains produits à cet accord. Cette clause autorise une exemption pour 12 à 14% des lignes tarifaires, qui correspondent chacune à un produit particulier. Résultat, si un pays le souhaite, il peut entièrement exclure l'automobile de ce deal.

L'Inde a déjà indiqué que ce serait son cas. Elle gardera donc ses taxes douanières de 105% sur les produits automobiles entrants chez elle mais bénéficiera de la baisse à 4% des taxes du marché européen ! La Thaïlande qui impose les produits à 80% réfléchit à cette hypothèse tandis que tous les regards se tournent vers la Chine.

Colère des constructeurs européens qui mettent en avant les investissements massifs qu'ils engagent actuellement pour s'adapter aux futures normes CO2 de la même Europe, qui luttent à armes inégales à cause de l'Euro fort et qui font face à une hausse du prix des matières premières et du pétrole sans précédent.

L'ACEA qui brandit la menace d'une baisse des exportations et d'une mise à mal des investissements et de l'emploi européen demande carrément le rejet du texte sur son volet industriel en attendant que des modifications soient apportées comme la suppression des pics tarifaires, l'allongement de la période de transition pour les pays développés, l'impossibilité d'exclure l'ensemble d'un secteur industriel par la grâce de la clause de flexibilité et la suppression des barrières douanières non tarifaires.

Le destin de certaines entreprises automobiles européennes est entre les mains de Peter Mandelson, le commissaire européen au commerce.

à suivre de près

via autoactu.com